Lancée sans doute trop rapidement le 7 février, la version de Bing dopée à ChatGPT n’était pas compatible avec les smartphones. Microsoft vient de corriger le problème, mais le moment choisi pour ce lancement n’est pas idéal.

Dans un billet de blog paru le 22 février, Microsoft annonce le déploiement du nouveau Bing sur mobile, avec un mode vocal, après l’avoir limité au navigateur Edge sur PC et Mac dans un premier temps. Un changement bienvenu alors que la plupart des recherches sur le web se font depuis un smartphone (64 %, selon Microsoft), mais un timing assez étrange au vu des nombreuses polémiques autour de Bing ChatGPT. En effet, depuis le 17 février, l’agent conversationnel est complètement bridé et refuse de répondre à la plupart des questions. Pas terrible pour marquer les esprits sur l’efficacité de l’outil.

Bing peut-il remplacer Siri et Google Assistant ?

Avec ce déploiement, Microsoft a sans doute en tête le souhait de calmer les critiques, qui déplorent les mensonges du nouveau Bing, trop souvent agressif et moqueur. L’entreprise profite de son communiqué de presse pour annoncer qu’un million de personnes ont accès au nouveau Bing dans plus de 169 pays, tout en insistant sur le degré de satisfaction — plus de 71 % — des testeurs.

La nouveauté du 22 février est l’ajout du nouveau Bing aux applications Edge et Bing, disponibles sur iOS et Android. Une nouvelle fois, Microsoft prive les utilisateurs de Safari ou de Chrome de son IA, alors que ChatGPT fonctionne sur tous les appareils. Son but est de gonfler artificiellement les téléchargements de ses applications, même si la méthode est contestable. Il est possible de contourner la limite sur ordinateur (en changeant l’agent utilisateur de son ordinateur), mais c’est impossible sur mobile.

Voici Bing sur mobile. Ça ne marche pas dans Safari, mais on peut télécharger l'appli Bing. // Source : Numerama
Voici Bing sur mobile. Ça ne marche pas dans Safari, mais on peut télécharger l’appli Bing. // Source : Numerama

L’une des évolutions majeures est l’arrivée d’un mode voix, qui permet de discuter avec Bing en parlant, comme on le ferait avec Siri ou Google Assistant. Un petit bouton en forme de micro permet de parler, l’IA répond ensuite avec une voix de synthèse (féminine, si vous vous posez la question). Compte tenu de sa capacité inouïe à créer des réponses cohérentes, malgré les restrictions, difficile de ne pas être séduit par cette possibilité.

Un premier essai très décevant

Évidemment, Numerama a essayé le nouveau Bing sur mobile. Le résultat est très frustrant :

  • L’application, tout d’abord, manque de fluidité. Tout semble lent dans Bing, même toucher une réponse semble provoquer une latence.
  • Le lancement du contrôle vocal met aussi plusieurs secondes, puis s’interrompt souvent avant la fin de la première question.
  • Bing lit le début de sa réponse, puis s’arrête, puis la reprend, puis s’arrête…
  • Nous avons été parfois obligés de répondre avec le clavier, puisque la fonction voix ne marchait plus.
  • Enfin, nous avons eu les mêmes problèmes que sur ordinateur depuis le début des restrictions, à savoir Bing qui refuse de répondre dès qu’on lui demande quelque chose d’un peu compliqué pour éviter de déraper.
Le contrôle vocal est beaucoup moins rapide et correct que chez Apple ou Google.
Le contrôle vocal est beaucoup moins rapide et correct que chez Apple ou Google.

Bref, Microsoft semble une nouvelle fois être allé trop vite. Comment le créateur de Windows et d’Office peut-il lancer des logiciels aussi peu finis ?

Bing débarque aussi dans Skype

Grâce à sa collaboration avec OpenAI, Microsoft semble s’être mis en tête de booster l’audience de toutes ses applications sur le déclin. Après Bing, au tour de Skype d’accueillir ChatGPT. En appelant @Bing dans une conversation, on pourra bientôt poser une question au robot. C’est aussi séduisant, mais Skype est beaucoup moins utilisé que WhatsApp ou Messenger.

En attendant de corriger les problèmes qui ont rendu le premier Bing fou, Microsoft peut-il réussir à recréer de l’envie avec l’arrivée de cette version mobile ? Espérons-le pour lui, mais tout laisse désormais penser que le géant du logiciel avance sans vraiment savoir où il va. De son côté, Google dit vouloir prendre le temps. Difficile de lui donner tort.

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