Depuis ce lundi 4 novembre 2019, l’administration de Donald Trump a officiellement enclenché le processus de sortie de l’Accord de Paris. Dans le même temps, le Président des États-Unis s’est félicité d’avoir abrogé le Clean Power Plan, un programme du gouvernement Obama visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre émises par les centrales — notamment les centrales à charbon.
Une étude scientifique publiée le même jour dans Proceedings of the National Academy of Sciences vient rappeler que l’urgence est pourtant tellement élevée… que l’Accord de Paris ne suffirait pas. Et ce même s’il était respecté par tous les États, ce qui est, en tout état de cause, loin d’être le cas. Effectivement, dans le scénario plutôt utopique où toutes les émissions sont stoppées à l’horizon 2030, le niveau des mers augmentera de toute façon d’un mètre d’ici 2300, selon les chercheurs.
Rappelons que l’Accord de Paris vise à maintenir le réchauffement planétaire à 2 degrés, voire à 1,5 degré dans l’idéal. La température globale a un impact sur tout le reste des écosystèmes. Cela peut conduire par exemple à une recrudescence des algues toxiques pour la biodiversité. Quant à l’impact sur les océans, il est avéré : la chaleur fait fondre les glaciers, ce qui conduit à l’augmentation du niveau des mers. En plus de la catastrophe écologique, rappelons que cette élévation menace les populations humaines situées sur les côtes.
L’enjeu du délai de réaction
Il ne faut pas pour autant percevoir cette conclusion comme un coup d’arrêt déprimant à toute solution. L’étude vient rappeler au contraire que l’action doit se faire au plus tôt et dans le présent, avec efficacité, car il faut prendre en compte le principe d’un délai entre ce que l’on fait et les effets réels à l’échelle planétaire. « Les principaux éléments qui contribuent à l’élévation du niveau de la mer (océans, glaciers et calottes glaciaires) réagissent aux changements climatiques à des échelles de temps allant des décennies aux millénaires », indiquent les auteurs de l’étude.
Lorsque l’on injecte du carbone dans l’atmosphère, l’augmentation des températures est « presque immédiate ». En revanche, la conséquence se fait ressentir sur le long terme, car les glaciers mettent du temps « à répondre à ce réchauffement », à fondre. Le modèle proposé dans cet article de recherche prospecte une augmentation d’un mètre du niveau des mers d’ici 2300, mais cette projection est réalisée à partir des émissions émises depuis la période préindustrielle… en 1750. Les émissions rejetées pendant la seule période de l’Accord de Paris, de 2015 à 2030, et s’il était respecté, représentent 20 % de ce mètre d’élévation. D’après les chercheurs, la moitié de ces 20 % est à attribuer à cinq principaux émetteurs, que sont les États-Unis, l’Union européenne, la Chine, l’Inde et la Russie.
« Une grande partie du dioxyde de carbone que nous avons émis dans l’atmosphère va y rester pendant des centaines d’années », rappelle Peter Clarke, co-auteur de l’étude. Donc non seulement nos émissions de gaz à effet de serre actuelles et passées conduisent à un réchauffement du climat, mais aussi à une augmentation au long terme et persistante du niveau des eaux.
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