C’est un vol décisif qui attend Arianespace, dans la nuit du 28 au 29 avril 2021. Décisif, car l’entreprise française doit procéder au décollage de la fusée européenne Vega pour mettre en orbite Pléiades Neo 3, le premier satellite à très haute résolution d’une nouvelle constellation d’observations de la Terre. Jusqu’ici rien de très surprenant : Vega exécute ce type de mission depuis février 2012.
Sauf que les derniers vols menés par Vega ne se sont pas du tout passés comme prévu. Après une longue série sans aucun accroc — les quatorze premiers vols n’ont rencontré aucun problème particulier –, le lanceur a connu son premier gros échec en 2019 avec la mission VV15. Le 11 juillet 2019, une défaillance est apparue peu après l’allumage du deuxième étage, causant la perte de l’engin et de sa charge utile.
La mission VV15 consistait à déployer un satellite d’observation militaire — Falcon Eye 1 — pour le compte des Émirats arabes unis, à une altitude annoncée de 660 kilomètres. Une altitude très basse, pour être aux premières loges dans l’observation de ce qui se passe au sol. Mais une « défaillance thermo-structurale dans le dôme avant du moteur Zefiro 23 », selon les conclusions du rapport, en a décidé autrement.
Puis, après une mission VV16 sans accroc, Vega a fait face à un nouveau raté : la mission VV17 a été perdue le 17 juillet 2020. Cette fois, ce n’est pas la conception du dôme situé à l’avant du moteur Zefiro 23 qui est en cause, mais « un problème de production et de contrôle qualité, une série d’erreurs humaines ». Des câbles servant au contrôleur du vecteur de poussée ont été inversés.
Le dysfonctionnement s’est manifesté « immédiatement après le premier allumage du moteur du quatrième étage Avum », entraînant une « dégradation de la trajectoire ». Là encore, la charge utile, deux satellites, a été perdue : une plateforme scientifique pour observer les orages, Taranis, opéré par le CNES, et un satellite d’observation de la Terre, Ingenio, pour le compte de l’agence spatiale espagnole.
Un vol décisif pour Arianespace
Voilà donc dans quel contexte se présente la mission VV18. Un nouveau revers serait terrible pour la crédibilité de la fusée Vega et la réputation des lanceurs européens, en particulier à une époque où la concurrence, notamment dans le segment des petits lancements, est de plus en plus acharnée. SpaceX, en particulier, s’impose comme un rival avec Falcon 9. son lanceur réutilisable à bas coût.
Dans son communiqué du 23 avril, Arianespace montre qu’il n’ignore pas les enjeux. « Les opérations de production du lanceur et de préparation du lancement ont été minutieusement mises en œuvre dans le cadre des recommandations de la commission d’enquête indépendante du vol VV17 », lit-on. Le CNES et l’Agence spatiale européenne ont également été dans la boucle.
En métropole, la nuit sera très avancée lorsque l’on saura si le 18e tir de la fusée Vega a été couronné de succès ou non. Le lanceur européen doit partir à 22h50 de Kourou, en Guyane, depuis le centre spatial européen. À Paris, il sera 3h50 du matin. Si tout se passe bien, les charges utiles (le satellite Pléiades Neo 3 et cinq charges utiles auxiliaires) seront déployées après un peu plus de 1h40 après le décollage.
La carrière de Vega est toutefois en train de s’achever : en effet, le lanceur doit en principe être remplacé dès cette année par une nouvelle version, appelée Vega-C. Son vol inaugural est attendu normalement en 2021, mais il n’est pas impossible qu’il soit repoussé à 2022. Particularité de cette fusée : son premier étage sert de propulseur d’appoint pour Ariane 6, qui cible le marché des moyens et des gros satellites.
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