Au centre de la Voie lactée, notre galaxie, se trouve Sagittarius A*, un trou noir supermassif 4,2 millions de fois plus massif que le Soleil. Aussi impressionnant soit-il, la Nasa a récemment estimé qu’il est plus « calme » que celui de bien d’autres galaxies. Mais cela n’a pas toujours été le cas : il semblerait qu’une éruption cataclysmique ait eu lieu en plein cœur de la Voie lactée, il y a 3,5 millions d’années.
Une étude préliminaire publiée en 2013 avait déjà mis en évidence l’existence possible d’une telle éruption. Mais ce nouvel article, publié le 6 octobre 2019 dans The Astrophysical Journal, apporte des éléments encore plus solides sur cet événement.
Du gaz expulsé à 200 000 années-lumière
On retrouve encore aujourd’hui des traces du phénomène dans le courant magellanique, un gigantesque nuage de gaz qui s’étend autour de notre galaxie. Tout a commencé par une éruption générant deux cônes ionisés. Si les flambées étaient au début de taille relativement restreinte auprès du trou noir central, elles se sont étendues au sein de galaxie, jusqu’à en sortir et atteindre finalement le fameux courant magellanique, qui évolue jusqu’à 200 000 années-lumière de la Voie lactée.
Cette explosion d’énergie et de radiations était si puissante que les scientifiques rejettent en bloc l’idée qu’elle provienne par exemple d’une « simple » supernova. Pour eux, l’origine est forcément à trouver dans l’activité nucléaire du trou noir supermassif Sagittarius A*. « L’explosion était un peu comme la lumière d’un phare, illustre l’astrophysicien Joss Bland-Hawthorn, membre de l’équipe de chercheurs. Imaginez l’obscurité totale, et soudain quelqu’un allume un phare pour une très brève période. »
- À lire : à quoi ressemble un trou noir ?
Les flambées n’ont duré que 300 000 ans, ce qui est très peu. L’événement lui-même est également récent à l’échelle galactique : il y a 3,5 millions d’années, l’astéroïde qui aurait provoqué l’extinction des dinosaures était déjà survenu depuis 63 millions d’années, et les Australopithèques évoluaient sur le continent africain.
Les résultats de ces observations changent la perception que nous avons de notre propre galaxie. « Nous avons toujours cru que notre galaxie est inactive, avec un centre peu lumineux. Ces nouveaux résultats ouvrent la possibilité d’une réinterprétation complète de son évolution et de sa nature », relève Joss Bland-Hawthorn.
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