Nous sommes en octobre 2025, et la sphère vidéoludique scrute déjà les prétendants au titre de Game of the Year. Pendant que les projecteurs se braquent sur les blockbusters de l’année, Bandai Namco, lui, jette un regard complice dans le rétroviseur, à la recherche d’une de ses vieilles gloires à ressusciter. Et c’est au Prince que revient l’honneur de faire son grand retour, avec Once Upon A Katamari.

Derrière les jeux Katamari Damacy se cache l’imagination déjantée de Keita Takahashi, accompagné d’un groupe d’étudiantes et d’étudiants du Namco Digital Hollywood Game Laboratory, une école de création fondée par Namco. Le défi lancé par le créateur à ses élèves ? Inventer un jeu accessible, drôle et fun dès les premières secondes, sans exploser le budget.

Exercice brillamment réussi pour l’équipe qu’on devine surdosée au café, puisque le tout premier Katamari Damacy débarque en 2004 au Japon, puis aux États-Unis. Une sortie discrète, mais qui allait rouler sur les cœurs des joueuses et des joueurs à la recherche d’un titre à la fois original et complètement déjanté. S’ensuivent plusieurs suites et un culte planétaire pour le Prince et sa boule, devenue la mascotte officieuse de ces jeux inclassables qui ne rentrent dans aucune case.

C’est sans Keita Takahashi que s’opère le développement de Once Upon a Katamari, le tout nouvel épisode de la saga. La recette reste entre les mains de Namco et du studio Rengame, qui ne sacrifient ni le fun, ni le ton délicieusement décalé de la licence qui semble encore plus en roue libre que jamais. Alors, ce nouvel opus est-il aussi drôle, imprévisible et addictif que ses prédécesseurs ? La réponse, dans notre test.

Un jeu qui ne roule pas des mécaniques

Si vous découvrez la licence Katamari avec ce nouvel épisode, une chose ne vous aura pas échappé : Once Upon a Katamari est aux graphismes ce que Battlefield 6 est à la poésie. Autrement dit, on n’est pas là pour compter les polygones. Décors et personnages coupés à la serpe, couleurs criardes, effets de lumière sans lumière, textures détexturées, bref, rien ne va pour le meilleur des mondes en 3D.

Jeu : cette image provient-elle de Ghost of Yōtei ou de Once Upon a Katamari ? Vous avez 24 h pour répondre.  // Source : Namco
Jeu : cette image provient-elle de Ghost of Yōtei ou de Once Upon a Katamari ? Vous avez 24 h pour répondre. // Source : Capture PS5

Once Upon a Katamari peut faire mal à la tête comme un vieux jeu PlayStation 1 mal optimisé, joué sur un téléviseur cathodique 36 cm. Et pourtant, le mieux serait clairement l’ennemi du jeu. Namco le sait mieux qui quiconque : le concept de Katamari repose sur une simplicité candide qui n’aurait aucun sens sous Unreal Engine 5. Ainsi, le charme visuel bancal du jeu devient une véritable arme : il sert un gameplay solide — nous y reviendrons — mais surtout, il provoque le rire. Vous imaginez South Park animé par Pixar ? Non. Eh bien, c’est pareil pour les jeux Katamari, qui doivent conserver cette identité graphique simple, naïve et volontairement maladroite.

Tout est simple, mais parfaitement identifiable dans Once Upon a Katamari. // Source : Capture PS5
Tout est simple, mais parfaitement identifiable dans Once Upon a Katamari. // Source : Capture PS5

Plus concrètement, cette direction artistique permet non seulement au jeu d’être parfaitement fluide, mais aussi lisible… enfin, autant que possible. En pratique, c’est le chaos total et on ne comprend souvent strictement rien à ce qu’il se passe à l’écran, et c’est précisément ce qui rend l’expérience aussi jubilatoire. Vous allez subir, rire et beaucoup rouler dans Once Upon a Katamari, et quelque part, n’est-ce pas là la plus belle métaphore de la vie dans un jeu vidéo en 2025 ?

