De nouvelles preuves montrent que les vélociraptors chassaient leurs proies en solitaire.

En ce printemps 2020, la période est décidément aux découvertes sur le monde passé des dinosaures. Il y a quelque temps, une étude parue dans Nature révélait une possibilité capable de métamorphoser notre connaissance sur ce règne : le Spinosaure avait une queue similaire à une nageoire. Il savait nager et vivait majoritairement sous l’eau, où il chassait des poissons. C’était la première fois qu’une preuve scientifique attestait que certains dinosaures savaient nager.

C’est à nouveau une étude sur le mode de vie des dinosaures qui vient d’être publiée par une équipe de paléontologues. Elle montre que les vélociraptors ne chassaient pas en meute massive et coordonnée, tels des loups, mais plutôt en solitaire. Or, le célèbre film Jurassic Park, en 1993, montrait des vélociraptors intelligents, sociaux, s’organisant pour chasser leurs proies en groupe, à l’image de la célèbre scène de la cuisine. « Jurassic Park avait tort à propos du comportement des raptors », indiquent les paléontologues.

Le constat n’est pas forcément une surprise : les blockbusters ne sont pas des sources scientifiques, et loin s’en faut pour Jurassic Park (non, les Brachiosaures ne pouvaient pas se tenir sur deux pattes…). Cela étant, blâmer l’oeuvre de Spielberg pour cette raison serait d’autant plus absurde que, à l’époque du film, l’idée était plus ou moins admise que les vélociraptors chassaient en meute. C’était une proposition du paléontologue John Ostrom, que les chercheurs actuels remettent donc en cause.

Mais, d’ailleurs, comment peut-on connaître le comportement d’espèces éteintes il y a des centaines de milliers d’années ? En l’occurrence, tout repose sur des dents.

Une question de nourriture parents/enfants

« Même si nous ne pouvons pas regarder en personne ces dinosaures chasser, nous pouvons utiliser des méthodes indirectes pour déterminer leur façon de vivre », indique  Joseph Frederickson, l’un des auteurs de l’étude. Pour leur voyage indirect dans le passé, les paléontologues se sont donc penchés sur des dents provenant de l’une des espèces connues de vélociraptors ayant vécu il y a un peu plus de 100 millions d’années.

Reconstitution des vélociraptors. // Source : Fred Wierum / Wikimedia

Reconstitution des vélociraptors.

Source : Fred Wierum / Wikimedia

Les scientifiques partent du principe qu’il existe un lien entre la méthode de chasse et l’alimentation des petits : les animaux qui s’organisent socialement pour chasser en meute s’occupent de leurs progénitures notamment en les nourrissant. Il en résulte que l’alimentation des adultes et des petits est la même. Lorsqu’une espèce ne répond pas au critère social de chasse en meute, chaque individu ne nourrit pas lui-même ses enfants, qui doivent se débrouiller seuls. L’alimentation parents/enfants diffère alors, puisque les plus petits n’ont pas accès aux mêmes proies. Cette configuration peut s’étudier dans la composition des restes fossilisés.

C’est ainsi que les paléontologues à l’origine de la nouvelle étude ont observé que « la plus petite dent et la plus grosse dent n’ont pas les mêmes valeurs moyennes en isotope de carbone, ce qui indique qu’ils mangeaient des nourritures différentes ». Cela implique que les progénitures n’étaient pas nourries par leurs parents. Une chasse en groupe, comme on peut la voir dans Jurassic Park, apparaît alors soudain comme beaucoup plus improbable. Il faudra toutefois retrouver encore davantage de fossiles de Deinonychus antirrhopus (nom scientifique des vélociraptors) pour confirmer définitivement cette nouvelle idée.

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