L’une des sorties Netflix les plus attendues de l’année va enfin débarquer sur nos écrans : le film Frankenstein sera ainsi mis en ligne dès le 7 novembre 2025, sur la plateforme de streaming. Mais cette réécriture du roman culte, pilotée par Guillermo del Toro, est-elle vraiment à la hauteur ? Voici notre critique, sans spoilers.

Certains réalisateurs sont littéralement nés pour adapter des œuvres à l’écran. Guillermo del Toro, lui, a toujours su qu’il souhaitait donner vie au roman Frankenstein, imaginé par Mary Shelley. Son vœu le plus cher a finalement été exaucé grâce à une marraine la bonne fée plutôt généreuse : Netflix.

La plateforme de streaming a ainsi accordé un beau pactole de 120 millions d’euros au réalisateur du Labyrinthe de Pan, de Hellboy et de La Forme de l’Eau, pour électriser ses envies les plus folles. Résultat : Frankenstein, disponible à partir du 7 novembre 2025, est une œuvre titanesque, qui représente l’aboutissement de toute la carrière de Guillermo del Toro. Voici notre avis, sans spoilers, sur cette création ultime.

Une adaptation respectueuse du roman de Mary Shelley…

Une histoire de monstre pas si monstrueux, un rejet total de la différence par la société, un personnage égocentrique qui repousse toutes les limites de l’âme humaine et une atmosphère gothique à souhaits : sur le papier, déjà, Frankenstein représentait tout ce que Guillermo del Toro aime décortiquer, pour le grand écran. Et ses fans de la première heure ne seront pas déçus : le film respecte toutes ses promesses. Dès son prélude, un impressionnant huis clos glacial dans l’immensité du Grand Nord, seulement perturbé par l’apparition d’une créature absolument gigantesque, l’adaptation nous montre que le voyage sera grandiose.

La créature de Frankenstein revisitée // Source : Ken Woroner/Netflix
La créature de Frankenstein revisitée. // Source : Ken Woroner/Netflix

Puis, le personnage de Victor Frankenstein prend les rênes du récit pour nous raconter son histoire : celle d’un scientifique exécrable, aux faux airs d’Icare, qui s’est brûlé les ailes en cherchant à donner la vie. Assisté par un riche marchand d’armes, il se lance ainsi dans la quête ultime : celle de l’immortalité. Mais les rêves sont-ils vraiment faits pour être concrétisés ?

Voilà l’une des nombreuses questions posées par Frankenstein, qui bascule à mi-parcours pour nous offrir un tout autre point de vue : celui de la créature, blessée et abandonnée. Le film de Guillermo del Toro rend ainsi parfaitement hommage au roman original de Mary Shelley, en conservant scrupuleusement sa construction narrative. Ou bien tout ceci n’est-il qu’illusion ?

… Ou un regard bien différent sur la vie et la mort ?

Frankenstein choisit ainsi de respecter à la lettre la trame générale de l’œuvre culte, pour mieux s’en émanciper. Sans spoiler, disons que le film choisit une fin plutôt prévisible, mais qui va totalement à l’encontre des écrits de Mary Shelley. Grâce à cette pirouette scénaristique, Guillermo del Toro nous offre un nouveau regard sur la fameuse créature qui hante la pop culture depuis déjà deux siècles.

On y découvre une figure plus naïve, innocente et pure, qui célèbre davantage la vie, que la mort. Plus optimiste et lumineuse que prévu, la conclusion de Frankenstein prouve que le long-métrage se situe à la croisée de deux chefs-d’œuvres du réalisateur : La Forme de l’Eau et Crimson Peak.

Frankenstein // Source : Ken Woroner/Netflix
L’esthétique de Guillermo del Toro transpire dans chaque plan de Frankenstein. // Source : Ken Woroner/Netflix

Le propos sur la différence, la solitude, la représentation des monstres, l’acceptation de soi, le deuil, l’amour tragique et la folie, si cher à Guillermo del Toro, est ainsi à nouveau sublimé par son savoir-faire esthétique si singulier. Dominée par les couleurs blanches et noires, percée ici et là par des éclairs rouge sang, la beauté de Frankenstein illumine chaque plan, chaque détail.

Certaines séquences sont ainsi visuellement si parfaites qu’elles imprimeront à coup sûr votre rétine pour de longues années à venir. Il est simplement regrettable qu’un bon nombre d’entre elles aient été dévoilées dès les bandes-annonces, réduisant forcément l’effet de surprise au visionnage final. Et gare aux âmes les plus sensibles : une longue scène de dissection, particulièrement réaliste, vous amènera probablement à détourner le regard, le temps de quelques minutes.

Jacob Elordi brille de mille feux dans Frankenstein

Et que dire du point fort de Frankenstein, de son cœur battant et de sa plus belle réussite ? À chacune de ses apparitions, la créature dévore ainsi l’écran, grâce à deux atouts majeurs. D’abord, sa sublime apparence, inspirée par les dessins de Bernie Wrightson, qui avait modernisé avec brio ce personnage iconique, avec de longs cheveux noirs et un aspect plus humain que jamais.

Guillermo del Toro s’inscrit dans cet héritage, en mettant en avant une créature plus fragile et moins monstrueuse qu’à l’accoutumée, meurtrie par d’immenses coutures d’une précision littéralement chirurgicale. Une vision plus douce de ce protagoniste, si souvent dépeint comme un être dangereux et mortel, qui colle parfaitement à l’univers déployé par le cinéaste depuis tant d’années.

Jacob Elordi est sublime dans Frankenstein // Source : Ken Woroner/Netflix
Jacob Elordi est sublime dans Frankenstein. // Source : Ken Woroner/Netflix

Dans cette volonté de redonner aux monstres l’humanité qu’ils méritent, Guillermo del Toro a pu compter sur un allié de taille : le comédien Jacob Elordi (Euphoria, Saltburn), qui brille de mille feux sous des dizaines de prothèses méticuleusement appliquées sur l’intégralité de son corps pour les besoins du film.

Face à lui, l’excellent Oscar Isaac (Dune, Ex-Machina) livre une performance habitée, mais presque fade face à son partenaire de jeu. Une façon de prouver, à nouveau, que celles et ceux que la société persiste à ériger en anomalies finissent toujours par trouver la lumière, et par devenir les étincelles les plus flamboyantes, face à la cruauté des hommes.

Le verdict

Source : Netflix
8/10

Frankenstein (2025)

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Frankenstein est sans aucun doute l’aboutissement de la carrière de Guillermo del Toro, mélangeant ses thématiques de prédilection autour de la différence, aperçues notamment dans la Forme de l’Eau, à une esthétique profondément gothique, proche de celle de Crimson Peak. Jacob Elordi y livre la performance de sa vie, en créature meurtrie par la stupidité des hommes. Malheureusement, le film Netflix souffre de quelques longueurs, et surtout d’un troisième acte moins maîtrisé, plombé par des tournants scénaristiques légèrement précipités. Frankenstein reste tout de même un voyage grandiloquent et le film de monstres ultime pour le cinéaste.
Comparatif svod // Source : Montage Numerama
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