Un astéroïde s’est fragmenté dans l’espace il y a 466 millions d’années. Sa poussière retombée sur la Terre aurait favorisé une période de refroidissement du climat pendant laquelle une incroyable biodiversité a existé.

Il y a 466 millions d’années, la poussière d’un astéroïde fragmenté aurait favorisé le refroidissement du climat sur Terre, et l’avènement d’une ère glaciaire. Une équipe de scientifiques a annoncé cette découverte dans la revue Science Advances le 18 septembre 2019.

« Pendant 2 millions d’années après la dissolution de la L-chondrite [ndlr : l’astéroïde dont il est question] des quantités extraordinaires de poussière dans le système solaire interne ont refroidi la Terre », résument les auteurs. L’astéroïde concerné serait le corps parent d’une famille de météorites, connues sous le nom de chondrites de type L. L’objet de 150 kilomètres de large, qui se trouvait entre Mars et Jupiter, se serait fragmenté dans l’espace, provoquant des retombées poussiéreuses sur notre planète.

« Les conditions de la période glaciaire de l’Ordovicien moyen […] ont été engendrées ou intensifiées par l’éclatement du corps parent des chondrites de type L », écrivent les auteurs. L’Ordovicien, l’un des systèmes géologiques du Paléozoïque, a commencé il y a 488,3 millions d’années et s’est achevé il y a 443,7 millions d’années. L’Ordovicien est considéré comme le premier épisode massif de biodiversification du Paléozoïque. Il est lui-même divisé en 3 époques : Ordovicien supérieur, moyen et inférieur.

Une cause extérieure à la Terre ?

Comme l’expliquent les auteurs dans leur étude, des relevés indiquent qu’une ère glaciaire a commencé à l’époque de l’Ordovicien moyen. « Bien qu’une grande partie de la variabilité du climat de la Terre à court terme soit rythmée à l’échelle astronomique […], les fluctuations sur une échelle de 10 à 100 millions d’années entre les climats de serre et les climats de glace sont généralement expliquées avec des causes liées à la Terre », soulignent les scientifiques (par exemple, des changements de concentration de CO2 dans l’atmosphère terrestre). Mais qu’en est-il des causes extérieures à la Terre ?

En 2008, une précédente étude a déjà envisagé l’hypothèse qu’un astéroïde puisse expliquer ce qu’on appelle l’ « exoplosion ordovicienne », une phase où la biodiversité s’est développée dans les océans. Les causes de cette explosion sont mal comprises. Ces chercheurs ont envisagé qu’une pluie de météorites, provoquée par l’explosion d’un astéroïde il y a environ 470 millions d’années, ait à la fois entraîné des destructions et permis l’éclosion de cette biodiversité sur Terre. La nouvelle étude souligne aussi que cette phase coïncide avec la fragmentation d’un astéroïde. Selon ses auteurs, les poussières retombées sur la Terre ont même dû « accélérer le processus de biodiversification ».

Une représentation de la vie pendant l'Ordovicien. // Source : Wikimedia/CC/James St. John (photo recadrée)

Une représentation de la vie pendant l'Ordovicien.

Source : Wikimedia/CC/James St. John (photo recadrée)

Pour confirmer ce scénario, les scientifiques ont exploré des roches vieilles de 466 millions d’années, à la recherche de traces de poussière venues de l’espace. Des échantillons de calcaire marin ont été recueillis en Suède, au niveau de la colline Kinnekulle, et en Russie près de Saint-Pétersbourg. Plus de 1 500 kilogrammes de roches ont été dissous dans de l’acide, afin d’en extraire de la matière d’origine extraterrestre.

Une solution à l’actuel réchauffement planétaire ?

La période de refroidissement qui a probablement été favorisée par l’astéroïde a eu des retombées positives pour la vie terrestre de l’époque. Elle n’est pas vraiment comparable avec l’événement qui a décimé les dinosaures, ni même avec l’actuel changement climatique. « Dans le refroidissement mondial étudié, nous parlons d’échelles de temps de millions d’années », souligne Philipp Heck, membre du musée Field d’histoire naturelle de Chicago et co-auteur de l’étude, dans un communiqué.

À la lecture de cette étude, on pourrait se dire qu’il suffirait de reproduire un nuage de poussière d’astéroïde pour refroidir la Terre qui est en train de se réchauffer. Mais les scientifiques insistent : il ne faudrait pas oublier que les évolutions brusques du climat à l’échelle de la planète ont, en général, des conséquences plutôt désastreuses pour la vie.


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