Il y a des genres qui ne vieillissent pas et des histoires qui traversent les époques, et le jeu de rôle japonais en regorge depuis plusieurs décennies. Parmi les sagas qui ont façonné le genre, Dragon Quest fait figure de référence absolue. Alors, forcément, quand les deux premiers épisodes reviennent dans une somptueuse version HD-2D, Numerama se devait de s’y plonger. Notre test.

Même si vous n’avez fait aucun jeu en HD-2D, vous avez sûrement posé vos mirettes au moins une fois sur un titre adoptant ce style artistique. Terme inventé et déposé par Square Enix pour décrire les visuels d’Octopath Traveler en 2018, la HD-2D combine des éléments en 2D, tels que le pixel art, avec des environnements entièrement en 3D. Utilisé principalement dans des jeux de rôle japonais (JRPG), ce style graphique sied à merveille aux remasters par sa capacité à moderniser l’apparence des vieux jeux de l’ère 16 bits, tout en préservant une certaine authenticité.

Et qui d’autre que Dragon Quest, figure culte du JRPG japonais créée en 1986, pouvait s’approprier avec autant d’évidence ce rendu ? Après avoir passé à la moulinette HD-2D l’épisode III de la licence en 2024, Square-Enix et la Team Asano remettent le couvert pour Dragon Quest I & II HD-2D Remake. Premiers épisodes de la licence, mais qui se placent après l’épisode III chronologiquement, Dragon Quest I & II sont des titres qui n’ont pas perdu de leurs charmes, malgré un ton désuet et une approche simpliste du genre. Mais est-ce que la force des premiers JRPG d’Enix est toujours présente en 2025 ? Réponse dans notre test écrit entièrement en 2D.

La nostalgie, en plus beau

Il n’y a pas besoin de graphismes à couper le souffle, de photoréalisme, de ray tracing et de textures à n’en plus finir pour en mettre plein les yeux. Avec son nouveau style HD-2D, le remaster de Dragon Quest I & II peut se targuer d’être l’un des plus beaux jeux de 2025. Quel bonheur d’arpenter les environnements avec leurs couleurs chatoyantes, les rayons de soleil qui percent le feuillage des arbres et les intérieurs chaleureux. Dès les premières minutes, le titre est un régal pour les yeux.

Dragon Quest I & II HD-2D Remake // Source : Square-Enix
Les fabuleux décors de Dragon Quest I & II HD-2D Remake. // Source : Square-Enix

Chaque village est baigné d’une lumière douce et colorée qui confère à l’ensemble une chaleur réconfortante. La direction artistique joue habilement avec la profondeur de champ et le tilt-shift, donnant à chaque plan l’allure d’un diorama. Les reflets sur l’eau et la poussière flottant dans un rayon de soleil participent également à la magie.

Dès les premières minutes, Dragon Quest I & II HD-2D Remake est un régal pour les yeux

L’épisode II, surtout, vous fera pousser la porte des auberges bien plus souvent que nécessaire. Non par besoin, mais par envie : celle de retrouver la chaleur familière d’une auberge après les périls du voyage, et de savourer ce court instant où tout semble enfin paisible.

Les villages sont de véritables havres de paix // Source : Square-Enix
Les villages sont de véritables havres de paix. // Source : Square-Enix

Cette esthétique HD-2D ne se contente pas de raviver la nostalgie des pixels de l’époque 16-bits : elle la réinvente tout en conservant la patte graphique de feu Akira Toriyama, character designer sur la série. Les sprites des ennemis lors des combats sont d’ailleurs d’une finesse exemplaire : les monstres conservent leurs expressions très manga et leur charme d’antan, la fluidité des animations en plus. Dragon Quest I & II HD-2D Remake ne se contente donc pas d’être beau : il célèbre 40 ans d’histoire du jeu vidéo japonais de la plus belle des manières.

L’apparence de la simplicité

Bien sûr, il s’agit ici de jeux vidéo qui approchent tranquillement de leurs quarante ans. Sortis respectivement au Japon en 1986 et 1987 sur NES, Dragon Quest I & II portent forcément le poids des décennies, notamment lorsqu’on s’attarde sur leur scénario un brin naïf, bien que fondateur.

