À 469 euros, le Nothing Phone(1) est un smartphone difficilement critiquable. Le premier-né des anciens de OnePlus mise sur la différence pour séduire, avec un dos transparent et des bandes lumineuses. Un premier essai réussi, malgré d’inévitables défauts de jeunesse.

Que penser de Nothing ? Lancée en 2021, cette startup a réussi l’exploit de faire parler d’elle continuellement en ne faisant quasiment rien, preuve qu’elle porte très bien son nom. Bien sûr, Nothing a toujours su qu’à un moment donné, elle allait devoir prouver au monde que sa surmédiatisation n’était pas volée. Ses premiers écouteurs ear(1) ont rassuré, mais Nothing a toujours assumé le fait que le smartphone serait son vrai départ.

La marque, fondée par le cofondateur de OnePlus, parti avec d’autres dissidents du constructeur chinois, est basée à Londres. Lors d’une interview à Numerama, Carl Pei nous expliquait en juillet 2022 que la survie de son entreprise n’était possible qu’à condition que « chaque produit soit un succès ». Nous avons testé le Nothing phone(1), premier smartphone du dernier entrant sur le marché du smartphone, qui rêve de trouver sa place dans un marché qu’il considère exclusif à Apple, Samsung et « les autres ».

Le prix du Nothing Phone(1), un élément à prendre en compte

Commençons par les prix. Un peu comme OnePlus à ses débuts, Nothing mise sur l’abordabilité pour attirer les regards (et 2-3 autres trucs, comme son dos qui clignote comme en boîte de nuit, nous allons en reparler). Décliné en blanc et en noir, avec à chaque fois un dos transparent, le Nothing Phone(1) existe en trois versions :

  • 8 Go de RAM + 128 Go de stockage : 469 euros
  • 8 Go de RAM + 256 Go de stockage : 499 euros
  • 12 Go de RAM + 256 Go de stockage : 549 euros

Peu importe le modèle choisi, nous sommes sur des tarifs plutôt abordables pour ce smartphone au design méticuleusement fini. On aurait tendance à vous conseiller de ne pas prendre le modèle avec 12 Go de RAM, ça ne vous servira à rien, mais peut-être que vous saurez en trouver une utilité. Quoi qu’il en soit, sachez que nous prendrons en compte son prix dans ce test. À moins de 500 euros, IL ne faut pas avoir la même exigence qu’avec un Samsung Galaxy S22 Ultra ou un iPhone 13 Pro.

Quand on filme, un indicateur rouge clignotte. // Source : Numerama
Quand on filme, un indicateur rouge clignotte. // Source : Numerama

Un dos qui clignote, à quoi ça sert ?

À rien.

Non en vrai ?

On serait presque tenté de dire que ça ne sert… vraiment à rien. Bien sûr, ce n’est pas exactement comme ça que Nothing présente les choses.

Déjà, pour la marque, le système « Glyph » (le nom donné aux LED au dos de l’appareil), sert en premier lieu à apporter un peu de différenciation dans l’univers du smartphone. Là où tout se ressemble, Nothing réussit en effet à proposer quelque chose d’original. Un Nothing Phone(1), à condition qu’il ne soit pas recouvert par une coque (mais quel intérêt, quand on a un téléphone comme ça ?), est immédiatement perceptible dans la rue. On apprécie plutôt cet aspect transparent, clairement novateur sur un marché ennuyeux.

Ensuite, le système Glyph a évidemment été conçu avec quelques fonctions en tête. En voici quelques-unes, classées selon notre intérêt (les trucs cool d’abord, les 💩 ensuite) :

  1. On peut allumer tous les LED en même temps lorsque l’on filme, pour avoir une sorte d’éclairage la nuit.
  2. Quand on branche le smartphone à un chargeur, la petite bande lumineuse en bas indique où en est la recharge.
  3. Quand on parle à Google Assistant, la petite bande lumineuse évolue en fonction du niveau de la voix (option à activer manuellement).
  4. Un point rouge clignote au dos du smartphone quand on filme (option à activer manuellement).
  5. Quand on pose des écouteurs ou un smartphone sur le dos du Nothing phone (1), pour les/le recharger, le cercle s’illumine pour indiquer que la recharge sans-fil fonctionne.
  6. Quand on reçoit une notification ou que quelqu’un appelle, il est possible de configurer une sonnerie pour faire « danser » les LED. Une chorégraphie, parfois ridicule, a lieu au dos de l’appareil.
  7. Quand on retourne le smartphone et qu’on le pose, il clignote deux fois pour indiquer qu’il est en mode silencieux (option à activer manuellement).

