S’il y a une licence dont on attend de voir les progrès sur le plan technique avec l’arrivée de la Nintendo Switch 2, c’est bien Pokémon. En souffrance comme jamais sur la première console hybride de la firme japonaise, les jeux de Game Freak semblent partis pour enfin gagner en performance avec cette nouvelle génération, comme l’a laissé entrevoir la mise à jour de Pokémon Écarlate et Violet disponible dès le lancement de la machine. Un contexte dans lequel il y a de quoi être optimiste pour le tout nouveau Légendes Pokémon : Z-A, héritier spirituel de Légendes Pokémon : Arceus (2022).
Cependant, si l’on est en droit d’espérer un certain degré de fluidité et de stabilité sur Switch 2 pour ce qui est du nouvel épisode de la franchise, il ne faut pas négliger un autre aspect primordial. Légendes Pokémon : Z-A renouvelle-t-il encore un petit peu plus des fondamentaux que Game Freak n’a jamais autant remis en question que durant cette décennie ?
Points forts
- Plein de nouvelles idées qui font du bien à une licence de moins en moins stagnante
- Illumis dans son ensemble (level design, direction artistique, easter eggs, bande originale)
- Parfaitement fluide sur Switch 2, et étonnamment joli sur de nombreux aspects…
Points faibles
- … mais il y a des jeux Switch 1 plus beaux, on est donc encore loin du compte
- La liberté d’action du système de combat engendre quelques soucis parfois pénibles
- Encore une opportunité loupée de profiter du tactile… et du mode souris sur Switch 2
Paris gagnant ?
En 2022, Game Freak surprenait son monde avec un Légendes Pokémon : Arceus aux allures de spin-off, mais explicitement présenté comme un titre issu de la série principale. Exit les badges à récupérer en affrontant des champions d’arène, mais aussi au revoir le système de combat au tour par tour classique : cet épisode permet d’incarner un dresseur de Pokémon davantage impliqué dans des combats où il pouvait se mouvoir, et même potentiellement encaisser des dégâts ! Une formule innovante qui nous avait bien plu et dont on attendait de voir l’évolution, près de quatre ans après, à travers ce nouvel opus de la série Légendes Pokémon.
// Source : capture Switch 2
À l’instar de son prédécesseur situé dans les contrées d’Hisui, Légendes Pokémon : Z-A revisite un univers déjà connu des fans de la licence, se concentrant sur la ville d’Illumis. Cette dernière est la ville principale de la région de Kalos, théâtre des jeux de la 6ème génération, Pokémon X et Y, inspirée de la France. Vous l’aurez compris : Illumis est une version quelque peu fantasmée (et miniaturisée) de Paris, assez conforme à l’image que s’en font certainement les touristes, qui n’ont cependant pas omis de modéliser les barres anti-SDF sur les bancs qui permettent de basculer entre jour et nuit à volonté dans ce mini open world urbain. Parce que oui, dans Légendes Pokémon : Z-A, Illumis est un monde ouvert d’un seul bloc, que l’on peut très vite visiter à volonté. S’il peut paraître très confiné de prime abord, il ne manque pas d’ambition, notamment en termes de verticalité.
Jolie flore
Quelques heures de jeu suffisent à donner l’impression d’avoir fait le tour de cette capitale miniature, au centre de laquelle trône une tour mystérieuse et d’apparence inaccessible dont on comprend qu’elle va constituer le cœur de l’intrigue. Cependant, ce n’est qu’au gré de quêtes secondaires par dizaines que l’on disposera de quoi tout explorer, et surtout de grimper sur l’intégralité des toits d’une cité offrant des centaines de points de vue sur sa fameuse tour. Si on ne voit pas la Tour Eiffel depuis chaque fenêtre à Paris, on pourra se rabattre sur les panoramas d’Illumis, dont la qualité de modélisation des rues et des bâtiments – fenêtres et balcons ultra plats mis à part… – est étonnamment satisfaisante sur la version Switch 2. En fait, à de nombreuses reprises, un constat s’est imposé : parfois, Légendes Pokémon : Z-A est le plus beau jeu de la licence, et on n’a tout simplement jamais vu un jeu Pokémon aussi joli.
Alors bien sûr, il reste de nombreuses textures grossières, le jeu vous paraîtra vilain si vous vous approchez délibérément des murs ou que vous zoomez avec le mode photo, et la modélisation des personnages ainsi que celle des Pokémon ne sont pas exemplaires (on a même vu mieux concernant les monstres de poche dans Écarlate et Violet). Cependant, finie l’impression de jouer à un jeu laid et daté d’au moins deux ou trois générations de consoles. Le framerate de 60 images par seconde, parfaitement constant, contribue également à ce sentiment : jouer à Légendes Pokémon : Z-A sur Nintendo Switch 2 est vraiment plaisant. Le jeu de Game Freak donne envie d’être exploré dans ses moindres recoins, ne serait-ce que pour le fan service parfois touchant dont il fait preuve, même si ce n’est pas trop par les rebondissements (toujours assez prévisibles) de son scénario et l’écriture de ses quêtes annexes qu’il va briller. Cependant, tout ceci n’a d’intérêt que si la proposition de gameplay et la manière de progresser dans l’aventure suivent…
Un gameplay en (méga) évolution…
Dans Légendes Pokémon : Z-A, vous incarnez un dresseur dont vous pouvez choisir le genre et personnaliser l’apparence, et qui débarque en gare d’Illumis pour être très vite plongé dans le feu de l’action. Vous comprenez immédiatement que la nuit, des zones de combat de Pokémon s’ouvrent et que vous aurez besoin d’y prendre part pour affronter des dresseurs plus redoutables. Triompher de ces derniers vous permettra ainsi de gravir des échelons au sein du tournoi Royale Z-A, et de débloquer (entre autres) de nouvelles zones de capture de Pokémon sauvages de jour. Si participer à ces combats est de toute façon nécessaire pour progresser dans le scénario, leur fonctionnement d’ensemble s’avère franchement motivant. Les nombreux défis qui permettent de valider plus aisément le « ticket défi » que vous en tirerez (obligatoire pour affronter un dresseur aux allures de champion d’arène) contribuent notamment à la diversification des approches, évitant au jeu de sombrer dans la routine.
