L’armée française avertit, « celui qui trouve les capteurs quantiques franchit une étape avec des applications militaires très fortes dans tous les domaines »

Intelligence artificielle, hypervélocité, mais aussi motorisation du système de combat aérien du futur (SCAF) : l’audition de Fabien Mandon, général d’armée aérienne et chef d’état-major des armées, par la commission des affaires étrangères et de la défense au Sénat, le 5 novembre 2025, a été l’occasion d’aborder quelques sujets d’avenir pour l’armée française.

Si le CEMA n’est pas nécessairement entré dans l’intimité des dossiers à chaque fois, il a cependant profité de sa prise de parole pour rappeler les enjeux associés et les investissements requis pour rester dans la course. Et parmi les points d’attention figure le quantique. Plus précisément, les senseurs — ou capteurs — quantiques.

Devant les sénateurs, Fabien Mandon s’est inscrit dans le sillage de la mise en garde faite par Sébastien Lecornu en juin, alors qu’il occupait encore le poste de ministre des Armées — celui-ci prévenait en effet que le quantique militaire « va sérieusement secouer », avec une magnitude semblable à celle du nucléaire ou de l’IA.

« Il faut investir dans le quantique », a ainsi insisté le général, prévenant que tout retard à ce niveau pourrait causer un sérieux déclassement stratégique. « Celui qui trouve les senseurs quantiques franchit une étape avec des applications militaires très fortes dans tous les domaines », a-t-il prévenu. On parle ici d’un « domaine de rupture. »

Avec ces capteurs quantiques, on pourra voir ce qui est invisible aujourd’hui

Sans entrer dans les détails, il a fait comprendre qu’un capteur de ce type « permet de voir des choses qu’on n’arriverait pas à voir aujourd’hui ». Comme quoi ? Aucun exemple particulier n’a été donné par le CEMA, mais parmi les défis que posent ces senseurs figure la crainte d’une mise à mal partielle de la dissuasion nucléaire.

En effet, des capteurs quantiques — on parle ici de gravimètres et de radars à photons intriqués — pourraient rendre détectables sous-marins et avions furtifs — ce qui constitue un sacré challenge pour les forces stratégiques qui misent justement sur la discrétion. C’est notamment le cas en France, aussi bien en mer que dans les airs.

Ainsi, le plan actuel consiste à « diluer » les sous-marins nucléaires lanceurs d’engins et les cacher dans les océans, pour qu’ils soient prêts à déclencher le feu atomique, sans craindre leur neutralisation surprise, avant qu’ils aient pu agir. Idem pour la chasse stratégique, qui finit son attaque par un raid à basse altitude, pour échapper aux radars.

Bonne nouvelle cependant : la France est sur le coup, a relevé Fabien Mandon : « On a des mathématiciens extraordinaires, on a des entreprises qui savent explorer ces voies-là ». La Direction générale de l’Armement (DGA) et l’Office national d’études et de recherches aérospatiales (ONERA) sont aussi sur le coup.

Concernant les capteurs quantiques, la DGA et l’ONERA planchent depuis des années sur un projet appelé GIRAFE par exemple (c’est un acronyme de Gravimètre Interférométrique de Recherche à Atomes Froids Embarquable). Des essais de mesures, en mer ou aéroportés, ou déjà eu lieu, et depuis, le prototype a évolué en GIRAFE 2.

« Pour investir dans ces domaines du numérique, il faut des calculateurs. Donc, là aussi, le ministère va faire un effort sur des supercalculateurs et le centre numérique de défense va bénéficier d’efforts importants », a fait savoir Fabien Mandon. Plusieurs annonces en ce sens avaient été faites en juin par Sébastien Lecornu. Il faut maintenant poursuivre l’effort.

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