Le vol d’adieu du lanceur Ariane 5 arrivera mi-juin 2023. Il viendra clore une carrière opérationnelle longue de 27 ans presque parfaite.

Ça y est : Ariane 5 s’apprête à quitter la scène pour de bon. Le 16 juin 2023, la fusée emblématique de l’Europe spatiale s’élèvera une dernière fois de la Guyane française pour son ultime mission. VA261, le nom de code pour ce vol, sera le point final d’une carrière opérationnelle commencée il y a vingt-sept ans. La suite s’écrira avec Ariane 6, qui se fait attendre.

Ariane 5 effectuera son vol d’adieu au profit de deux satellites — l’un militaire, avec Syracuse 4B (communications militaires, pour la DGA — Direction générale de l’armement) et l’autre civil, avec le démonstrateur technologique Heinrich-Hertz. Pendant un temps, Ariane 5 aurait pu conclure son aventure avec la mission JUICE, mais le calendrier a été remanié.

Des débuts laborieux, avant une carrière impeccable

Si la carrière d’Ariane 5 a été presque impeccable, elle avait pourtant très mal commencé en 1996. Son vol inaugural a été marqué par un échec. En cause, un dysfonctionnement informatique a entrainé un changement soudain dans la trajectoire du lanceur. Une explosion a suivi, trente secondes après le décollage de Guyane.

Le vol suivant, planifié un an après, n’a pas permis de corriger tous les défauts de jeunesse d’Ariane 5. La mission s’est mieux passée, mais elle est considérée comme un demi-échec. Il a avait été relevé un « couple de roulis excessif pendant le vol de l’étage principal cryogénique », selon le résultat d’une enquête partagé en avril 1998.

Jusqu’au début des années 2000, Ariane 5 connaîtra encore deux difficultés, l’une en 2001 (un échec partiel) et l’autre en 2002 (un échec complet). Ensuite, Ariane 5 fera un sans-faute jusqu’en 2018 — date à laquelle où un dernier écart, modéré, sera recensé. Le bilan des courses est flatteur : sur 116 vols, il y a eu 111 succès, soit un taux de fiabilité de 95,6 %.

Ariane 5
Un décollage de fusée Ariane 5. // Source : ESA/CNES/ARIANESPACE – Optique Video CSG, P. Baudon, 2010

Ces vingt-sept années opérationnelles ont vu passer cinq versions différentes de ce lanceur.

La première s’appelait 5G (pour cinquième génération, rien à voir avec la 5G) et a servi de 1996 à 2006. Une 5G+ a existé en 2004. Entre 2005 et 2009, et entre 2008 et 2018, il y a eu les versions 5GS et 5ES. La version la plus moderne est la 5ECA, employée depuis 2002 (et exclusivement depuis 2018). Ironie de l’histoire, elle a démarré par un échec, justement.

Le chapitre suivant sera donc écrit par Ariane 6, dont les débuts opérationnels tardent — le vol inaugural est espéré pour le quatrième trimestre 2023, mais un glissement à 2024 est plausible. De fait, l’absence d’autres fusées Ariane 5 et le retard accumulé par Ariane 6 entraînent un trou capacitaire pour l’Europe spatiale. Et, cela ne touche pas que cette gamme de lanceur.

Ariane 6 doit fonctionner une dizaine d’années, avec deux versions (avec deux ou quatre boosters latéraux, en fonction de l’importance de la charge utile), et ainsi rendre à l’Europe un capacité souveraine d’accès à l’espace. Au-delà de 2030, le futur des fusées est déjà pensé. La prochaine génération de la famille Ariane a déjà un surnom : Ariane Next.


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