« Tout ce que tu fais a une incidence sur notre famille », clame le super-héros Utopian à son fils Brandon dès le premier épisode de Jupiter’s Legacy. Et c’est bien là le thème central de cette nouvelle série Netflix : l’héritage. Disponible depuis ce 7 mai, elle est adaptée du comics imaginé par Mark Millar et Frank Quitely, et résulte du rachat par la plateforme SVOD du label Millarworld.
Tout en bénéficiant d’une esthétique assez flamboyante, car tout est fait pour donner un look herculéen aux personnages et aux combats, Jupiter’s Legacy n’innove pas vraiment là où l’on croit. De nombreux versants de la série, aussi bien réalisés soient-ils, sont vus et revus. Si l’on n’est ni surpris par les costumes, ni par les pouvoirs, ni par les combats, ni par les grands enjeux, ce n’est toutefois pas si grave, puisque cela ne semble pas être le propos de Jupiter’s Legacy. C’est une série qui trouve son originalité dans deux ressorts scénaristiques : le thème de l’héritage et de la transmission, ainsi qu’un mystère captivant sur l’origine des superpouvoirs.
Le poids de l’héritage
Le fardeau est bien lourd, pour Brandon et Chloe. Comment exister pleinement quand vous êtes célèbres parce que votre père est un demi-dieu, Sheldon Sampson alias Utopian, et votre mère une demi-déesse, Grace Sampson alias Lady Liberty ? Ils sont pourtant bien, eux aussi, pourvus de pouvoirs. Mais Brandon fait un complexe d’infériorité, cherchant à tout prix à être à la hauteur de son père sans jamais avoir le sentiment d’y arriver — et Sheldon, père excessivement exigeant par excellence tout en étant peu présent, n’aide pas vraiment. De son côté, Chloe refuse tout simplement de s’adonner à des activités superhéroïques, tout en se noyant dans la fête, l’alcool, et la drogue — mais elle est évidemment plus complexe que cela.
Comme Umbrella Academy, on peut considérer que Jupiter’s Legacy s’amuse avec le principe de « famille dysfonctionnelle » en l’appliquant à une famille superhéroïque, dont les enjeux relèvent alors du sort de l’Amérique ou du monde. Mais là où Umbrella Academy adopte une approche loufoque et second degré (ce qui fonctionne d’ailleurs à merveille), Jupiter’s Legacy cherche clairement à montrer que la série explore ce sujet avec sérieux et maturité. On se retrouve alors avec des super-héros et super-héroïnes en psychothérapie familiale permanente.
Ces rapports familiaux sont intelligemment abordés — typiquement, tout semble fait pour éviter l’écueil de faire reposer toute la faute d’une mauvaise relation sur une seule personne. S’il y a au moins un ou deux dialogues bas de plafonds par épisode, l’ensemble reste relativement bien écrit. Au cœur de la narration se trouve la notion d’héritage (ou peut-être plus largement de la transmission). Les personnages doivent sans cesse trouver un équilibre ardu entre le poids du passé, les enseignements de ce passé, et le besoin de forger quelque chose de nouveau. Les super-pouvoirs servent finalement de vecteur à ces réflexions.
Mais d’où viennent les pouvoirs ?
Lorsque l’on se jette dans le premier épisode de Jupiter’s Legacy, l’entrée en matière ne laisse pas beaucoup de place à l’empathie : il est difficile de s’identifier aux personnages, ceux-ci ne sont ni attachants, ni touchants. Il en va de même au long du deuxième épisode. C’en serait presque un défaut de la série quant au rythme : les débuts sont humainement très mous. Cela commence pourtant à basculer à la fin du deuxième épisode et au cours du troisième, moment à partir duquel les personnages concèdent enfin de fendre l’armure, de nous montrer leurs singularités, leurs contradictions ; leur humanité.
Passé l’introduction quelque peu molle, un questionnement vient presque nous obséder : mais d’où viennent les pouvoirs ? Ceux des super-héroïnes et super-héros d’origine, évidemment, mais aussi ceux de tous ceux et toutes celles qui arpentent la ville avec des pouvoirs.
Sur ce mystère, la série tire son épingle du jeu grâce à une narration découpée en deux temporalités : le début du 20e siècle, lorsque Sheldon Sampson, son frère et ses amis, n’ont encore aucun pouvoir ; et la fin du 20e siècle, quand Sheldon est le super-héros le plus puissant au monde et que tant de gens ont également des pouvoirs. Il faut bien admettre que si la temporalité la plus récente est intéressante avec ses problématiques familiales, c’est l’origin story qui est véritablement captivante et jouissive à suivre : on ne sait pas où l’on va, ce qu’il va se passer, comment les choses vont être expliquées.
Jupiter’s Legacy, saison 1, disponible sur Netflix depuis le 7 mai.
Le verdict
Jupiter's Legacy
On a aimé
- Esthétique clinquante
- Le mystère des super-pouvoirs tient en haleine un bon moment
- Le thème de l'héritage livre une interprétation intéressante des super-héros
On a moins aimé
- Une introduction mollassonne dans la construction des personnages
- Quelques dialogues bas de plafonds
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