Le virus à l’origine de la Covid-19 pourrait se transmettre par la voie des airs, selon plus de 200 scientifiques. L’OMS admet maintenant que la possibilité existe. « Nous reconnaissons qu’il y a une preuve émergente », a déclaré Benedetta Allegranzi.

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) semble s’ouvrir à l’hypothèse selon laquelle le virus à l’origine de la Covid-19 pourrait se transmettre par voie aérienne. Lors d’une conférence de presse virtuelle, organisée le 7 juillet 2020, l’OMS s’est exprimée au lendemain de la publication d’une lettre signée par 239 scientifiques, assurant que ce risque de transmission du virus SARS-CoV-2 était à prendre au sérieux.

À la 10e minute de cette conférence, Benedetta Allegranzi, docteure et responsable technique de l’organisation, a pris la parole. Elle était interrogée sur la lettre signée par les scientifiques. « Nous avons discuté et collaboré avec de nombreux signataires de l’article que vous mentionnez au cours des derniers mois. Nous avons discuté de la preuve disponible qui est évoquée et nous avons également reçu des contributions de la part de plusieurs signataires de cet article », assure la responsable.

Une personne se désinfectant les mains. // Source : CC/Homegets.com (photo recadrée)

Une personne se désinfectant les mains.

Source : CC/Homegets.com (photo recadrée)

« Une preuve émergente »

Benedetta Allegranzi poursuit : « Nous reconnaissons qu’il y a une preuve émergente dans ce domaine, comme dans d’autres domaines concernant le virus de la Covid-19 et la pandémie. Par conséquent, nous pensons que nous devons être ouverts à cette preuve et comprendre ses implications pour le mode de transmission et les précautions qui doivent être prises ».

L’épidémiologiste Maria Van Kerkhove, également membre de l’OMS, a précisé que les discussions avec le groupe de chercheurs signataires du texte avaient lieu depuis le mois d’avril. Elle a ajouté que l’OMS devrait mettre à disposition des éléments d’information sur la transmission du virus « dans les prochains jours ».

L’organisation insiste sur le fait que ce type de risque d’exposition au coronavirus (par le biais des microgouttelettes, en particulier dans des espaces clos, très peuplés et peu ventilés), doit encore être suffisamment démontré. Mais la possibilité n’est pas considérée comme inexistante. « Ce sont des domaines de recherches en croissance, pour lesquels certaines preuves émergent, mais elles ne sont pas définitives, indique Benedetta Allegranzi. Par conséquent, la possibilité de transmission aérienne dans les lieux publics, particulièrement dans des conditions très spécifiques — [lieu] encombré, fermé, peu ventilé — qui ont été décrites, ne peut pas être rejetée. Cependant, les preuves doivent être réunies et interprétés, ce que nous continuons d’encourager. »

La responsable a enfin évoqué les mesures de précaution, confirmant qu’il est recommandé « autant que possible d’éviter des lieux publics et des situations d’encombrement », de favoriser une « ventilation optimale et la distanciation physique » (et l’usage de masques quand ce n’est pas possible). Dans leur lettre, les scientifiques regrettaient que « la plupart des organisations de santé publique, y compris l’Organisation mondial de la santé, ne reconnaissent pas la transmission aéroportée ». Un changement semble amorcé avec ces nouvelles déclarations.


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