Dans la mythologie grecque, Phaéton est le fils d’Hélios, le Soleil, et de Clymène, une nymphe aquatique. C’est aussi le nom qui a été donné à un étrange astéroïde de couleur bleue, sur lequel l’université de l’Arizona se penche au sein de son département de sciences planétaires. Le 26 octobre 2018, plusieurs chercheurs se sont penchés sur l’astéroïde Phaéton, dans une étude prépubliée sur arxViv.org et destinée à la revue Astronomical Journal.
Théodore Kareta, étudiant diplômé en sciences planétaires, s’y interroge en compagnie de son équipe de chercheurs sur la nature de cet étrange objet de 6 km de diamètre. 3 jours auparavant, ils ont présenté leur travail lors d’une conférence annuelle organisée par l’Union américaine d’astronomie.
« Cuit par le Soleil »
Plusieurs éléments ont attiré leur attention : parmi les astéroïdes qui ont une couleur semblable, Phaéton semble être celui dont l’aspect bleu est le plus prononcé. Sa couleur relativement uniforme laisse entendre que l’objet a été « cuit uniformément par le Soleil au cours des dernières années », précise l’université de l’Arizona dans un communiqué publié le 24 octobre.
Lorsqu’il orbite, cet astéroïde s’approche tellement près du Soleil que sa surface est chauffée jusqu’à 800°C — soit une chaleur suffisante pour faire fondre l’aluminium.
Pour en apprendre davantage sur Phaéton, les chercheurs ont utilisé les données enregistrées par l’Infrared Telescope Facility (IRTF), un télescope infrarouge de la Nasa situé à Hawaï, ainsi que par le télescope Tillinghast de l’Observatoire Fred Lawrence Whipple en Arizona. Ces outils ont permis aux scientifiques de s’intéresser au « rayonnement solaire réfléchi par Phaéton. »
« Les astéroïdes bleus sont rares et les comètes bleues sont presque inconnues », explique l’université. Le spécimen Phaéton semble à ce titre bien curieux, d’autant que cet « astéroïde bizarre […] se comporte parfois comme une comète. » En l’étudiant, les chercheurs l’ont trouvé « encore plus énigmatique » qu’auparavant.
Il est « encore plus énigmatique » qu’auparavant
Comme l’explique l’université de l’Arizona, la couleur bleue de certains astéroïdes s’explique par le fait qu’ils « réfléchissent davantage de lumière dans la partie bleue du spectre. » En fonction de leur composition en surface, les planètes mineures peuvent avoir différentes couleurs. Les astéroïdes oscillent souvent entre des couleurs grises et rouges.
Un astéroïde au comportement atypique
Les scientifiques s’interrogent aussi sur la classification de cet objet, qui présente à la fois des caractéristiques que l’on trouve chez les astéroïdes et les comètes — ces dernières se distinguent des astéroïdes par l’activité de leur noyau principalement composé de glace. Phaéton « a l’aspect d’un astéroïde », mais il « produit une faible traînée de poussière », notent les scientifiques dans le résumé de leur étude.
L’astéroïde Phaéton semble d’ailleurs être à l’origine du phénomène des Géminides, une pluie d’étoiles filantes qui se produit en décembre. Avant la découverte de cet astéroïde en 1983, les chercheurs pensaient que les Géminides étaient liées à des comètes et non à des astéroïdes.
Une traînée de poussière
Les chercheurs de l’université de l’Arizona en viennent à se demander si cet objet ne rend pas la distinction entre comètes et astéroïdes encore plus floue qu’elle ne l’est parfois — le cas d’Oumuamua a récemment illustré cela.
Les chercheurs se penchent désormais sur l’observation de 2005 UD, un autre petit astéroïde bleu : ils pensent qu’il pourrait avoir un lien avec Phaéton. Si les scientifiques parviennent à établir qu’ils ont des caractéristiques semblables, cela pourrait permettre d’en savoir plus sur cet énigmatique astéroïde bleu.
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