L’Agence spatiale européenne a révélé début septembre avoir procédé à une manoeuvre d’évitement face au risque de collision entre l’un de ses satellites et un engin opéré par SpaceX. De nouveaux détails de l’incident ont émergé.

On commence à y voir plus clair sur la collision spatiale qui aurait pu se produire entre deux satellites opérationnels, l’un appartenant à l’Agence spatiale européenne, l’autre à SpaceX. Après la prise de parole de l’organisme intergouvernemental, qui a révélé dans une série de messages avoir dû procéder à une manoeuvre d’évitement, par prudence, c’est au tour de l’entreprise américaine de sortir du silence.

Ce que le porte-parole a reconnu dans un échange avec SpaceNews, et que laissait sous-entendre l’ESA dans sa communication, c’est que c’est bien SpaceX qui s’est loupé. Un bug dans le système de surveillance mis en place par le constructeur aérospatial l’a empêché de recevoir l’avertissement sur l’éventuelle collision entre Aeolus (le satellite de l’ESA) et l’un des satellites Starlink, opéré par SpaceX.

Le satellite Aeolus. // Source : European Space Agency

Le satellite Aeolus.

Source : European Space Agency

Bug dans les échanges avec l’ESA

D’après SpaceX, il y avait eu fin août des échanges par mail avec l’équipe en charge d’Aeolus — son rôle est de fiabiliser les prévisions météorologiques grâce à l’emploi d’une technologie laser pour modéliser des cartes dynamiques en 3D des vents, sur l’ensemble du globe. Ainsi le 28 août, un courrier de l’équipe de Starlink a été envoyé à l’ESA lorsque la probabilité d’un choc était de 1 sur 50 000.

Or, lorsque la menace s’est renforcée, avec une probabilité passant à plus de 1 sur 10 000 à la suite de nouveaux calculs opérés par l’Air Force, c’est là que l’incident s’est produit. Cela « a empêché l’opérateur Starlink de voir le suivi de la correspondance sur cette hausse de probabilité », déclare le porte-parole. Sinon, SpaceX se serait bien entendu coordonné avec l’ESA pour surmonter cette menace.

Un risque de 1 sur 1 000

D’après SpaceNews, le risque avait considérablement augmenté, avec une probabilité qui a atteint 1 sur 1 000. Dans un mail daté du 3 septembre, Holger Krag, directeur du bureau du programme de sécurité spatiale de l’ESA, a indiqué que l’équipe d’évaluation conjointe de l’agence avait remarqué l’approche de proximité potentielle environ cinq jours à l’avance, grâce aux données de l’Air Force.

Starlink SpaceX

SpaceX a mis en orbite les premiers satellites Starlink en mai 2019. D’autres suivront bientôt. // Source : SpaceX

« Nous avons informé SpaceX et ils ont acquiescé », a déclaré Holger Krag. Mais par la suite, alors que le danger se précisait, SpaceX a été confronté à son bug et n’a visiblement pas pu participer aux préparatifs de l’ESA : « Au fil des jours, la probabilité de collision a dépassé le seuil de décision et nous avons commencé la préparation de la manœuvre et partagé nos plans avec SpaceX ».

« La décision de manœuvrer a été prise la veille [le 2 septembre, ndlr] », a-t-il ajouté, car les chances d’une collision étaient désormais assez élevées pour justifier une manœuvre, même unilatérale. Pour sa part, le porte-parole de SpaceX assure que « si Starlink avait vu la correspondance, l’opérateur se serait coordonné avec l’ESA pour déterminer la meilleure approche à suivre ».


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