Une étude sur les risques et protections pour les mineurs en ligne publiée le 25 septembre 2025 révèle que 62 % d’entre eux ont menti pour s’inscrire sur les réseaux sociaux. Et ce n’est pas le seul problème.

Les garde-fous sont-ils insuffisants ? L’étude « Protection des mineurs en ligne » publiée par l’Arcom le 25 septembre 2025 montre un bilan contrasté de la régulation numérique. Menée sur 2 000 mineurs entre 11 et 17 ans, elle révèle par exemple que 45 % des sondés estiment que les plateformes n’en font pas assez pour les protéger. Et ce malgré les dernières – et multiples – règles en vigueur en France (loi SREN, DSA, référentiel de vérification d’âge…).

Le système de vérification d’âge contourné

Depuis trois ans, la France et l’Union européenne ont considérablement renforcé leur arsenal juridique pour limiter l’exposition des mineurs aux contenus dangereux en ligne.

  • En 2022, l’Union européenne a adopté le Digital Services Act (DSA), qui interdit notamment la publicité ciblée pour les mineurs et impose aux grandes plateformes des obligations accrues de modération. Le règlement a commencé à s’appliquer en octobre de la même année.
  • En mai 2024, la France a promulgué la loi SREN (Sécuriser et réguler l’espace numérique), qui transpose certaines règles du DSA et confère de nouveaux pouvoirs à l’Arcom, notamment pour contrôler la vérification de l’âge.
  • En février 2025, un arrêté ministériel a visé spécifiquement les sites pornographiques les plus visités. Ils disposent désormais de trois mois pour déployer une vérification d’âge jugée à la fois efficace et respectueuse de la vie privée, sous peine de blocage.

Mais malgré ce durcissement réglementaire, les pratiques restent inchangées. Près de deux tiers des jeunes interrogés (62 %) reconnaissent avoir déjà menti sur leur âge pour s’inscrire sur une plateforme. La principale raison avancée : ils n’avaient pas encore l’âge minimum requis (65 %).

62%, soit près des deux tiers des sondés, admettent avoir « parfois menti » sur leur âge lors de leur inscription. // Source : Arcom
62 %, soit près des deux tiers des sondés, admettent avoir « parfois menti » sur leur âge lors de leur inscription. // Source : Arcom

Dans les faits, la vérification reste limitée à un simple champ « date de naissance » ou à une case à cocher « J’ai plus de 13 ans » (hors exceptions). Ces solutions sont évidemment faciles à contourner. Ainsi, 44 % des adolescents accèdent aux réseaux sociaux avant 13 ans. Et ça commence de plus en plus jeune : 22 % des enfants de 11 ans déclarent avoir utilisé un réseaux social avant leur 10eme anniversaire.

Quid de la vérification d’âge ? Selon l’étude, seuls 18 % des mineurs disent avoir déjà dû réellement prouver leur âge ou ont vu leur compte bloqué pour non-respect de la limite. Citée dans l’étude, une mineure de 14 ans admet avoir volé la carte d’identité de sa mère, puis lui avoir dit « Maman, fais
une photo pour voir comment tu vas vieillir »
pour l’utiliser et contourner la vérification d’âge.

Une exposition massive aux contenus inappropriés

L’étude montre aussi que l’exposition aux contenus pornographiques ou violents n’a pas seulement lieu via les sites spécialisés. Les réseaux sociaux – notamment TikTok, Instagram, X (ex-Twitter) – sont une porte d’entrée majeure. Cette exposition au risque a été évaluée dans l’étude au travers de 6 grandes catégories et de la fréquence de leur exposition. On retrouve : l’hyperconnexion, les contenus choquants, les défis dangereux, le cyberharcèlement, des adultes mal intentionnées et les arnaques.

Résultat : une majorité de mineurs sont confrontés à plusieurs formes de risques, en particulier l’hyperconnexion (88 %) et l’exposition à des contenus choquants (77 %). L’hyperconnexion est particulièrement ressentie sur TikTok, mais aussi sur Snapchat, Instagram, YouTube et même Facebook, selon l’étude.

On retrouve : l'hyperconnexion, les contenus choquants, les défis dangereux, le cyberharcèlement, des adultes mal intentionnées et les arnaques.  // Source : Arcom
On retrouve : l’hyperconnexion, les contenus choquants, les défis dangereux, le cyberharcèlement, des adultes mal intentionnées et les arnaques. // Source : Arcom

L’exposition aux contenus choquants s’accroît avec l’âge : 65 % des 11-12 ans déclarent en avoir déjà vu, contre 83 % des 15-17 ans. Un écart que l’Arcom attribue à la curiosité grandissante des adolescents, mais aussi à leur autonomie croissante dans leurs usages numériques.

Le sentiment de sécurité, lui, varie fortement selon les plateformes : WhatsApp (8,1/10), Pinterest (7,9/10) et YouTube (7,9/10) arrivent en tête. À l’inverse, X (6,5), Signal (6,4) et Telegram (6,1) ferment la marche, jugés moins protecteurs ou plus exposés aux dérives. « Sur Telegram, il y a juste des gens qui peuvent t’envoyer des vidéos bizarres », raconte Marc, 14 ans, en classe de Troisième.

Les plateformes restent incontournables

Quasiment tous les mineurs (99 %) utilisent aujourd’hui au moins une plateforme en ligne. Les services de vidéo comme YouTube arrivent en tête, suivis par les messageries instantanées (WhatsApp, Messenger) et les réseaux sociaux (TikTok, Instagram, Snapchat). Face à cette omniprésence, près de neuf parents sur dix déclarent avoir adopté un contrôle parental ou instauré un dialogue régulier avec leurs enfants pour les protéger.

Mais cela ne suffit pas : 45 % des jeunes estiment que les plateformes n’en font pas assez pour les protéger. « Il faudrait vraiment commencer la sensibilisation dès la primaire ou au début du collège, pas attendre le
lycée, parce que là c’est déjà tard »
, déclare une sondée de 16 ans.

45 % des jeunes estiment que les plateformes n'en font pas assez pour les protéger. // Source : Arcom
45 % des jeunes estiment que les plateformes n’en font pas assez pour les protéger. // Source : Arcom

« Les adolescents, se sentant parfois impuissants pour auto-réguler leurs usages, attendent des plateformes qu’elles mettent en place à la fois plus de contrôle et plus de sensibilisation », souligne le régulateur. Plus qu’un arsenal de lois, les adolescents attendent peut-être des plateformes qu’elles rendent leurs outils de protection visibles, simples et efficaces.

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