C’est un message que vous avez peut-être vu en ouvrant Facebook ou Instagram ces dernières heures. Désormais, les deux réseaux sociaux — qui appartiennent au groupe Meta, également propriétaire de WhatsApp — se serviront de vos informations « pour développer et améliorer l’intelligence artificielle de Meta. »
La notification, affichée via les applications de Facebook et Instagram, a lieu alors que l’entreprise américaine met à jour sa politique de confidentialité. À la date du 24 mai, aux alentours de 10h, la rédaction de Numerama n’a pas constaté la présence de ce même message sur la version web des deux sites, ni vu une campagne de mailing pour prévenir plus largement les internautes.
« L’IA de Meta est notre éventail de fonctionnalités et d’expériences d’IA générative, comme les outils de création d’intelligence artificielle et Meta AI, ainsi que les modèles qui les alimentent », lit-on dans le message. Ce terrain de jeu, Meta a commencé à l’occuper sérieusement en 2023, avec la sortie de LlaMA et LlaMA 2, deux modèles de langage.
C’est toutefois au début 2024 que les choses se sont vraiment accélérées, avec la sortie de LlaMA 3 et, surtout, l’arrivée de Meta AI, un chatbot qui fonctionne comme ChatGPT ou Gemini. Cependant, le jour du lancement, il n’était pas encore disponible dans l’Union européenne, en raison des spécificités réglementaires européennes.
C’est en train de changer. Meta explique que « pour pouvoir vous proposer ces expériences », l’entreprise américaine va s’appuyer sur une base légale mal connue du règlement général sur la protection des données (RGPD) : l’intérêt légitime. Cela lui permet de ne pas solliciter le consentement des personnes au préalable.
Pour entraîner son IA générative, Meta a besoin d’un immense réservoir de données. Quoi de mieux que ses réseaux sociaux, qui ont des milliards de membres et des milliards et des milliards de contenus ? Des sites comme Facebook et Instagram sont des silos à données inespérés pour développer une IA générative capable d’imiter un humain.
Comment refuser que ses données servent à entraîner l’IA de Facebook
Pour autant, cela ne signifie pas que l’on ne peut pas s’y opposer. Le message de Meta confirme que vous pouvez refuser « la façon dont vos informations sont utilisées à ces fins [l’IA, ndlr]. Si votre opposition est prise en compte, elle sera appliquée à l’avenir. » Pour cela, les internautes doivent se signaler via le remplissage d’un formulaire.
Pour Facebook, les internautes doivent utiliser ce formulaire pour s’opposer à l’utilisation de leurs informations pour l’IA de Meta. Concernant Instagram, c’est un autre formulaire qu’il faut employer. Pour l’heure, seul le second est actif, selon nos constatations. Vous avez du temps : la nouvelle politique de confidentialité sera active à compter du 26 juin.
Quelles informations sont concernées ?
Meta indique dans l’un des deux formulaires que les contenus qui peuvent être récupérés pour servir de terrain d’entraînement incluent les :
- publications ;
- photos et leurs légendes ;
- les messages envoyés à une intelligence artificielle.
Dans sa politique de confidentialité, d’autres contenus sont signalés. Il y a :
- les commentaires ;
- les fichiers audio ;
- les messages envoyés à Meta ;
- les messages échangés avec des comptes professionnels ;
- les messages dans les fonctionnalités conçues pour être publiques ;
- certains contenus et métadonnées de messages.
À l’inverse, Meta affirme que « le contenu des messages privés que vous échangez avec vos proches » n’est pas utilisé. En somme, les échanges sur Messenger ne sont pas concernés. Depuis décembre 2023, ceux-ci sont en train d’être chiffrés de bout en bout. Instagram a aussi commencé à s’y mettre en 2021 via une option.
Il y a toutefois une limite à la portée du refus que vous opposerez : Meta identifie deux cas de figure où il y aura quelques trous dans la raquette. Si vous apparaissez sur une image prise par une autre personne et qui ne s’est opposée à cette exploitation, ou si on vous mentionne dans des publications ou des légendes, de la même façon.
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