Pensés pour des finalités civiles, les petits réacteurs modulaires (SMR, pour small modular reactors) pourraient avoir aussi un grand intérêt pour les forces armées sur le champ de bataille. C’est en tout cas la réflexion que développe l’Institut d’études de sécurité de l’Union européenne (IESUE), qui se consacre aux sujets de défense et de sécurité.
Dans un rapport publié le 25 juin 2025, les experts de l’IESUE constatent que « les bases militaires ont actuellement tendance à se connecter aux réseaux locaux avec des générateurs diesel de secours ». Or, cette pratique est « extrêmement vulnérable » en cas de conflit, avec des risques notables pour l’approvisionnement en carburant.
Que faire, alors ? « À court terme, avance l’IESUE, les options les plus prometteuses restent l’énergie solaire et éolienne ». L’institut mentionne le cas particulier du secteur minier, qui doit depuis longtemps se débrouiller pour apporter de l’électricité dans des zones reculées. Un exemple issu du monde civil qui pourrait inspirer les militaires.


Mais une autre option, complémentaire, peut aussi être mobilisée : celle des SMR. Il s’agit d’unités de production plus souples et plus petites que les centrales nucléaires classiques, dont la puissance est inférieure à 300 mégawatts (MWe). En comparaison, les centrales nucléaires françaises vont de 900 à 1 600 MWe.

Bien que moins puissant, le SMR présente deux atouts : il coûte moins cher à construire et son installation est plus souple. On peut ainsi l’envisager à proximité de zones urbaines ou industrielles (Emmanuel Macron a avancé l’idée d’en déployer au profit du grand port maritime de Marseille), et dans des zones isolées, mal ou pas desservies.
« Les SMR gagnent en popularité dans le monde, note l’IESUE, car ils fournissent un flux fiable et constant d’électricité ». L’institut note d’ailleurs que « l’armée américaine a également commencé à tester des SMR mobiles, avec le projet Pele développant des réacteurs suffisamment compacts pour être transportés dans des conteneurs maritimes. »
L’électrification du champ de bataille force aussi les armées à faire une transition énergétique
La combinaison des réacteurs nucléaires mobiles, du solaire et de l’éolien pour soutenir les forces armées ne vise pas seulement à résoudre un souci de vulnérabilité pour les générateurs diesel de secours. Il s’agit aussi de se préparer à l’électrification croissante du champ de bataille, ce qui nécessite d’avoir des unités de production en nombre.
C’est un autre aspect relevé dans le rapport : « Les conséquences militaires de la transition énergétique commencent également à se matérialiser. La capacité européenne de raffinage des combustibles fossiles liquides est en déclin terminal, alors même que la demande explose, aggravant une dangereuse dépendance. »

L’IESUE note que dans le conflit russo-ukrainien, les drones bon marché alimentés par batterie représentent désormais environ 70 % des pertes sur le champ de bataille. Or, ceux-ci sont massivement utilisés de part et d’autre de la ligne de front, là où des équipements militaires plus traditionnels, tels les chars, se font plus discrets — du moins, actuellement.
Les besoins en électricité vont vraisemblablement aller croissant : outre les drones, on voit émerger de plus en plus d’armes à énergie dirigée — c’est-à-dire les lasers, qui servent notamment à détruire les aéronefs sans pilote –, mais également des équipements pour servir au brouillage électronique. De forts brouillages GPS ont lieu à l’est de l’Europe.
« Les armées ont besoin d’un approvisionnement électrique fiable », résume l’institut. Or, la multiplication de ces armes énergivores, couplée avec l’électrification généralisée de la mobilité militaire (le véhicule militaire Scarabée d’Arquus est à propulsion hybride), va requérir de profonds changements. Car « aucune armée ne peut fonctionner sans énergie. »
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