Lancé discrètement en France en juillet, le programme Meta Verified permet d’obtenir un badge de certification sur Facebook ou Instagram en échange d’un abonnement mensuel. Un bon moyen pour le groupe de Mark Zuckerberg de gagner de l’argent, un excellent moyen pour les utilisateurs d’en perdre.

Comme Twitter, les réseaux sociaux de Meta se lancent dans la course à l’abonnement payant. Depuis le mois de juillet 2023, il est possible de s’abonner à Meta Verified en France, une formule payante qui permet d’obtenir un badge de vérification sur Facebook et Instagram. Le badge bleu était autrefois attribué aux personnes connues, il est désormais accessible pour tous, sans aucun moyen de distinguer une « vraie » personnalité d’une fausse.

En ouvrant Instagram le 12 juillet, j’ai reçu une notification qui me proposait de vérifier mon compte. En la touchant, Meta m’a demandé 16,99 euros par mois, en échange du badge bleu. J’ai décidé de jouer le jeu pour cet article, et j’ai déjà hâte de résilier.

Il est désormais possible de payer pour avoir le badge bleu, mais ce n’est pas seule option : voilà tout ce qu’il faut savoir pour obtenir la certification Instagram.

Évidemment, ce bandeau ne prévient pas qu'il s'agit d'un badge à 17 euros.
Évidemment, ce bandeau ne prévient pas qu’il s’agit d’un badge à 17 euros. // Source : Capture Numerama

La différence avec Twitter : une vraie vérification d’identité

16,99 euros par mois pour un badge bleu sur Instagram ? C’est un peu cher, non ? Le pire est que Meta commercialise la certification sur Facebook séparément, ce qui veut dire qu’il faut payer deux fois pour être vérifié sur les deux réseaux sociaux (34 euros donc). On peut obtenir une réduction en s’abonnant sur le site web de Meta, où l’abonnement Verified est proposé au tarif de 13,99 euros par mois (28 euros les deux comptes, donc), mais je n’avais pas envie d’entrer mes informations bancaires sur un nouveau site. Cette différence de prix s’explique par le fait que les applications partagent 30 % de leurs revenus avec Apple ou Google, qui s’occupent de gérer la transaction à la place de Meta.

Une fois abonné, Meta m’a demandé de vérifier que mon nom était authentique (les pseudonymes sont interdits). Instagram m’a aussi demandé de changer ma photo de profil, pour que ses modérateurs voient mon visage de face. Enfin, j’ai dû prendre en photo ma carte d’identité deux fois, une différence fondamentale entre Twitter Blue et Meta Verified. Facebook et Instagram ne donnent des badges bleus qu’à de vraies personnes, avec un contrôle humain promis.

L'inscription à Meta Verified, pour un compte Instagram.
L’inscription à Meta Verified, pour un compte Instagram. // Source : Captures Numerama

Bien sûr, on peut imaginer qu’il est plus ou moins facile de passer entre les mailles du filet. Il n’a fallu que 2 heures à Meta pour vérifier mon compte, alors que Twitter attend 10 jours, sans vérification de l’identité (d’où les milliers de faux comptes vérifiés depuis l’arrivée d’Elon Musk). Cette rapidité d’exécution est étonnante, mais cool quand on vient de lâcher l’équivalent d’un abonnement Netflix Premium dans un badge.

En forçant la vérification d’identité, Meta a trouvé le moyen parfait de justifier l’existence de son abonnement payant. Là où Twitter assume de créer du désordre pour gagner de l’argent, Instagram et Facebook prétendent que leur formule payante permet de limiter les usurpations d’identité, en permettant à des personnes de prouver qu’il s’agit bien d’elles, tout en finançant la plateforme. C’est malin, mais digérer 17 euros mensuels de dépense n’est pas facile. Surtout pour aussi peu de différences.

Nouvelle photo de profil, Nicolas au lieu de Nico et carte d'identité… Le processus pour être vérifié.
Nouvelle photo de profil, Nicolas au lieu de Nico et carte d’identité… Le processus pour être vérifié. // Source : Captures Numerama

Autre précision importante : les personnalités vérifiées gratuitement resteront vérifiées. Meta ne veut pas faire passer tout le monde à la caisse, comme Twitter.

17 euros pour un badge : c’est honteux

À 17 euros, la logique voudrait qu’Instagram ne se contente pas d’un badge bleu.

Au risque de vous décevoir : l’abonnement Meta Verified est un des pires rapports qualité-prix qu’il m’ait été donné de voir. Malgré son prix très élevé, et sa limitation à un réseau social à la fois, Meta Verified ne sublime même pas l’expérience Instagram. Les seules choses que j’ai gagnées sont : deux stickers pour les stories, qui n’ont même pas de lien avec le badge bleu…

En allant sur Instagram, j'ai remarqué que mon badge bleu était apparu. Il y avait aussi une petite notification pour m'informer de la validation de mon identité.
En allant sur Instagram, j’ai remarqué que mon badge bleu était apparu. Il y avait aussi une petite notification pour m’informer de la validation de mon identité. // Source : Numerama

L’autre proposition mise en avant par Meta est un service client VIP, avec des humains. Un moyen de reconnaître que son service client actuel laisse à désirer ? Je n’ai pas eu l’occasion de l’utiliser, mais je ne pense pas qu’un service devrait demander à ses clients de payer pour de l’aide.

À 17 euros avec un paiement unique, même plus, payer pour être vérifié ne m’aurait pas dérangé. Prouver mon identité sur un réseau social n’est pas forcément une mauvaise idée, surtout en 2023. Mais à 17 euros par mois, Meta se doit d’offrir beaucoup plus. En l’état, je ne fais que jeter 17 euros par mois, en échange d’un badge bleu pour gonfler mon ego. C’est le principe même de l’abonnement qui me dérange. Même à 2 euros par mois, j’aurais du mal à accepter le fait de payer pour un badge bleu. L’achat unique, bien que moins rémunérateur, semble une bien meilleure idée.

J’ai reçu des félicitations de mes amis

À titre anecdotique, je voulais vous partager un drôle de phénomène que j’ai observé pendant ces quelques jours certifié : mes amis sont fiers de moi. « Bravo pour ton badge bleu », « t’es une célébrité mon cousin », « Ooohhh trop bien t’es certifié »… J’ai vraiment reçu ces messages ces trois derniers jours, de proches a priori contentes que mon travail de journaliste soit suffisamment reconnu pour obtenir un badge bleu. Toutes étaient déçues quand je leur ai dit qu’il s’agissait d’un badge payant, mais on ne peut pas toujours plaire.

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