Il ne navigue pas encore, et son cœur propulsif n’est pas encore prêt à exécuter ses premiers « battements ». Malgré tout, une étape vient d’être franchie le 25 septembre 2025, avec la soudure de la première tôle des enceintes de confinement qui contiendront les deux chaufferies nucléaires du porte-avions de nouvelle génération (PANG).
C’est un gros chantier : comme le note la direction générale de l’armement (DGA), chacun de ces caissons métalliques pèsera 1 300 tonnes, pour 14 mètres de haut et 13 mètres de diamètre. Il s’engage d’ailleurs bien plus tôt que la construction du futur porte-avions, qui doit débuter en 2031, pour une entrée en service prévue en 2038.
C’est également un plan au long cours. La décision originelle remonte à décembre 2020, quand le président de la République Emmanuel Macron a opté pour la propulsion nucléaire pour le PANG. Jusqu’alors, on connaissait la volonté du gouvernement de préparer un successeur au Charles de Gaulle, depuis deux ans, mais sans décision ferme sur la propulsion.

Le porte-avions de nouvelle génération — dont le nom final n’est pas encore connu — va donc, comme son prédécesseur, miser sur le nucléaire pour se déplacer et apporter l’énergie nécessaire à toutes les activités du bâtiment. Un choix technique, mais aussi politique, puisque cela vise aussi à conserver et à entretenir les compétences rares dans le nucléaire.
Le PANG étant un porte-avions de la démesure (à la pesée, il atteindra 77 700 tonnes, contre 42 500 tonnes pour le Charles), il n’était pas raisonnable de compter sur la génération actuelle de chaufferie qui repose sur un réacteur à eau pressurée K15 de 150 mégawatts (MW), et utilisé aussi sur les sous-marins nucléaires lanceurs d’engins (SNLE).
Une soif d’électricité inédite pour le PANG
Outre un tonnage presque deux fois plus important, il est attendu que le PANG affiche une vitesse de déplacement similaire au Charles de Gaulle (27 nœuds, soit environ 50 km/h). Par ailleurs, l’électrification du PANG sera plus importante, avec trois moteurs électriques de propulsion ainsi que trois catapultes électromagnétiques pour lancer drones et avions.
Ces deux chaufferies, fabriquées par TechnicAtome et Framatome, sous l’égide du Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA), passent donc à la génération K22, chacune devant fournir une puissance thermique comprise entre 220 et 230 MW (soit 440-460 MW en tout, contre 300 pour le Charles). C’est un bond de quasiment 50 %.
Sur un plan technique, le CEA rappelait en 2020 que la chaufferie K15 a un niveau comparable à celui des réacteurs civils de 3e génération, les réacteurs nucléaires à eau pressurisée (EPR). La chaleur issue de la fission de l’uranium sert à produire de la vapeur, qui actionne ensuite la rotation d’une turbine qui entraîne la propulsion et alimente le bâtiment en énergie.
Si les enceintes sont désormais en cours de construction, le chantier pour les chaufferies a débuté un an plus tôt, en mai 2024, avec la signature d’un contrat avec Naval Group — qui pilote le chantier du PANG aux Chantiers de l’Atlantique, à Saint-Nazaire. Les pièces pour les chaufferies sont forgées au Creusot, avant d’être livrées à Nantes-Indret et Cherbourg.

Les chaufferies, outre les exigences de puissance, doivent rester dans des dimensions assez compactes, même si le PANG est bien plus volumineux. La conception des réacteurs doit aussi permettre une navigation pendant dix ans avant l’arrêt technique majeur, séquence marquée notamment par le rechargement du combustible nucléaire.
La production des éléments de la propulsion nucléaire constitue l’un des segments les plus sensibles et les plus longs de la réalisation du PANG. La suite de la fabrication doit démarrer début 2030, avec la découpe des premières tôles. D’ici là, se posera aussi la question de se doter d’un second PANG, dans un contexte de réarmement mondial.
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