Une équipe de chercheurs britanniques vient apporter une nouvelle approche dans l’intense débat scientifique sur l’extinction des dinosaures. Pour eux, il n’y a aucune preuve que ces espèces étaient en déclin avant l’impact d’une météorite, il y a 66 millions d’années.

Que seraient devenus les dinosaures si un événement aussi massif qu’un impact de météorite n’était pas venu causer leur extinction ? Pour une équipe de chercheurs britanniques, ils auraient continué à prospérer. D’après eux, le super-ordre des dinosaures n’était pas du tout en déclin lors de cet événement, et prospérait encore à l’échelle du globe. Ces scientifiques ont publié leurs travaux dans la revue The Royal Society Open Science, le mardi 17 novembre.

L’une des théories les plus importantes aujourd’hui veut que cet impact de météorite, advenu il y a environ 66 millions d’années d’après les marqueurs géologiques, ne soit pas le seul facteur d’extinction des dinosaures. Ces derniers auraient déjà été sur le déclin, en raison de nombreux facteurs, notamment climatiques (des éruptions volcaniques, mais pas seulement). L’impact serait donc venu achever un processus d’extinction déjà enclenché. Ce débat scientifique est bien loin d’être terminé, et cette nouvelle étude conduite par des chercheurs du Museum d’histoire naturelle de Londres vient apporter une nouvelle proposition s’ajoutant aux différentes pistes.

« Les dinosaures étaient toujours dominants »

C’est grâce à leur longue histoire évolutive que les dinosaures se sont progressivement imposés sur Terre. Entre leur naissance, il y a 230 millions d’années, au Trias, jusqu’à leur extinction, il y a 66 millions d’années, l’espèce est passée de petits individus de 50 centimètres de long à des spécimens à la corpulence allant jusqu’à 35 mètres de long.

Cette croissance, doublée d’une incroyable diversité, aurait fini par s’essouffler au terme de 150 millions d’années d’existence. Cette conclusion provient de l’étude des fossiles de cette période géologique, dénotant, selon de nombreux paléontologues, une baisse du taux de diversification et de spéciation (apparition de nouvelles branches et de nouvelles espèces) et donc un déclin. L’impact d’une météorite aurait été une sorte de coup de grâce, signant la fameuse extinction Crétacé-Paléogène (extinction K-Pg).

Les dinosaures se sont éteints il y a 66 millions d'années lors de l'extinction Kp-g. // Source : Pixabay

Les dinosaures se sont éteints il y a 66 millions d'années lors de l'extinction Kp-g.

Source : Pixabay

Mais les chercheurs britanniques à l’origine de la nouvelle étude estiment que les preuves sont insuffisantes pour aboutir à cette conclusion. Leur analyse suggère que les taux de diversification et de spéciation n’étaient pas particulièrement en baisse. « Ce que nous avons constaté, c’est que les dinosaures étaient toujours dominants, qu’ils étaient toujours très répandus et qu’ils se portaient toujours très bien, explique Joe Bonsor, coauteur de l’étude, sur le site du musée. Si l’impact de l’astéroïde ne s’était jamais produit, ils n’auraient peut-être pas disparu et se seraient perpétrés après le Crétacé. »

Dans leurs travaux, les chercheurs londoniens montrent même que certains dinosaures prospéraient encore plus que jamais, et ce sur tous les continents. Les grands herbivores, comme les hadrosaures, les cératopsiens, les ankylosaures, dominaient encore en Amérique du Nord. Des prédateurs comme les abélisaures étaient encore une espèce florissante en Amérique du Sud. On retrouvait encore les titanosaures — parmi les êtres vivants les plus massifs ayant foulé le sol terrestre, ou encore les fameux tyranosaures, dans le monde entier.

Dépasser les manques dans les données

Les auteurs indiquent que leur étude sert moins à démontrer que les dinosaures prospéraient encore qu’à rappeler qu’il n’y a pas de preuves concrètes que ces espèces ne prospéraient plus. Ils mettent en avant des biais dans les données, c’est-à-dire un manque de fossiles pour aboutir à une théorie qui, selon eux, serait suffisamment solide pour représenter une conclusion. « Les collections de fossiles sont généralement biaisées par un manque de données, et interpréter ces lacunes comme une baisse artificielle des taux de diversification n’est pas ce que nous devrions faire », relève Joe Bonsor.

Le paléontologue admet d’ailleurs volontiers qu’il est possible que nous ne puissions jamais vraiment déterminer parfaitement ces taux lors de l’extinction K-Pg. Mais il insiste : le seul moyen d’en avoir potentiellement le cœur net est de combler le vide parmi les manques de fossiles, et d’intégrer d’ici là ce manque dans toutes les analyses sur cette extinction.

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