On n’a jamais raté autant d’appels ou de messages qu’avec Glyph

Quelles autres fonctions ? Rien d’autre. On aurait aimé pouvoir utiliser Glyph comme lampe torche géante, ce n’est pas possible. On aurait aussi aimé pouvoir dessiner ses propres chorégraphies, ce n’est (pour l’instant) pas possible. Il faut choisir entre 10 « sonneries » lumineuses, accompagnées de sons robotiques.

Justement, parlons de ces sonneries lumineuses. Voilà notre avis sur la question : on n’a jamais raté autant d’appels ou de messages qu’avec Glyph. Lorsque nous sommes concentrés sur l’écran de notre ordinateur ou que nous regardons la télévision, nos yeux ratent évidemment le clignotement des LED du Nothing Phone(1). Mieux vaut, au final, le poser sur le dos et attendre que l’écran s’allume, au moins, on ne ratera plus d’appels (et on n’aura moins l’impression de se faire flasher par un radar toutes les 30 secondes).

Une qualité de finition rare à ce prix

Bon, vous l’avez sans doute compris, nous n’avons pas été convaincus par l’aspect guirlande du Nothing Phone(1). On comprend pourquoi la marque mise là-dessus (indice : pour avoir de l’engagement sur TikTok), mais nous sommes désormais persuadés qu’il ne s’agit pas d’une innovation majeure. Nothing n’est d’ailleurs pas le premier à s’y essayer, TCL ou Vivo ont, avant lui, tenté les LED au dos (et même les écrans secondaires).

Cependant, n’enterrons pas le design du Nothing Phone(1) trop vite. S’ils ne clignotaient pas, nous ne critiquerions même pas les motifs au dos du mobile. Plutôt futuristes, ils ont clairement quelque chose d’appréciable. Le verre transparent au dos de l’appareil est aussi rafraîchissant, d’autant plus que le Nothing Phone(1) est très agréable à tenir (et ressemble beaucoup, genre vraiment beaucoup, aux iPhone 12 et 13).

La dalle du Phone(1) est vraiment transparente. // Source : Numerama
La dalle du Phone(1) est vraiment transparente. // Source : Numerama

Globalement, même si ce n’est que son premier smartphone, Nothing nous inspire confiance. On ne sait pas ce que donnera son SAV, mais l’appareil semble fiable. Verre Gorilla Glass, aluminium recyclé, étanchéité IP53, trois années de mises à jour majeures d’Android… On apprécie particulièrement les bords complètement symétriques du smartphone, ce qui est extrêmement rare dans l’univers des appareils Android, surtout sous les 500 euros. Nothing a pris de bonnes décisions et propose, en conséquence, un très joli appareil.

Le Nothing Phone(1) a une belle fiche technique, mais plusieurs bugs

Sans rentrer dans les détails, le Nothing Phone(1) est un appareil très bien équipé pour son prix. Certaines et certains lui reprocheront sans doute son processeur milieu de gamme (Snapdragon 778G+), mais s’attendait-on vraiment à voir la dernière puce haut de gamme de Qualcomm pour un tel prix ? Le Snapdragon 778G+ a pour mérite d’être compatible 5G et de bien gérer l’autonomie (on a toujours fini la journée avec de la batterie restante). Le Phone(1) est aussi compatible avec la recharge filaire rapide (33W) et sans-fil (15W), et se déverrouille grâce à un lecteur optique d’empreintes digitales (il est placé un peu bas, mais fonctionne rapidement). Son écran OLED de 6,55 pouces est plutôt lumineux et, comme dit plus haut, est agréable à regarder grâce à sa symétrie.

Pour l’instant, ce qui nous laisse dubitatifs est surtout dû au logiciel. Nothing étant un petit nouveau, il y a encore plein de petits bugs ou de fonctions indisponibles dans la première version de son Nothing OS. Face à des concurrents installés depuis plusieurs années, la comparaison est forcément cruelle. Par exemple, nous avons regretté l’absence d’un lecteur de QR Code intégré dans l’application Appareil photo ou certains bugs, comme la rotation de l’écran parfois lente, le clavier qui disparaît subitement ou une application qui reste bloquée dans un coin de l’écran sans que l’on puisse la faire partir.

