Comme beaucoup, peut-être n’avez-vous pas toujours payé pour tous les logiciels que vous avez utilisés sur votre ordinateur. Peut-être n’avez-vous pas non plus eu une licence tout à fait licite pour Windows, et que, pour ne rien débourser, vous avez cherché sur Internet, dans la sphère warez, une clé d’activation qui pourrait faire l’affaire.
Peut-être que dans cette quête, vous avez fini par croiser la route de cette suite alphanumérique : FCKGW-RHQQ2-YXRKT-8TG6W-2B7Q8. Cela nécessitera peut-être un effort pour convoquer de lointains souvenirs, car cette clé circulait du temps de… Windows XP, l’un des plus célèbres et des plus appréciés O.S. de Microsoft. Lancé fin août 2001, il a cédé sa place à Vista en 2007, mais il a pu recevoir des patchs jusqu’en 2019 !
Il s’avère que cette clé à une histoire particulière, que vient de raconter sur X (ex-Twitter) Dave Plummer. Il connait bien le sujet : ancien de Microsoft, il a travaillé sur Windows. Il partage parfois des anecdotes sur son ancien travail. En 2024, il racontait par exemple la bourde qui a perduré trente ans durant dans l’outil de formatage de l’O.S (et qui a été enfin réglée).
FCKGW-RHQQ2-YXRKT-8TG6W-2B7Q8, la clé qui a causé des tracas à Microsoft
Dave Plummer avait donc aussi travaillé sur la première version du procédé d’activation des produits Windows (Windows Product Activation). Or, cette fameuse clé FCKGW-RHQQ2-YXRKT-8TG6W-2B7Q8 n’était pas vraiment un hack ingénieux permettant de gruger Microsoft. En fait, « c’était une fuite catastrophique », a-t-il reconnu le 8 octobre.
À l’époque, l’activation d’un produit Windows « fonctionnait en générant un identifiant matériel à partir de votre processeur, de votre mémoire vive et d’autres composants, puis en l’envoyant à Microsoft avec votre clé produit pour validation. Une clé non concordante ou suspecte signalait l’installation comme piratée », a-t-il rappelé.
Or, c’est là où FCKGW-RHQQ2-YXRKT-8TG6W-2B7Q8 est devenue très intéressante, car cette clé produit était placée sur liste blanche dans la logique d’activation de Windows XP. Il s’agissait d’une clé de licence en volume valide, c’est-à-dire, une clé d’entreprise autorisant l’installation de XP sans activer le produit auprès de Microsoft.
C’est ce que confirme Dave Plummer dans son récit : « Elle indiquait au système : ‘Licence de volume d’entreprise ; pas besoin de contacter le serveur.’ Pendant l’installation, les utilisateurs choisissaient l’option ‘Oui, j’ai une clé produit’, saisissaient le code, et le procédé d’activation de Windows… sautait simplement l’invite d’activation. »
Résultat des courses : XP démarrait normalement, sans restriction, avec toutes ses fonctionnalités et, surtout, sans minuteur indiquant à l’usager qu’il lui restait 30 jours pour correctement activer sa licence. Il n’y avait pas non plus de filigrane pénible à l’écran. On pouvait même gruger les premières vérifications de validation pour les mises à jour.
C’était parfait, ou presque. « Cette faille a permis aux pirates de distribuer des fichiers ISO [une image disque, NDLR] ‘pré-activés’, rendant XP aussi facile à ‘se procurer’ qu’une mixtape gratuite », a-t-il ajouté. En clair, des internautes se partageaient des copies d’un CD d’installation de XP avec la fameuse clé intégrée, pour pré-activer l’installation.
Cette clé avait figuré notamment dans une version piratée de XP partagée par le groupe devils0wn. Et cela, 35 jours avant la sortie grand public du système d’exploitation. Elle figure parmi les plus connues, en partie car une photo montrait la clé inscrite sur un CD enregistrable, avec XP gravé dessus. La provocation était maximale, car le cliché exposait aussi une publicité de Microsoft derrière, avec le décompte avant la sortie d’XP.
Aujourd’hui, selon Dave Plummer, il serait toujours possible de se servir de cette fameuse clé produit avec un vieux disque XP, à supposer qu’on puisse mettre la main dessus. Mais il prévient : du côté de Microsoft, les serveurs de validation ont été arrêtés voilà un bon moment, et la clé a depuis, bien sûr, été placée sur liste noire depuis août 2004.
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