Le télescope Hubble nous a habitués à des images spectaculaires de notre Univers. Faut-il s’attendre à des images encore plus époustouflantes avec son successeur (et non son remplaçant), James Webb ?

Le télescope James Webb continue de progresser dans l’espace vers son emplacement final. Depuis son décollage, le 25 décembre 2021, l’observatoire spatial a déployé ses principaux éléments (bouclier thermique, miroirs). Il reste encore 5 mois avant que le JWST ne soit pleinement opérationnel. C’est n’est qu’ensuite qu’il pourra commencer à observer l’Univers dans l’infrarouge.

Les premières images qui seront immortalisées par James Webb sont très attendues. Mais de quoi auront-elles l’air, exactement ? Faut-il s’attendre à des clichés encore plus saisissants que ceux obtenus par le télescope Hubble ? Certains astronomes sont soucieux de ne pas trop laisser cette idée se diffuser, au risque de créer des déceptions.

« Il est temps que nous commencions à cadrer les attentes du public quant à l’apparence des images du JWST. Elles seront étonnantes et belles, mais nous n’obtiendrons pas d’images avec une résolution spatiale supérieure à celle que nous obtenons avec Hubble », expliquait l’astronome Andras Gaspar de l’observatoire Steward (Arizona), sur Twitter, le 9 janvier 2022.

Selon lui, présenter James Webb comme le successeur de Hubble (c’est pourtant ce que fait la Nasa, qui préfère d’ailleurs parler de « successeur » plutôt que de « remplaçant ») serait même un abus de langage. Il lui semble plus réaliste de dire que le JWST est le successeur de Spitzer, qui a achevé sa mission début 2020 et qui observait dans l’infrarouge.

« Ne vous attendez pas à être époustouflés par toutes les images »

« D’une certaine façon, [les images] seront probablement moins impressionnantes visuellement que certaines de celles que vous avez vu avec Hubble », a renchérit Michael Merrifield, professeur d’astronomie à l’université de Nottingham, lui aussi sur Twitter. Il ajoute qu’ « une grande partie de la beauté des images de Hubble vient des effets obscurcissants de la ‘poussière’ de suie qui imprègne l’espace, leur donnant leurs ‘ombres’ dramatiques et leur aspect tridimensionnel, qui feront quelque peu défaut dans l’infrarouge, où la poussière est beaucoup plus transparente ».

En résumé, insiste le scientifique, « ne vous attendez pas à être époustouflés par toutes les images — c’est la science qui sera incroyable ». On se rend mieux compte de la différence grâce à la comparaison suivante : la même étoile est ici vue par Hubble à gauche, et dans une vue simulée de ce qu’on obtiendra avec James Webb à droite.

La Nasa a donné un autre exemple d’une structure, la Nébuleuse de la Carène, observée par Hubble dans le domaine du visible puis dans l’infrarouge (Hubble ne peut aller que jusque dans l’infrarouge proche, tandis que le JWST verra jusque dans l’infrarouge moyen, soit plus loin dans le passé de l’Univers).

On voit davantage d'étoiles à droite. // Source : NASA/ESA/M. Livio & Hubble 20th Anniversary Team (STScI)
On voit davantage d’étoiles à droite, dans l’infrarouge. // Source : NASA/ESA/M. Livio & Hubble 20th Anniversary Team (STScI)

Même s’il ne faut donc pas espérer découvrir tous les jours des vues absolument spectaculaires du ciel avec le JWST, cela ne veut pas dire que l’observatoire ne pourra pas nous impressionner. Par exemple, comme le souligne Michael Merrifield, « certaines choses comme les systèmes planétaires qui se forment autour d’autres étoiles émettent beaucoup de lumière dans l’infrarouge, donc le JWST devrait en offrir une vue sans précédent ».

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