Des scientifiques ont découvert une plasticité rare, et socialement choisie, de l’organe reproducteur chez les femelles d’une espèce de rongeurs. Cette capacité d’un mammifère à modifier physiquement cette partie du corps remet quelques aprioris en question.

Les organes reproducteurs des mammifères ne sont pas aussi « fixes » qu’on l’imagine. Une découverte chez des rongeurs va en ce sens : « Cela apporte un autre exemple que les choses ne sont pas aussi dogmatiquement simples que les gens le pensent », estime le biologiste Alexander Ophir.

Avec son équipe, ils se sont penchés sur le système de reproduction chez des cricétomes — une espèce de rongeurs autrefois appelée « rat géant » présente en Afrique. Comme le rapporte leur étude publiée le 27 mars 2023, ils ont découvert que les femelles pouvaient modifier à dessein la morphologie de leur vagin. Une plasticité rare, reliée aussi au comportement social de l’espèce.

Les femelles peuvent ouvrir et refermer leur vagin

Concrètement, la femelle du cricétome a la capacité d’ouvrir ou de refermer son organe reproducteur — le vagin — plusieurs fois au cours de sa vie. Habituellement, ce comportement est observé au niveau hormonal : l’émission d’hormones qui indiquent que la reproduction est acceptée ou non. Là, cela se fait physiquement, au niveau morphologique : leur utérus est plus petit, leur orifice vaginal refermé. L’urine a également une composition différente, reflétant cette transition biologique.

Le cricétome est un rongeur, proche du rat. // Source : Wikimédias/Laëtitia Dudous
Le cricétome est un rongeur, proche du rat. // Source : Wikimédias/Laëtitia Dudous

Les chercheurs ont pu relier cette particularité physique au comportement social. Ils ont observé que de nombreuses femelles cessent de se reproduire, par ce changement morphologique, après une première grossesse réussie. Il semble y avoir plusieurs critères. Cela dépend aussi de la forme hiérarchique du groupe. Il y a une femelle dominante, qui est en charge d’une grande partie de la reproduction. Si cette femelle dominante vient à décéder, certaines femelles peuvent être amenées à rouvrir leurs parties génitales pour la reproduction.

En clair, cela peut être définitif, tout comme cela peut être temporaire, et la transition peut advenir à plusieurs reprises à l’échelle de leur vie. Elles font évoluer leur morphologie en fonction de leur besoin de se reproduire ou non.

« Les choses sont probablement beaucoup plus flexibles que nous ne le pensons »

« Le fait qu’il existe une capacité naturelle à modifier la morphologie et la physiologie de la reproduction suggère que les choses sont probablement beaucoup plus flexibles que nous ne le pensons », conclut Alexander Ophir.

Des scientifiques ont déjà observé des comportements similaires chez d’autres mammifères, en particulier pour des raisons de hiérarchie sociale. Ainsi, les reines de l’hétérocéphale — ou rat-taupe nu — nourrissent les autres femelles avec des excréments contenant des hormones ayant pour effet d’en faire leurs subordonnés (des sortes de nounous) et de les empêcher d’ovuler. C’est la modification physique de l’organe génital qui relève d’une nouvelle observation.

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