La prochaine fusée de l’entreprise Rocket Lab ne sera pas seulement réutilisable comme la Falcon 9 de SpaceX. Elle proposera surtout une approche unique.

Si vous avez déjà assisté à un lancement de fusée, vous connaissez sans doute la séquence générale : le lanceur décolle puis, à l’altitude adéquate, le premier étage se sépare et retombe sur Terre. Le reste de la fusée poursuit sa route et, au bout d’un moment, la charge utile — généralement un satellite — est libérée. Pour cela, la coiffe qui l’abrite s’ouvre en deux. Cela se fait précisément en éjectant les deux « demi-coquilles » qui la composent.

Tel est le déroulement habituel auquel on assiste en regardant des départs de fusées, de la Falcon 9 à Ariane 6. Un programme que l’entreprise américaine Rocket Lab, qui s’est fait un nom avec son micro-lanceur Électron, désire chambouler. En effet, la société fondée en 2006 par Peter Beck, qui en est toujours le patron et le directeur technique, veut proposer une toute nouvelle approche avec sa future fusée.

Une fusée Neutron réutilisable, mais pas que

On savait déjà que le nouveau lanceur, baptisé Neutron, pour rester dans le clin d’œil aux particules subatomiques, allait marcher en partie dans les pas de SpaceX, avec le développement d’un premier étage réutilisable. C’était ce que l’entreprise soulignait en mars 2021 lors de la présentation du projet. L’idée : réduire les coûts en limitant la fabrication de nouveaux premiers étages et multiplier les missions pour honorer un maximum de contrats.

Mais, ce ne sera pas sa seule particularité. Au fil de la conception de Neutron, une autre caractéristique s’est progressivement dégagée et elle s’avère unique en son genre. À la différence de ce que fait l’industrie aérospatiale dans ce domaine, Rocket Lab n’entend pas larguer la coiffe pour libérer la charge utile dans l’espace. Les deux demi-coquilles sont censées rester solidaires du premier étage pour resservir plus tard.

Ce concept surprenant avait été dévoilé il y a plus de quatre ans déjà, mais il est en passe de se concrétiser, en témoigne la vidéo partagée ce 9 mai 2025 sur YouTube. La vidéo montre des extraits de la procédure de qualification du premier étage et, notamment, la manière dont l’extrémité du lanceur s’écarte, comme une gueule qui s’ouvre. Les deux sections restent fixées à la structure. Elles se referment un peu plus tard.

Il aurait été possible pour Rocket Lab de suivre la procédure standard, qui consiste à larguer les deux morceaux de la coiffe et à les faire retomber en douceur en mer, pour permettre leur récupération et leur remise en état. C’est ce que fait par exemple SpaceX avec la Falcon 9 depuis quelques années. Après une rapide remise en état, elles sont déclarées bonnes pour le service et placées sur une nouvelle fusée.

Rocket Lab avait expliqué sa réflexion dans une autre vidéo, partagée en mars dernier. On pouvait alors déjà voir la logique de l’extrémité s’ouvrant en deux — ce que l’entreprise surnomme hungry hippo fairing. Un surnom traduisible par carénage de l’hippopotame affamé, mais qui rappelle aussi un célèbre jeu de Hasbro, Hippos Gloutons.

Ainsi, cette approche permet, selon Rocket Lab, de retirer les coûts induits par la récupération des deux demi-coquilles en mer, mais aussi ceux liés au transport et à la remise en état — puisque tout revient à la base et la coiffe n’est pas en contact avec l’eau de mer. Et surtout, Rocket Lab dit s’être aussi inspiré des avions de transport, qui ont aussi des sections qui s’ouvrent, à l’avant et à l’arrière, mais qui restent accrochées.

Rocket Lab Neutron
Rendu artistique du projet. // Source : Rocket Lab

Un deuxième étage incorporé au premier

Reste toutefois une question : comment est-ce possible d’avoir une fusée à deux étages comme le Neutron, tout en prévoyant une fusée dont les deux segments de la coiffe sont fixés au premier étage ? D’ordinaire, on les trouve plutôt tout en haut de la fusée, sur l’étage le plus haut. En l’espèce, ils devraient être fixés sur le deuxième étage de Neutron. Mais dans ce cas, ils ne seraient plus solidaires du premier.

Pour résoudre cette contradiction, Rocket Lab a eu l’idée d’un deuxième étage qui se situe en fait dans le premier étage. Ainsi, le premier étage est en fait toute la fusée Neutron, mais à l’intérieur se trouve le deuxième étage qui va propulser ensuite la charge utile à la bonne orbite. Ainsi, la coiffe peut rester avec le première étage sans difficulté. Autrement dit, le deuxième étage est caché dans le premier.

Voilà pour la théorie. Reste maintenant à mettre ça en pratique. Le premier vol pourrait advenir dès cette année.

(mise à jour avec une précision concernant le jeu de Hasbro)

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