L'interface de Nothing OS, avec deux bugs étrange. L'appli bloquée en haut, Google Pay incompatible. // Source : Numerama
L’interface de Nothing OS, avec deux bugs étrange. L’appli bloquée en haut, Google Pay incompatible. // Source : Numerama

Plus embêtant, nous n’avons pas toujours trouvé le Nothing Phone(1) très fluide. Dans les applications avec des fils d’actualité, comme Twitter, il lui arrive de lagger malgré son écran 120 Hz. Ça fonctionne souvent bien, mais dès que la mémoire vive sature, l’expérience utilisateur est très vite impactée. Le téléphone perd toute sa fluidité.
Autre problème, trouver du réseau après un passage dans une zone blanche est lent sur le Nothing Phone(1). Des défauts de jeunesse qu’il sera sûrement possible de corriger, mais qui prouvent bien qu’il n’est pas si facile de fabriquer un smartphone, au vu de toutes les technologies qu’il faut maîtriser. Il est aussi impossible de payer avec Google Pay à cause d’un défaut de certification, mais Nothing nous a assuré que ce problème sera réglé du côté de Google dans les prochains jours.

Dans le futur, Nothing espère se distinguer des autres marques grâce à des intégrations de solutions tierces. Il est d’ores et déjà possible de contrôler sa Tesla directement depuis les menus du smartphone, il sera prochainement possible de faire pareil avec les écouteurs AirPods Pro d’Apple. On a hâte d’essayer tout ça.

Et l’appareil photo du Nothing phone(1) dans tout ça ?

Il s’agissait sans doute du point qui nous inquiétait le plus : comment Nothing, nouvel entrant sur le marché, allait réussir à proposer de belles photos avec ses équipes réduites ? À la surprise générale, le Phone(1) s’en sort bien. L’héritage OnePlus sans doute, mais aussi l’aide de Google et Qualcomm, partenaires de Nothing. On trouve deux capteurs au dos de l’appareil : un Sony IMX766 (50 Mpix, ouverture du module f/1.88) et un Samsung JN1 (50 Mpix, ultra grand angle, ouverture du module f/2.2).

Photo prise avec le capteur principal du Nothing Phone (1). Il n'y a pas beaucoup de lumière, mais il s'en sort plutôt bien.. // Source : Numerama
Photo prise avec le capteur principal du Nothing Phone (1). Il n’y a pas beaucoup de lumière, mais il s’en sort plutôt bien.. // Source : Numerama
Photo prise avec le mode macro du Nothing Phone (1). La qualité est au rendez-vous. // Source : Numerama
Photo prise avec le mode macro du Nothing Phone (1). La qualité est au rendez-vous. // Source : Numerama
La photo principale est bonne, l'ultra grand angle l'est moins. La faute à des couleurs trop fades. // Source : Numerama
La photo principale est bonne, l’ultra grand angle l’est moins. La faute à des couleurs trop fades. // Source : Numerama

Alors bien sûr, le Nothing Phone(1) est loin d’être le meilleur smartphone en photo. Si son capteur principal s’en sort plutôt bien (malgré quelques problèmes de mise au point de temps en temps), on constate de gros problèmes de netteté et de couleurs avec le module ultra grand-angle. Cependant, à son prix, il n’est pas spécialement en dessous de la concurrence (voire fait mieux, n’est-ce pas l’iPhone SE). Difficile pour nous d’incriminer Nothing sur cet aspect, même si nous attendons mieux pour les prochaines fois.

Le verdict

À qui se destine le Nothing Phone(1) ? À 469 euros, il s’agit sans le moindre doute d’un smartphone au très bon rapport qualité-prix, encore plus si vous aimez l’originalité. Cependant, on ne peut s’empêcher d’avoir du mal à jauger la taille de sa clientèle potentielle. Combien sont-ils à avoir envie d’un smartphone créé par une marque inconnue, au dos transparent, avec des LED qui clignotent ? Pour que Nothing réussisse son pari, il faudra que la réponse soit supérieure à ce que l’on peut penser.

En attendant, nous sommes partagés par cette première tentative. Pour un premier smartphone, le Nothing Phone(1) est indéniablement une réussite. La qualité de finition est au rendez-vous et l’appareil est agréable à utiliser. Cependant, sa distinction majeure (les LED), révèle rapidement sa vraie nature de gadget, ce qui fait immédiatement redescendre la hype. Nothing peut être une bonne alternative aux constructeurs traditionnels mais n’est clairement pas en train de révolutionner quoi que ce soit.

 

Source : Numerama

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