Aujourd’hui, une voiture autonome est presque tout le temps connectée, mais une voiture connectée n’est pas forcément autonome. Qu’est-ce qui se cache derrière cette distinction ?

Nous écrivions pas plus tard que ce matin un article sur la remarque d’Edward Snowden lâchée sur Twitter à propos des voitures autonomes et de leur capacité à sauver des vies. Le lanceur d’alerte a raison et il existera peut-être un monde, un jour, dans lequel les accidents de voiture seront une expérience du passé, même si cela implique d’avoir des voitures suivies à la trace. Cela dit, un point a posé problème aussi bien dans les commentaires de l’article que sur Twitter : pourquoi dit-on qu’une voiture autonome est connectée ? Voici quelques éléments de réponse.

Tout d’abord, il faut noter qu’une voiture autonome n’a pas théoriquement besoin d’être connectée. L’autonomie d’une voiture n’est pas de la magie noire : c’est un assemblage de plusieurs capteurs qui travaillent de concert pour donner des informations à un ordinateur central qui aura la charge de les interpréter et de les répercuter sur les mouvements du véhicules. En d’autres termes, dans un petit kit de la voiture autonome, il vous faut grosso-modo des caméras, un sonar, des capteurs de vitesse et de proximité et un logiciel puissant pour analyser tout cela. Comme nous l’a montré le talentueux Geohot, il est possible, en étant très malin, de construire sa propre voiture autonome. 

Mais il y a un mais. En pratique, tous les constructeurs nous l’ont montré : ce qui va faire la différence notamment dans les problématiques de sécurité autour des véhicules autonomes, ce n’est pas l’informatique ou les capteurs, mais les données que les entreprises peuvent exploiter pour les améliorer. Si Tesla prend une longueur d’avance aujourd’hui sur la concurrence, c’est parce qu’elle possède déjà des centaines de milliers de données sur de la conduite réelle, sur route, de ses modèles.

Les données sont transmises en permanence et en temps réel, de manière anonyme, aux serveurs de l’entreprise

Dans le cas de Tesla, ces données sont transmises en permanence et en temps réel, de manière anonyme, aux serveurs de l’entreprise. Lors d’une conférence de presse en novembre dernier, Tesla nous avait montré tout l’enjeu de cette connexion par un exemple simple : si une Model S a une information erronée (prise par exemple à partir de données satellitaires) à propos de l’état d’une route, les capteurs de la voiture vont envoyer en temps réel des données au serveur de Tesla et donc à toutes les voitures.

Si la voiture entre par exemple sur une autoroute indiquée avec 2 voies de circulation dans un sens et qu’il s’agit en fait d’une autoroute à 3 voies de circulation, la caméra embarquée va s’en apercevoir et envoyer l’information. Cela permettra non seulement aux autres voitures connectées et autonomes d’ajuster leur trajet, mais aussi au système de localisation par GPS des autres Tesla de se mettre à jour et de considérer le trajet, peut-être, comme plus rapide.

Et cela peut être étendu à toutes les informations recueillies sur la route. Une voiture autonome prend un virage trop serré par rapport à ce qu’indiquaient les données déjà disponibles ? Elle va mettre à jour l’information et toutes celles qui suivent vont pouvoir prévoir ces ajustements en amont. Bien sûr, la voiture est capable de prendre la décision  d’ajuster son angle en temps réel, et c’est fort heureux, mais tout l’intérêt d’avoir une flotte de voitures autonomes connectées est de parfaire leurs algorithmes pour tendre vers la sécurité parfaite.

C’était d’ailleurs la remarque d’Elon Musk à propos de la voiture autonome de Geohot : entre cette voiture et celles que peuvent proposer Tesla ou Google, c’est toute la différence, dit-il, entre un produit sûr à 99 % et le même produit sûr à 99,9999 %. Toutes ces données de circulation transmises des voitures au constructeur sont ce qui sépare le 99 % du 99,9999 %… et c’est l’étape la plus difficile.

Dès lors, si une voiture autonome n’est pas théoriquement connectée, en pratique, la connexion est une nécessité absolue pour que l’industrie progresse. Et pour l’heure, aucun constructeur n’imagine se passer des données récoltées sur les routes par les voitures autonomes. Google récolte des données extrêmement précise sur chaque centimètre parcouru par ses voitures et simule les problèmes des dizaines de fois sur un logiciel pour les résoudre. General Motors souhaiterait même collecter des données en vue d’autonomiser sa flotte avant d’avoir des voitures autonomes.

Reste à ne pas confondre une voiture autonome et connectée et une voiture simplement connectée dans le but d’enrichir le tableau de bord avec des fonctions qui ont besoin d’un accès à Internet. Car non, une voiture connectée, elle, n’est pas forcément autonome.

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