Afficher clairement les règles pour réduire les abus en ligne : le projet semble naïf. Pourtant, c’est ce que veulent lancer deux universitaires américains, en partenariat avec Twitter, qui lutte encore et toujours contre les trolls qui gangrènent sa plateforme.

Le 6 avril dernier, les universitaires Susan Benesch and J. Nathan Matias — respectivement de Harvard et Princeton — ont publié leur projet d’étude en lien avec les abus en ligne sur Twitter. Cette recherche intervient alors que Twitter tente d’enrayer le phénomène du trolling, nuisant à l’expérience de ses utilisateurs comme l’a encore récemment démontré l’affaire Sam Hyde ou bien la « patrouille anti-troll » lancé par Amnesty International.

Des règles claires pour une meilleure expérience

Les deux universitaires, lucides, concèdent dès le début de leur billet que le problème des abus en ligne ne peut être réglé par la simple suppression méthodique de tels contenus, bien qu’il soit techniquement possible de la mettre en œuvre. «C’est comme rappeler des produits alimentaires impropres à la consommation sans s’assurer que la nouvelle production ne soit pas contaminée et vendue », écrivent-ils.

Les auteurs de la recherche décrivent celle-ci comme une « collaboration ouverte régie par un lot de contraintes légales, éthiques et scientifiques ». L’idée est simple : Twitter compte publier clairement les règles d’usage de sa plateforme dans l’espoir d’en améliorer la civilité.

« Les recherches ont montré que lorsque les plateformes publient clairement les règles, les gens ont plus tendance à les suivre. »

Cette idée est encouragée par les résultats obtenus par J. Nathan Matias auprès de la communauté Reddit, après que le plateforme a décidé de mettre en avant des règles claires dans sa section commentaires. « Les recherches ont montré que lorsque les plateformes publient clairement leurs règles, les gens ont plus tendance à les suivre », assurent-ils.

L’idée peine à convaincre, mais il faudra attendre quelques mois pour savoir connaître les premiers résultats. Jack Dorsey, le créateur de Twitter, a d’ores et déjà fait part du projet sur son compte personnel.

Quatre points essentiels

Bien qu’ils ne puissent décrire précisément de quelle manière sera mené le projet sans en compromettre les résultats, Susan Benesch et J. Nathan Matias mettent en avant les quatre aspects principaux de leur étude :

  • Indépendance : les universitaires assurent celle-ci vis-à-vis de Twitter en tant que base de leur étude.
  • Respect de la vie privée de l’utilisateur : Twitter fournira des informations anonymisées seulement. Aucun compte ni aucun tweet ne sera mentionné dans l’étude. Les chercheurs précisent bien avoir construit leur plan d’étude de manière à ne pas avoir besoin de noms ou d’informations personnelles.
  • Transparence et responsabilité : le plan d’étude a été approuvé par deux comités d’éthique universitaires et une application d’open science framework assurera la responsabilité de Twitter et des deux chercheurs.
  • Éthique : le consentement étant une problématique importante aux yeux des auteurs, ces derniers s’efforcent de mettre au point des moyens de conjuguer consentement et éthique concernant les études à grande échelle en ligne.

L’étude sera publiée à des fins universitaires et disponible au public. « Nous espérons que ce projet fournira un savoir pratique sur la prévention des abus en ligne et que notre méthode inspirera d’autres études transparentes et indépendantes sur des moyens de réduire ces abus ».


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