Un gameplay qui roule tout seul

Le jeu met en scène le Prince, petit bonhomme vert à tête de marteau, une fois de plus chargé de réparer l’univers après que son père — l’élégant, extravagant et beaucoup trop sexy Roi du Cosmos — a accidentellement pulvérisé les étoiles. Armé de votre katamari, une boule magique ultra-adhésive, vous devrez ramasser tout ce qui traîne pour reformer la voûte céleste, au travers de différentes époques, accessibles via votre machine à remonter le temps.

Le Roi du Cosmos est un brin narcissique. // Source : Capture PS5
Le Roi du Cosmos est un brin narcissique. // Source : Capture PS5

Dès lors, vous devrez sauter d’une époque à l’autre pour amalgamer différents objets du quotidien, animaux, personnes, véhicules, monuments, et créer la plus grosse boule possible en un minimum de temps. Le Prince se contrôle à l’aide des deux sticks analogiques et les gâchettes servent à prendre de la vitesse ou à utiliser des objets. Si le katamari est plus gros qu’un objet, il le ramasse ; s’il est plus petit, il rebondit dessus. C’est simple, un peu idiot, mais incroyablement addictif. À la manière de Vampire Survivors, le gameplay simpliste permet de se concentrer sur l’objectif, et une fois qu’on commence à vouloir tout ramasser, on ne s’arrête plus.

C’est simple, un peu idiot, mais incroyablement addictif.

Vous commencez la plupart des niveaux avec un katamari grand comme une balle de ping-pong, de quelques centimètres à peine de diamètre. Puis, progressivement, que ce soit au fil d’un stage ou de l’aventure, votre boule grossit. Une fois tous les crayons, makis et souris du niveau attrapés, vous passez à la vitesse supérieure : les chaises, les chats, puis les passants deviennent votre nouveau festin cosmique, jusqu’à ce que votre katamari de plusieurs mètres dévale à travers la ville, un sourire béat se dessinant sur votre visage.

D'ici deux minutes, je reviendrais attraper cette pauvre passante. // Source : Capture PS5
D’ici deux minutes, je reviendrais attraper cette pauvre passante. // Source : Capture PS5

Ce sentiment de puissance, quand on contrôle un katamari de plusieurs mètres de diamètre, est purement jouissif. Tellement, que peu de jeux peuvent se targuer de donner une telle impression de domination joyeuse et chaotique — à part peut-être Vampire Survivors, justement. Après plus de deux décennies, les équipes de Namco, épaulé par Rengame, savent comment gérer leur katamari, et proposent une courbe de progression parfaitement équilibrée, avec des niveaux qui deviennent plus riches et complexes avec le temps.

Cette proposition ne s’arrête évidemment pas à sa simple mécanique : elle s’enrichit de défis toujours plus loufoques et de variantes absurdes, certaines franchement tordantes. Un niveau vous demande, par exemple, de manipuler un katamari enflammé pour allumer un feu à l’autre bout de la carte en évitant soigneusement les flaques, sous peine d’extinction immédiate. Un autre remplace purement et simplement la boule par un garçon qu’il faut faire rouler sur des sushis pour le gaver jusqu’à ce qu’il rentre dans son costume. C’est très drôle, délicieusement stupide et particulièrement injouable : l’inertie du garçon étant catastrophique.

L'enroulage d'individus. Un concept aussi hilarant qu'injouable. // Source : Capture PS5
L’enroulage d’individus. Un concept aussi hilarant qu’injouable. // Source : Capture PS5

Once Upon a Katamari manie le second degré avec un talent certain et le rire surgit souvent là où on ne l’attend pas. Mention spéciale à ce niveau dans lequel vous devez enrouler différents philosophes célèbres, avec, pour seule récompense, l’une de leurs citations les plus connues. Le jeu vous met aussi bien souvent des bâtons dans les roues avec humour, et de la pire manière qui soit, comme lorsque les dialogues remplissent tout l’écran et vous empêchent d’y voir quoi que ce soit. Un clin d’oeil insuportable aux boîtes de dialogue du premier opus, involontairement envahissantes.