Simplistes, les histoires des deux jeux le sont forcément, mais c’est aussi ce qui fait leur charme. À une époque où les capacités des consoles bridaient encore les ambitions scénaristiques, les créateurs cherchaient déjà à faire vivre des épopées, mais avec les moyens du bord. L’aventure se faisait alors plus brute, plus directe, privilégiant le ressenti du voyage à la mise en scène du récit.

L'introduction de Dragon Quest II ne laisse pas insensible. // Source : Square-Enix
L’introduction de Dragon Quest II ne laisse pas insensible. // Source : Square-Enix

Pour autant, les jeux d’Enix n’étaient pas dénués d’ambition scénaristique. Ils savaient même convoquer une certaine tragédie shakespearienne, à laquelle le remake rend justice avec brio. Si Dragon Quest I reste plutôt discret dans son récit, Dragon Quest II, de son côté, n’hésite pas à pousser le drame à son paroxysme, dès une introduction poignante et mémorable. Au centre des deux récits, des forces du mal vraiment cruelles, et des figures héroïques pures et courageuses.

Sans trop en dire pour celles et ceux qui découvriraient la série avec ce remake, rappelons que les deux premiers Dragon Quest mettent en scène les descendants d’Elric, le héros du troisième épisode. Là où le premier volet vous place dans la peau d’un aventurier solitaire, Dragon Quest II vous confie la direction d’une équipe de quatre héros aux personnalités bien trempées, insufflant une meilleure dynamique au récit et rendant ses scènes bien plus vivantes.

Malgré le minimalisme, certaines scènes sont tragiques. // Source : Square-Enix
Malgré le minimalisme, certaines scènes sont tragiques. // Source : Square-Enix

Souvent un brin désuets et parfois expéditifs dans leurs intrigues, les deux jeux n’en demeurent pas moins de superbes récits, empreints du charme des contes à lire au coin du feu. Quarante ans plus tard, ce remake n’essaie pas de dissimuler le poids du temps, il le célèbre avec tendresse. Le doublage japonais, ajouté aux moments forts du récit, apporte même une touche d’émotion supplémentaire qui rend l’ensemble encore plus attachant, surtout accompagné des sublimes partitions de Kōichi Sugiyama, réorchestrées pour l’occasion.

J’ai parcouru une grande partie de l’aventure aux côtés de mes deux acolytes de jeu préférés (six et huit ans au compteur), et leurs yeux émerveillés devant chaque rebondissement m’ont rappelé à quel point ces histoires sont véritablement intemporelles. Loin de vieillir, la magie de Dragon Quest et de nombreux JRPG de cette époque perdure et se transmet tout naturellement, tout au long des quinze heures que dure l’épisode I et des quarante heures de jeu proposées par l’épisode II.

Ah, mais c’est super dur en fait

À l’heure où l’on parle de darksoulisation du jeu vidéo pour évoquer des titres de plus en plus difficiles qui ne laissent pas le droit à l’erreur, c’est oublier que dans les années 80 et au début des années 90, on en bavait quand même pas mal. Ghosts ‘n Goblins ou Battletoads ont brisé bien des manettes chez nous, et de l’autre côté du globe, Dragon Quest a aussi fait son lot de victimes.

Certains combats sont très tecniques. // Source : Square-Enix
Certains combats sont très techniques. // Source : Square-Enix

Les équipes de Square Enix et de la Team Asano veulent proposer le plus bel hommage possible sans pour autant changer complètement la formule. Ne vous laissez alors pas tromper par sa direction artistique chaleureuse, ses personnages mignons et sa galerie de montres rigolos : Dragon Quest I & II HD-2D Remake n’est pas toujours une partie de plaisir. Comme tout bon JRPG de l’époque, il va falloir farmer pour faire monter vos personnages en niveau.

