Astral Chain prouve une fois encore que PlatinumGames sait faire des jeux d’action au gameplay technique et exigeant. Merci pour la Switch.

Depuis son tout premier jeu intitulé MadWorld, PlatinumGames a une relation privilégiée avec Nintendo. Ces dernières années, le studio a offert quelques exclusivités aux consoles de la firme nippone. On pense notamment à Bayonetta 2, qui n’est sorti que sur Wii U et Switch après un premier opus initialement lancé sur PlayStation 3 et Xbox 360. En attendant des nouvelles de Bayonetta 3, uniquement prévu sur Switch, PlatinumGames et Nintendo nous proposent Astral Chain.

Astral Chain // Source : Nintendo

Astral Chain

Source : Nintendo

Astral Chain s’apparente à un jeu d’action comme PlatinumGames en a le secret, c’est-à-dire avec une emphase sur le gameplay. On y incarne un agent d’une force spéciale chargée de débarrasser la terre d’une menace venue d’une autre dimension. Par chance, le joueur n’est pas seul pour affronter les nombreux ennemis qui se dressent sur sa route.

Comme un animé japonais

Il est arrivé à PlatinumGames de privilégier le fond plutôt que la forme. Astral Chain déroge à cette règle en s’appuyant sur un univers mieux pensé que ses précédentes productions. Certes, les férus d’œuvres japonaises navigueront en terrains connus : les héros sont beaux, les héroïnes sont belles, les cheveux sont parfois bleus ou roses, les méchants ont des têtes de méchants, le futur rime avec Cyberpunk… Bref, on se retrouve en face de poncifs, mis en exergue par de jolies cinématiques qui rappellent un vrai film d’animation. Pour l’immersion, c’est un gros plus. Sauf si on est totalement hermétique au genre.

Un vrai film d’animation

Si les ficelles sont très prévisibles, l’histoire déployée ne manque pas de rebondissements. L’astuce scénaristique consiste à combattre le Mal par le Mal, une entreprise étant parvenue à capturer des créatures venues d’ailleurs pour en faire de précieuses alliées face aux Chimères. Ces compagnons, sorte de méchas organiques au design très réussi, s’appellent les Légions. À noter qu’on a le choix entre incarner un homme ou une femme au début de l’aventure. Fait étrange : le héros ou l’héroïne ne dira pas un mot de tout le jeu.

Pour un jeu Switch, Astral Chain affiche de jolis graphismes. La direction artistique, volontairement sombre pour épouser les enjeux qui pèsent sur une Humanité au bord de l’extinction laisse entrevoir quelques lueurs d’espoir. Elles se matérialisent par des effets visuels qui se déploient quand l’action devient plus intense. On y perd parfois en lisibilité, mais, d’un point de vue technique, le moteur fait preuve d’une solidité sans faille. C’est un point essentiel pour une production qui se veut frénétique et PlatinumGames maîtrise suffisamment le hardware de la Switch pour offrir une expérience confortable.

Deux personnages à la fois

PlatinumGames sait faire des jeux d’action de type beat them all. Ses Bayonetta restent les meilleurs représentants du segment à date. Astral Chain ne viendra pas bousculer l’ordre établi, mais il dispose quand même d’un argument pour se faire une place au soleil. Dans cette exclusivité Switch, on peut contrôler deux personnages en même temps : l’humain et la Légion, littéralement tenue en laisse comme un chien fidèle. L’astuce est bien évidemment de coordonner les attaques du duo pour faire toujours plus de dégâts. La majorité du temps, la Légion, dont le temps d’apparition est limité, est autonome — sauf si un deuxième joueur vient à l’incarner grâce au mode coopératif (un seul Joy-Con suffit).

Un gameplay technique et qui ne cesse d’évoluer

Ce gameplay que l’on pourrait considérer comme double mobilise toutes les touches de la Switch. Il y a matière à s’y perdre parmi toutes les combinaisons possibles. D’autant qu’il y a plusieurs Légions différentes — aux pouvoirs propres — et que l’on peut passer de l’une à l’autre en fonction des situations. PlatinumGames équilibre cette complexité avec différents modes de difficulté. Néanmoins, le studio n’échappe pas au syndrome de la fin beaucoup trop ardue quand on la compare à tout le reste (spoiler : le dernier boss est atroce).

On retiendra surtout qu’Astral Chain s’appuie sur un gameplay technique et qui ne cesse d’évoluer, parfois dans l’excès, pendant la quinzaine d’heures réclamée pour en voir le bout. Dommage qu’il doive composer avec quelques imperfections. On garde ainsi de très mauvais souvenirs des attaques combinées qui ne contrent pas les coups adverses et imposent un timing douteux. Et on déteste tout autant les phases de plateforme paralysées par une imprécision constante, surtout quand il est nécessaire de chevaucher la Légion quadrupède (elle a tendance à n’en faire qu’à sa tête). Les portions d’infiltration ? On en rigole encore.

Astral Chain // Source : Nintendo

Astral Chain

Source : Nintendo

Des enquêtes pour calmer le rythme

En termes de progression, on peut rendre plus puissants le personnage humain et les différentes Légions. PlatinumGames ne s’est pas contenté d’un simple gain de niveaux basé sur de l’expérience à accumuler. On a, d’un côté, des orbes à intégrer aux arbres de compétences des robots et, de l’autre, un arsenal que l’on peut améliorer (sachant que les Légions sont considérées comme des armes à part entière). Par conséquent, il faut s’attendre à passer plusieurs minutes dans les menus à la clarté discutable entre chaque mission.

Une production exigeante dans le catalogue de la Switch

En plus de son gameplay d’une richesse bienvenue, Astral Chain repose sur un contenu tout aussi généreux. Les missions débutent généralement par une petite enquête consistant à récolter des indices et à faire la bonne déduction à la fin. N’y cherchez pas un moyen d’employer vos cellules grises, plutôt une manière de reposer vos pouces entre les nombreux affrontements. Le titre encourage par ailleurs l’exploration : les décors recèlent d’objectifs additionnels et de coffres bien remplis. En fonçant tête baissée, vous n’obtiendrez pas la meilleure note à l’issue du niveau — un classique du beat them all (on retrouve cette structure dans les Bayonetta).

Astral Chain // Source : Nintendo

Astral Chain

Source : Nintendo

Autre preuve que PlatinumGames invite les joueurs à passer du temps dans son jeu : il est possible de remplir toute une palanquée de défis avec des récompenses à la clé. Ils vont du simple achèvement d’une mission à la répétition d’une action spécifique. Ils se révèlent vite indispensables pour récupérer des ressources utiles à la progression du héros et de ses Légions.

À l’arrivée, il y a vraiment de tout dans Astral Chain : combats intenses, infiltration, personnalisation, exploration, plateforme, contenu post-générique, tâches annexes… Au point que l’on pourrait accuser le studio de zèle. Face à tous ces éléments, les joueurs les moins doués ne sauront pas où donner de la tête. Les autres affirmeront que cela fait du bien de voir une production exigeante dans le catalogue de la Switch.

Le verdict

Alors que les fans de PlatinumGames guettent des nouvelles de Bayonetta 3, le studio japonais surprend tout le monde avec Astral Chain. L’exclusivité Switch est loin d’être un simple produit de commande et prend la forme d’un jeu d’action survitaminé et servi par un gameplay vite très technique. 

On ne lui reprochera finalement que son excès de zèle. Dans sa générosité débordante, PlatinumGames ne parvient pas à tout bien faire et certaines portions — infiltration, plateforme — dénotent un peu trop avec le reste. En résulte une exigence qui devient de l’exotisme dans le catalogue de la Switch. 


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