Vous ne voyez plus rien ? C'est normal. // Source : Capture PS5
Vous ne voyez plus rien ? C’est normal. // Source : Capture PS5

Une licence qui roule sa bosse depuis 20 ans

Votre vaisseau, véritable hub central, vous permet de voyager à travers différentes époques — autant d’excuses parfaites pour les développeurs de parsemer le jeu d’objets et de décors historiques, comme autant de références culturelles glissées pour titiller les amateurs de connaissances. Les chemins sont astucieusement aménagés pour guider le joueur à travers les niveaux, notamment vers les collectibles, certains indispensables à la progression, d’autres simplement là pour satisfaire les plus complétistes. L’ensemble permet de doser intelligemment la difficulté sans jamais frustrer.

Petite nouveauté bienvenue : des bonus temporaires viennent pimenter la partie. L’aimant aspire automatiquement les objets alentours, tandis que le radar signale les éléments les plus importants. Des gadgets simples, mais diablement efficaces. C’est également depuis votre vaisseau spatial que vous pouvez changer votre apparence, feuilleter le trombinoscope cosmique de vos cousins et cousines royaux, suivre votre progression, ou encore profiter de la bande-son du jeu. Et quelle bande-son ! Entre J-Rock survolté et Lo-Fi planante, chaque morceau donne envie de rouler un peu plus loin, juste pour le plaisir des oreilles.

L'aimant procure une satisfaction incroyable. // Source : Capture PS5
L’aimant procure une satisfaction incroyable. // Source : Capture PS5

Et si jamais vous commencez à tourner en rond (vous l’avez ?), vous pouvez toujours aller faire un tour dans le nouveau mode de jeu en ligne, sobrement intitulé Katamari Ball. Ici, vos talents de rouleur intergalactique sont mis à l’épreuve face à d’autres joueurs et joueuses du monde entier. Le principe ? Faire le plus gros katamari possible en un minimum de temps, tout en évitant de se faire percuter par les boules adverses. Un mode compétitif, chaotique et amusant, mais qui peut rapidement devenir lassant.

L'éditeur de Prince permet de personnaliser complètement son personnage. // Source : Capture PS5
L’éditeur de Cousins permet de personnaliser complètement son personnage. // Source : Capture PS5

L’envie de revenir sur Once Upon a Katamari se fera vite sentir tant l’enroulage d’objets est addictif. Porté par des dialogues finement écrits et délicieusement piquants, et par des visuels superbes lors des scènes d’exposition, il serait dommage de bouder son plaisir face à ce nouveau chapitre cosmique.

Certes, le jeu ne décrochera sans doute pas le titre de GOTY 2025, mais mérite d’être célébré pour ce qu’il est vraiment : un jeu d’une pureté rare, qui incarne l’essence même du jeu vidéo — simple, universel, et incroyablement fun. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si Katamari Damacy fait partie des rares jeux exposés au Museum of Modern Art de New York, aux côtés de Pac-Man : deux œuvres aux concepts minimalistes, mais intemporels.

Le verdict

Si Once Upon a Katamari fait figure d’OVNI dans le paysage vidéoludique actuel, c’est grâce à son concept unique et addictif. Diriger son katamari est un pur délice sensoriel, capable de rendre fou autant qu’il libère une dose massive de dopamine. Ce nouvel épisode condense tout ce qui fait le charme de la série : ses graphismes volontairement désuets, son humour absurde typiquement japonais, et cette légèreté rare. Parfait pour de courtes sessions, Once Upon a Katamari roule sur les mauvaises ondes et redonne le sourire à quiconque ose aller au-delà de sa drôle d’apparence. Un concept aussi simple qu’évident, qui renvoie le jeu vidéo à sa plus pure expression — loin des triple A qui empilent les idées avant même de les concrétiser. Comme Pong en son temps, sa mécanique unique, mais universelle, est un retour à la pureté vidéoludique, pour le plus grand bonheur des sens.
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