Les dinosaures, ces créatures préhistoriques, souvent connues comme gigantesques et monstrueuses, ont disparu depuis longtemps. Dans beaucoup de musées, les spectateurs peuvent admirer aujourd’hui les os de manière isolée ou dans des reconstitutions. Pour sa réouverture, le Muséum d’histoire naturelle du Havre va exposer le squelette d’un stégosaure, le Loricatosaurus priscus, non pas à plat, mais bien en 3 dimensions, debout sur ses pattes.
Alors, qui est ce spécimen au nom alambiqué ? Et comment se déroule une reconstruction d’une telle ampleur ? Petit tuto, avec les explications de Javier Párraga, paléontologue au Muséum d’histoire naturelle du Havre qui s’est occupé de ce chantier.
La petite histoire de ce dinosaure à travers la grande Histoire
Il y a seulement deux spécimens existants du Loricatosaurus priscus. L’un est anglais, et l’autre français. Le spécimen français a été retrouvé dans les années 1950, dans le Calvados, au milieu de sédiments marins. « Déjà, on a une première question : pourquoi on trouve des animaux terrestres dans des couches marines ? », souligne le paléontologue auprès de Numerama.
Il y a 165 millions d’années, soit à l’ère du Jurassique moyen (correspondant à l’époque du squelette), le niveau de l’océan était plus haut et l’Europe avait alors une configuration d’archipel. « La plaque européenne était un peu plus plongée dans l’océan, donc seuls les reliefs plus important comme la Bretagne, le massif Central ou le Pays de Galle, par exemple, ressortaient et formaient des îles, raconte Javier Parrága. Au fil des ans, il y a eu beaucoup de variations du niveau de la mer, ce qui fait que parfois les îles se sont connectées entre elles et cela a entrainé, parfois, des connexions faunistiques. » C’est ce qui expliquerait l’emplacement du Loricatosaurus priscus.
Reconstituer un squelette : une question de temps
Tout a commencé en 2019, avec l’arrivée de Javier Párraga au Muséum du Havre. Les os dormants depuis les années 1980 dans le musée, « la première chose mise en place a été la restauration du squelette car il était très abîmé », nous explique le paléontologue.
Déjà en 2020, il était prévu que le spécimen soit remonté à l’échelle pour être exposé. S’en sont donc suivis 4 voyages sur 5 ans pour analyser le squelette anglais et le comparer avec le modèle français. Javier Párraga s’est donc retrouvé à étudier les os autant du modèle anglais que du modèle français, en entier, l’un aidant à la compréhension et à la reconstitution de l’autre. Il a identifié et décrit les os présents pour comprendre l’anatomie de l’animal.
« Pour commencer, on connait les stégosaures. Il y a des spécialistes pour chaque type de vertébrés et même de dinosaures. On a des articles scientifiques qui paraissent à chaque fois qu’un nouveau stégosaure est découvert, car il faut alors le décrire en détail avec des photos des os, détaille le chef de chantier. On a des stégosaures en Chine, en Europe, en Afrique et en Amérique du Nord. Et, donc, avec toute cette bibliographique, même si les squelettes ne sont pas complets, on connait bien ce type d’animaux. »

Ensuite, en 2024, les os manquants ont été pris en charge par une société spécialisée, imprimés en 3 dimensions et peints afin de paraitre vraisemblables pour finalement, être délivrés cette année.
Les dernières étapes, qui se déroulent actuellement, consistent à travailler avec des socleurs. Une structure métallique a été posée pour soutenir les os et puis les reconstituer à la verticale. Enfin, une scénographe aide les chercheurs à décider des détails de la mise en scène finale du spécimen : par exemple, dans quelle vitrine l’installer, est-il est debout sur un podium, etc.
Quels sont les défis dans la reconstruction d’un dinosaure ?
En plus du temps — ici, quasiment 5 ans pour reconstruire le dinosaure –, de nombreuses autres difficultés se mettent en travers du chemin des scientifiques. Des os manquant à la taille du spécimen, les défis n’ont pas été des moindres, nous explique le scientifique.
« Pour moi, il y a eu 2 grosses contraintes. D’abord, il a fallu étudier les 2 spécimens dans des espaces géographiques séparés. Il était vraiment difficile de ne pas pouvoir mettre l’un à côté de l’autre les os pour les comparer », comme le raconte le paléontologue espagnol. Avant de poursuivre : « Ensuite, la deuxième difficulté a été de monter le squelette, car nous n’avions qu’un tiers du squelette au total. Maintenant, nous avons reconstitué à peu près la moitié du squelette. Il a aussi été délicat de décider commet l’exposer de la meilleure manière. Par exemple, on va le monter debout sans le crâne. »
Finalement, Javier Párraga explique qu’au moment de dessiner des représentations du spécimen qui sera nouvellement présenté au public, il essaye toujours de choisir des artistes « qui s’éloignent des caricatures. Ce que je veux montrer, c’est que les dinosaures ne sont pas des monstres, sinon justes des animaux comme les autres. »
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