Heureusement, les nombreux sorts et attaques spéciales que l’on apprend au fil des combats procurent un véritable sentiment de puissance. Les affrontements au tour par tour, résolument old-school, se montrent parfois exigeants, mais la richesse des coups et des sorts disponibles est un vrai plaisir pour qui aime élaborer des stratégies afin de vaincre intelligemment chaque monstre rencontré. Comme souvent dans les JRPG, la défense reste la meilleure des attaques : il faudra bien réfléchir avant d’utiliser ses compétences, sous peine de gaspiller de précieux points de vie.

Le deuxième épisode vous permet de controle plusieur personnages, pour plus de stratgégie. // Source : Square-Enix
Le deuxième épisode vous donne la possibilité d’incarner plusieurs personnages, ajoutant une dimension stratégique supplémentaire. // Source : Square-Enix

La vue à la première personne durant les combats renforce ce sentiment de puissance que l’on ressent à chaque montée de niveau. Revenir affronter un ennemi particulièrement coriace quelques heures plus tôt et enfin lui faire mordre la poussière procure une satisfaction telle qu’elle donne immédiatement envie de continuer à progresser.

Même constat du côté de la gestion de l’équipement : il faudra y laisser un bras pour acquérir l’épée de vos rêves, mais une fois les deniers durement amassés, quel plaisir de brandir l’arme idéale pour terrasser vos adversaires.

Pour le bien être du royaume, le vol est autorisé. Vous pourriez trouver du bon équipements dans les placards des villageois. // Source : Square-Enix
Pour le bien-être du royaume, le vol est autorisé. Vous pourriez trouver de bons équipements dans les placards des villageois. // Source : Square-Enix

Vous avez bien sûr la possibilité de choisir parmi trois niveaux de difficulté au début de votre aventure, avec une option d’invincibilité disponible. Ces options sont modifiables à tout moment au cours de l’aventure. Certains boss coriaces ou donjons interminables vous donneront plusieurs fois l’envie de passer en mode Quête du Dragonnet, équivalent à un mode Histoire, pour une aventure bien plus simple.

Plusieurs options de confort permettent aussi de simplifier et de fluidifier l’expérience. Les personnages sont entièrement paramétrables et vous pourrez automatiser chacune de leur action en fonction de leur qualité principale — un personnage qui maîtrise les sorts de soin pourra opter pour la tactique Soin par exemple — avec également la possibilité d’automatiser le personnage principal.

Les cartes ne sont pas très grandes, mais sont une invitation aux voyages. // Source : Square-Enix
Les cartes ne sont pas très grandes, mais sont une invitation au voyage. // Source : Square-Enix

Toujours pour aller plus vite, il est possible d’ajouter des raccourcis pour des sorts régulièrement utilisés, comme l’indispensable Téléportation, utile pour éviter les longs trajets. La possibilité d’activer des marqueurs d’objectif sur la carte constitue un précieux gain de temps. Celle de consulter à tout moment l’historique des conversations avec les PNJ évite quant à elle bien des allers-retours après avoir oublié une information capitale.

On pourrait s’arrêter sur l’interface peu engageante qui aurait mérité le même traitement que les fabuleux décors, les allers-retours un peu trop nombreux sur le deuxième épisode, ou la taille restreinte des villages, mais ce serait chipoter. Dragon Quest I & II HD-2D Remake est bien plus que la somme de ses qualités et de ses défauts. C’est un jalon majeur du JRPG, remis au goût du jour avec un respect infini, aussi bien pour les fans de la licence que pour celles et ceux qui la découvriraient avec cet épisode.

Le verdict

Portée par des graphismes HD-2D d’une infinie beauté et des options de confort qui rendent l’aventure bien plus accessible, cette compilation regroupant les deux premiers jeux de la série constitue une excellente porte d’entrée dans le monde du JRPG. Les plus nostalgiques de l’ère 16 bits et des premiers grands jeux d’aventure replongeront avec plaisir dans deux titres emblématiques de cette époque. Les joueuses et les joueurs fraîchement arrivés dans la licence pourront lui reprocher un certain manque de consistance narrative, à une époque où de nombreux jeux prennent le temps de raconter une histoire. Et pourtant, pour les uns comme pour les autres, la magie risque bien d’opérer, et avec elle, le plaisir simple et pur du jeu vidéo dans sa forme la plus essentielle.
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