Denise Schindler est une cycliste allemande participant aux Jeux paralympiques de Rio. Sa particularité : elle se lance avec une prothèse en fibre carbone fabriquée par impression 3D. Cette technologie permet à son prothésiste d’améliorer rapidement et efficacement ses performances. Ce dernier a répondu aux questions de Numerama.

Pour les Jeux olympiques de Rio de Janeiro, les plus grands athlètes de la planète sont réunis afin de s’affronter dans une trentaine de sports différents. Il s’agit de l’un des événements les plus importants de l’année, suivi par des millions de personnes à travers le monde.

Comme à chaque édition, le pays hôte accueille aussi les Jeux paralympiques. Dans le cas du Brésil, cela se passera du 7 au 18 septembre prochains. Hélas moins médiatisés, ils sont pourtant l’occasion de voir à quel point l’être humain, à travers la pratique d’un sport, peut surpasser un handicap.

Mais pas seulement. C’est une belle opportunité de voir à quel point les technologies et la science avancent et sont mises en application.

Cette année, la compétitrice qui attire l’attention s’appelle Denise Schindler. Cette cycliste allemande, qui a perdu sa jambe droite à l’âge de deux ans, est en effet la toute première sportive à participer à la compétition avec une prothèse fabriquée grâce à l’impression 3D, en collaboration avec Autodesk, une entreprise spécialisée dans la conception et modélisation en 3D.

Denise Schindler

Denise Schindler pratique le cyclisme sur piste et sur route et s’est déjà constituée un palmarès. Elle est en effet médaillée d’argent des derniers Jeux paralympiques et a obtenu deux autres médailles lors des Championnats du monde. Cette année, elle visera la première place pour enfin décrocher l’or. Pour cela, elle peut compter sur une jambe en fibre de carbone aux multiples avantages, comme nous l’explique Paul Sohi, le designer de ladite jambe.

Le premier atout d’une prothèse imprimée en 3D par rapport à un produit fabriqué via des méthodes traditionnelles est le gain de temps. Effectivement, en temps normal, le processus de fabrication dure jusqu’à dix semaines (de la conception à la finalisation). « Cela ne prend que 48 heures avec une imprimante 3D, dont 23 heures d’impression », indique le prothésiste.

Cette rapidité permet, à terme, d’améliorer au maximum les performances de l’objet. En effet, tout au long de son entraînement, Denise peut gagner du muscle ou perdre du poids. Ce genre de changement peut avoir un impact sur la conception de la prothèse qu’il faut changer en fonction des retours de l’athlète. Or, si celle-ci observe un dysfonctionnement, le temps nécessaire pour régler le défaut est largement réduit grâce à l’impression 3D. Paul Sohi peut ainsi s’adapter rapidement et gagner en efficacité.

« C’est rapide et facile. Elle peut constamment me donner des informations pendant ses entraînements. Plus elle l’utilise, plus elle en comprend le fonctionnement et cela me permet de mieux savoir quelles modifications apporter », déclare Paul Sohi.

Les changements qu’il opère sont essentiellement dédiés à améliorer le confort et supprimer les zones de douleur même si celles-ci peuvent varier en fonction de l’effort. « Nous travaillons également sur l’aérodynamisme en changeant la forme.de l’objet pour augmenter ses performances », ajoute-t-il.
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D’autant plus que cela lui permet de travailler depuis n’importe où et, grâce au numérique, il n’a pas forcément besoin de se déplacer dans un atelier. Le prothésiste peut apporter les modifications même s’il n’est pas auprès de la cycliste. Un gros point positif.

L’autre avantage de taille est d’ordre financier. Le prothésiste estime à environ 12 000 euros le coût de fabrication traditionnelle en prenant en compte la conception du design, la main d’œuvre et le prix des matériaux. Ce tarif passe en dessous de 1 000 euros grâce à l’impression 3D — qui, toute seule, coûte environ 250 dollars. Grâce aux évolutions technologiques dans ce secteur, la qualité de production est la même assure Paul Sohi.

Plus qu’un handicap, c’est une opportunité pour devenir meilleur que ce que l’on était avant

L’utilisation d’une prothèse soulève une question intéressante : au fur des évolutions techniques, est-il possible que les sportifs des Jeux paralympiques surpassent un jour ceux des Jeux olympiques ? Pour Paul Sohi, la réponse est oui. « C’est déjà en train d’arriver. Par exemple, les mécanismes utilisés dans les prothèses pour coureur sont beaucoup plus développés et puissants qu’une jambe normale ».

En effet, le corps humain évolue moins rapidement que la technologie. Dans le sport de haut niveau, pour surpasser leurs limites physiques, de nombreux athlètes ont recours au dopage. Sauf que cette pratique, en plus d’être interdite, met aussi en danger la santé du sportif.

Tandis que l’impression 3D est amenée à se développer toujours plus, et devrait permettre l’amélioration inexorable des performances des prothèses qui ne cessent de gagner en légèreté et aérodynamisme, Paul Sohi estime qu’il ne faut plus percevoir cela comme un handicap mais plutôt comme « une opportunité pour devenir meilleur que ce que l’on était avant ».

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