Le départ d’Alan Dye, visage du design chez Apple et membre de l’équipe design depuis 2006, est un coup dur pour le géant californien, qui voit de nombreuses pointures partir à la chaîne. Meta, qui ne cesse de déclarer la guerre à Apple depuis des années, est prêt à tout pour lui piquer ses meilleurs talents.

Dans un mail adressé au patron d’Adobe en 2005, Steve Jobs écrivait ces quelques mots devenus cultes : « Bruce, Adobe recrute chez Apple. Ils ont déjà embauché une personne et en contactent beaucoup d’autres. J’ai pour principe de ne pas recruter chez Adobe. On dirait que vous avez une politique différente. L’un de nous deux doit changer de politique. Dis-moi qui ».

Vingt ans plus tard, Tim Cook ferait bien de contacter Mark Zuckerberg. Le patron de Meta, qui voit en Apple une concurrente directe (la réciproque n’est pas vraie, au moins publiquement), fait tout pour devenir un géant du produit et du logiciel. « Zuck » critique régulièrement la politique d’Apple, milite auprès des autorités du monde entier pour casser son écosystème fermé, la concurrence directement dans l’informatique spatiale avec son casque Meta Quest et ses lunettes Meta Ray-Ban (il n’hésite pas à critiquer l’Apple Vision Pro) et veut faire comprendre à ses utilisateurs qu’Apple n’est plus ce que la société était. Mark Zuckerberg a une dent contre Apple, même si son discours est plein de contradiction — la dernière mise à jour des Meta Quest a copié par exemple l’interface de visionOS, qu’il critique pourtant.

Le 3 décembre 2025, Meta a peut-être réussi un de ses plus grands coups anti-Apple. Après avoir piqué de très nombreux ingénieurs IA à la marque de Cupertino, la maison mère de Facebook a annoncé recruter Alan Dye, la star du design chez Apple depuis le départ de Jony Ive. Apple n’avait pas connu de départ à la concurrence de cette importance depuis très longtemps.

Alan Dye était le visage du design chez Apple : la marque lui faisait confiance

Si le départ d’Alan Dye n’est pas vu comme une mauvaise chose par tout le monde (certains n’ont pas apprécié iOS 26 et le Liquid Glass), le problème est beaucoup plus profond.

Meta, une entreprise autrefois associée aux scandales, est devenue suffisamment intéressante pour attirer des talents comme Alan Dye à la tête d’une des équipes les plus importantes de la plus grande marque tech du monde.

« Les nombreuses personnes qui se réjouissent du départ d’Alan Dye d’Apple passent à côté de l’essentiel : il était le directeur du design chez Apple et part diriger le département design de ce qui est peut-être le principal concurrent d’Apple. Apple perd des collaborateurs de haut niveau comme cela ne lui était pas arrivé depuis 30 ans », analyse avec justesse Mark Gurman, journaliste spécialiste d’Apple pour Bloomberg,

Jusqu’à aujourd’hui, la méthode de Meta pour dénicher les meilleurs talents était son chéquier. Mark Zuckerberg signe des bonus d’embauche de 6 à 7 chiffres à chaque fois, pour assiéger Apple, OpenAI et Google.

Le cas d’Alan Dye est plus complexe. Un haut dirigeant d’Apple a-t-il besoin de cet argent, alors qu’il a déjà un des postes les plus prisés de la tech ? Le design est par nature dans l’ADN d’Apple : aucun designer tech ne rêve de mieux.

Avec l’arrivée d’Alan Dye, Meta envoie un message fort : il se transforme en un paradis pour les personnes qui souhaitent innover et tenter des choses. Une dynamique nouvelle, à un moment où les grands groupes comme Apple donnent l’impression d’être beaucoup plus prudents. Reste à savoir si cette dynamique tiendra sur le long terme ou si Meta, comme souvent par le passé, ne pense qu’à court terme.

Alan Dye pendant la keynote de la WWDC 2025 et l'annonce d'iOS 26.
Alan Dye pendant la keynote de la WWDC 2025 et l’annonce d’iOS 26. // Source : Apple

En débauchant Alan Dye, Meta récupère aussi plusieurs secrets d’Apple. On sait que la marque travaille sur des lunettes de réalité augmentée : un domaine sur lequel Meta a de l’avance. Les innovations d’Apple arriveront-elles chez Meta en avant-première ? On peut imaginer que les interfaces logicielles, aussi bien dans les applications que dans les casques/lunettes, prendront une trajectoire différente dans les prochains mois. Cela alors qu’Apple, qui vient de changer de direction, voit son principal architecte partir.

Dans l’équipe design d’Apple depuis 2006, Alan Dye est entré dans la lumière en 2019 au moment du départ de Jonathan Ive. Depuis quelques années, notamment en 2025 avec iOS 26, Apple le met en avant sur scène et lors d’événements avec les journalistes. Alan Dye représentait le nouveau design d’Apple, jusqu’à l’annonce de son départ chez Meta. Son remplaçant est Stephen Lemay selon Bloomberg, un designer moins connu du monde extérieur, mais présent à Cupertino depuis 1999.

Apple est en pleine restructuration : Tim Cook est un des derniers vétérans de son ère

Quelques jours avant Alan Dye, Apple annonçait le départ de John Giannandrea, son responsable de l’intelligence artificielle avec qui tout ne passait pas très bien. La marque a aussi perdu cette année Jeff Williams, son numéro 2, parti à la retraite. Deux visages de renom en plus de nombreux ingénieurs partis à la concurrence, souvent chez Meta.

Se pose alors une question : est-ce la fin de l’ère Tim Cook, alors que les rumeurs le disent sur le départ entre 2026 et 2027 ? Le patron d’Apple depuis 2011 a transformé l’entreprise en un monstre de puissance et en a fait une structure les plus respectées du monde entier. Mais les départs successifs laissent supposer des changements plus profonds : les prochains mois seront cruciaux pour Apple dans un contexte concurrentiel particulier, avec des Meta, Google et OpenAI toujours plus déterminés à le concurrencer sur tous ses domaines.

Source : Numerama

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