Qui aurait la main sur le « thermostat » ? Quels seront les effets collatéraux sur le climat et la biodiversité ? Les techniques de géo-ingénierie, qui visent à refroidir artificiellement le climat, posent des questions très complexes.

Le débat s’intensifie autour de la géo-ingénierie, ce domaine qui regroupe des technologies très expérimentales visant à refroidir artificiellement le climat. Une équipe de scientifiques de Harvard et le centre spatial Esrange en Suède viennent de mettre en pause, le 31 mars 2021, un projet de recherche de ce type, afin de consulter davantage les citoyens du pays sur le projet. Ce dernier visait à étudier, via le lancement d’un ballon, une technique de refroidissement de l’atmosphère via la diffusion de particules de matière atténuant l’impact du rayonnement solaire.

Sur le papier, l’objectif à long terme est louable : trouver des solutions pour réduire l’impact dramatique du réchauffement climatique. Le périmètre du projet baptisé SCoPEx (Stratospheric Controlled Perturbation Experiment) était du reste très limité. L’équipe prévoyait de mener, tout d’abord, des essais dans la stratosphère sans relâcher de particules puis, dans un second temps, d’en diffuser une quantité très réduite (moins de 2 kg). La géo-ingénierie reste toutefois un champ de recherche très controversé, à juste titre.

Les scientifiques explorent deux grandes familles de solutions pour modifier artificiellement le climat :

  • Les techniques permettant de réfléchir davantage de lumière pour que la planète se réchauffe moins. Cela englobe des projets tels que celui de l’équipe de Harvard, mais aussi d’autres visant, par exemple, à augmenter le pouvoir réfléchissant des nuages.
  • Les technologies de captation de CO2, notamment via la fertilisation de l’océan. L’idée ici est de stimuler la pousse du phytoplancton (qui se nourrit entre autres de CO2).
La Terre. // Source : Pixabay (photo recadrée)

La Terre.

Source : Pixabay (photo recadrée)

Les problèmes que pose la géoingénierie

Ces techniques ont cependant un point commun : leurs effets collatéraux sont aussi difficiles à évaluer que potentiellement dangereux (bouleversement météorologiques, impact sur les écosystèmes, etc). Même si ces techniques s’avéraient efficaces et contrôlables, le recours à la géo-ingénierie serait par ailleurs un véritable casse-tête géopolitique, celle-ci ayant un impact sur le climat du monde entier. Dans ce contexte, qui aurait voix au chapitre dans la prise de décision ? Qui contrôlerait le thermostat de la planète ? Il serait en effet impossible que chaque zone du monde ait simultanément la température idéale.

Les scientifiques redoutent également, à juste titre, que les débats et les recherches menées autour des techniques de géo-ingénierie amènent les pouvoirs publics et les entreprises à se reposer sur leurs lauriers et à repousser leurs actions (déjà bien trop tardives) de réduction de gaz à effet de serre aux calendes grecques.

La plupart des scientifiques reconnaissent la dangerosité potentielle de la géo-ingénierie. Parmi eux, certains pensent toutefois que la faisabilité de ces projets doit, a minima, être étudiée, vu le peu de temps dont l’humanité dispose pour atteindre l’objectif de neutralité carbone. Dans ce scénario, ces solutions ne devraient constituer qu’un « pansement » temporaire nous permettant de finir la course aux réductions d’émissions de CO2 à peu près dans les temps. Entre deux maux, il faut bien sûr choisir le moindre. Toute la difficulté reste maintenant de distinguer lequel est lequel.

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