1,1 tératonne : ce chiffre représente la masse de toutes les fabrications d’origine humaine. Elle va dépasser, en 2020, d’après cette étude, la biomasse naturelle.

Des immeubles aux voitures, tout ce que l’humanité fabrique et a fabriqué représente une masse, différenciable de la biomasse d’origine naturelle — c’est-à-dire tout le vivant sur Terre, des arbres aux insectes en passant par les coquillages, fleurs et animaux. D’après des travaux publiés dans Nature le mercredi 9 décembre 2020, la masse de tout ce qui est fabriqué par l’être humain — masse anthropique — se trouve en 2020 « au point d’intersection » : « en 2020, la masse anthropique dépassera toute la biomasse vivante mondiale ».

Les auteurs de cette étude donnent une image frappante : pour chaque être humain, une masse anthropique représentant bien plus que son poids corporel individuel est produite chaque semaine. Pour ces chercheurs, de tels travaux permettent de quantifier ce que représente l’Anthropocène, l’ère dans laquelle nous vivons, qui est caractérisée par l’influence des humains sur la planète — géologie, écosystèmes, atmosphère, etc. Les tentatives de quantifications de cette ère ne sont pas nouvelles, et les appels à réduire la production de masse non plus.

D'après cette étude, la biomasse naturelle est sur le point d'être dépassée par la biomasse anthropique (d'origine humaine, c'est-à-dire les voitures, routes, immeubles, bouteilles plastiques etc.). // Source : Pixabay

D'après cette étude, la biomasse naturelle est sur le point d'être dépassée par la biomasse anthropique (d'origine humaine, c'est-à-dire les voitures, routes, immeubles, bouteilles plastiques etc.).

Source : Pixabay

« La croissance n’est tout simplement pas compatible avec la diminution des impacts environnementaux », affirmait dans Numerama la chercheuse en écologie Julia Steinberger, à l’occasion d’une étude décrivant les effets néfastes du principe d’abondance. Un rapport de juillet 2020 montrait quant à lui qu’il est nécessaire de stopper la construction de nouvelles routes. On retrouve des études datant de 2007 sur l’appropriation humaine de la biosphère.

3 tératonnes de matériaux humains en 2040

Bouteilles en plastique, immeubles, électroménager et appareils divers, routes, voitures, meubles : la masse de toute cette matière modifiée par l’être humain double tous les 20 ans, d’après les calculs de ces chercheurs. Ils font remonter leurs recherches au début du 20e siècle. Autour de 1900, la masse des objets fabriqués par les humains représentait 3 % du total de la biomasse naturelle. Cette biomasse naturelle représentait alors dans les 2 tératonnes. Mais après la Seconde Guerre mondiale, le boom industriel dans la production et la consommation de masse ont généré une croissance exponentielle de la masse anthropique… ainsi qu’une réduction de la biomasse naturelle.

Aujourd’hui, la masse anthropique représente 1,1 tératonne, l’équivalent de la biomasse naturelle actuelle. Pour donner quelques exemples, les chercheurs relèvent que la biomasse des arbres, arbustes, bosquets représente 900 gigatonnes, quand celle des immeubles et autres grandes infrastructures pèse 1 100 gigatonnes. En se projetant dans le futur, et en prenant en compte la façon dont ce déséquilibre évolue, les auteurs estiment qu’en 2040, la masse anthropique pourrait atteindre 3 tératonnes.

Cette étude publiée dans Nature relève d’un constat invitant, d’après les auteurs, à ce que l’humanité prenne ses responsabilités en tant qu’espèce.

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