En 1702, Maria Kirch a identifié une nouvelle comète dans le ciel. Elle était la première femme à faire une telle découverte. Elle a pourtant été éclipsée : le nom de son mari est longtemps resté associé à celui de cette comète, C/1702 H1.

Les exemples d’inventrices ou de découvreuses éclipsées par des hommes ne manquent pas dans l’histoire. L’astronome allemande Maria Kirch en fait partie : en 1702, elle est devenue la première femme à découvrir une nouvelle comète. Et c’est à son mari que le mérite de cette découverte a été attribué.

Le soir du 21 avril, Maria Winkelmann Kirch entamait son observation du ciel. Elle voulait observer une étoile variable (dont la luminosité n’est pas constante) que son mari, Gottfried Kirch, également astronome, avait repéré la veille. Ce faisant, elle a découvert la comète C/1702 H1, comme l’a raconté l’astrophysicienne JoEllen McBride le 1er mai. Maria Kirch en a avisé son mari. Deux astronomes italiens, Francesco Bianchini et Giacomo Filippo Maraldi, avaient aussi vu la comète le 20 avril (Maria Kirch fit sa découverte de façon indépendante le lendemain).

Son mari était « surpris de ne pas l’avoir vue avant »

Gottfried Kirch a lui même reconnu le rôle de sa femme dans des notes qu’il avait écrites cette nuit là. « Tôt dans la nuit, aux alentours de 2 heures du matin, le ciel était clair et étoilé. Quelques nuits plus tôt, j’avais observé une étoile variable et ma femme (pendant que je dormais) voulait la trouver et la voir elle-même. Ce faisant, elle a trouvé une comète dans le ciel. Quand elle m’a réveillé, j’ai vu que c’était bien une comète… et j’ai été surpris de ne pas l’avoir vue la nuit d’avant », écrit-il.

Bien qu’il ne l’ait effectivement pas découverte avant Maria Kirch, son époux a adressé l’information au roi… en ne mentionnant que son nom, et pas celui de sa femme. Ce fut le cas des autres publications rendant compte de cette découverte : inévitablement, les historiens ont pensé que Gottfried Kirch l’avait trouvée tout seul.

Maria Kirch savait très probablement qu’il était important pour sa carrière scientifique de publier en son nom. Entre 1709 et 1711, elle a publié à trois reprises des travaux en son nom : elle s’intéressait à l’astrologie. À l’époque de sa découverte, astronome cette fois-ci, le seul journal scientifique publié en Allemagne était Acta Eruditorum : il était rédigé en latin. Maria Kirch ne maîtrisait pas cette langue, ce qui a pu expliquer que Gottfried Kirch ait publié en son nom seul.

Considéré comme une assistante

La position occupée par cette astronome permet aussi de comprendre ce qui s’est produit. Maria Kirch travaillait en étroite collaboration avec son mari et ne remplissait ainsi pas le rôle attendu d’une femme dans son foyer à l’époque. Tous deux observaient souvent le ciel ensemble, en se divisant le travail. Après la découverte de la comète, Maria Kirch et son mari ont suivi sa trajectoire jusqu’au 5 mai. Malgré ce travail conjoint, elle était considérée comme l’assistante de son mari.

Au long de sa vie, Maria Kirch a publié à plusieurs reprises en allemand ses travaux d’astronomie. Elle s’est notamment intéressée aux aurores boréales et à des planètes comme Jupiter et Saturne. Gottfried Kirch a occupé le poste de directeur de l’Observatoire de Berlin, tout comme Christfried Kirch, le fils du couple, en 1716. À cette époque, Maria Kirch poursuivait ses observations, désormais en tant qu’assistante de son fils.

Mais sa présence à l’observatoire, jugée trop envahissante (elle devait le moins se faire voir possible, surtout lors des événements publics) a pris fin en 1717. Elle a cependant continué à observer le ciel depuis chez elle, même si elle avait peu d’instruments pour le faire. Maria Kirch est décédée en 1720 à l’âge de 50 ans. La comète C/1702 H1 n’a jamais été nommée en son honneur.

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