Les premiers aperçus du jeu avaient laissé supposer que le système de combat de Légendes Pokémon : Z-A serait plus dynamique, et c’est indéniable : on lorgne davantage du côté d’un Final Fantasy VII Remake ou d’un Xenoblade Chronicles dans l’approche globale d’un combat en temps réel, où les capacités du Pokémon que l’on a envoyé au combat se rechargent plus ou moins rapidement en fonction de leur puissance. Cependant, l’usage des capacités est cette fois-ci illimité, tant que votre Pokémon n’est pas tombé au combat, et c’est surtout le cooldown entre l’utilisation des objets de soin en plein combat qui va vous complexifier la tâche. Bref, il y a toute une mécanique de combat à réapprendre, et c’est franchement grisant tant Légendes Pokémon : Z-A bouscule bon nombre de codes établis, et le fait plutôt bien. Cependant, il y a fort à parier que vous adapter à cette nouvelle proposition soit délicat si vous êtes très attaché au tour par tour historique de la licence.
Univers inspiré de la 6ème génération oblige, Légendes Pokémon : Z-A fait aussi la part belle aux Méga-Évolutions, apparues avec X et Y sur Nintendo 3DS. Ces changements de forme spécifiques à certains Pokémon sont de retour et jouent évidemment un rôle clé dans l’intrigue, mais aussi du gameplay de ce nouvel épisode. Les affrontements qui en découlent sont de fait particulièrement intenses et spectaculaires, et mettront votre maîtrise de ce nouveau système de combat à l’épreuve. D’une manière générale, quel que soit le combat dans lequel on s’est lancé, si l’on peut tenter d’esquiver les attaques adverses et bourriner dans le tas, il vaut mieux s’être bien préparé et disposer d’une équipe cohérente.
À partir d’un certain stade, le jeu vous fera comprendre qu’une bonne stratégie demeure primordiale en dépit d’un accent indéniable mis sur l’action en temps réel. De quoi éviter un sentiment de trop grande facilité : à un moment, même en ayant complété de nombreuses quêtes secondaires, on ne roule plus du tout sur le jeu, dont la durée de vie demeure d’ailleurs très honnête. Il est difficile d’imaginer venir à bout de la trame principale (qui n’est que le vrai début du jeu pour les plus gros fans) en moins de 20 heures, pour les plus rapides.
… mais encore perfectible ?
Toutefois, si le système de combat de Légendes Pokémon : Z-A nous a particulièrement emballés, offrant un dynamisme bien plus marquant que celui déjà novateur de son prédécesseur, tout n’est pas parfait et la formule gagnerait à encore s’améliorer. Ainsi, de nombreux combats se tiennent dans des espaces un peu confinés, ce qui nuit parfois aux déplacements du dresseur (et du Pokémon qu’il dirige) et atténue l’impression de liberté de mouvement et d’action. Quel que soit le terrain ou ils prennent place, les affrontements ont parfois un côté brouillon en termes de lisibilité, notamment lorsque plusieurs Pokémon adverses font face au nôtre. L’IA alliée, en cas de combat à plusieurs, ne nous a pas semblé d’un grand secours, et il n’est vraiment pas évident de se focaliser à la fois sur la créature envoyée au combat ET sur notre dresseur que le Pokémon adverse vise de temps à autre. Cependant, ce système très dynamique a su se montrer franchement convaincant sur la durée, et ce n’est pas à ce niveau que l’on a le plus envie de trouver des choses à redire.
Et sur Switch 1, ça donne quoi ?
Malheureusement, nous n’avons pas eu la possibilité de tester Légendes Pokémon Z-A sur la première Switch. On ne va pas se mentir, cela nous donne une raison de vous inviter à vous en méfier et de privilégier la version Switch 2, que nous avons trouvée particulièrement satisfaisante visuellement sur un écran 4K.
Comme Légendes Pokémon : Z-A est satisfaisant sur le plan technique sur Switch 2 (on peine toujours autant à le réaliser en l’écrivant, c’est dire), avec des temps de chargement quasi inexistants qui contribuent à sa bonne fluidité d’ensemble, c’est sur des aspects plus ergonomiques que l’on va aller râler. Cela fait maintenant sept ans que des jeux Pokémon sortent sur Nintendo Switch et visiblement, Game Freak ignore toujours que cette machine dispose d’un écran tactile qu’il serait franchement idéal d’exploiter dans les menus et (surtout) la gestion des boîtes entre lesquels déplacer et trier les dizaines de Pokémon que l’on a capturés.
Quant à la Switch 2, elle pouvait constituer l’occasion rêvée d’exploiter la fonctionnalité souris de ses Joy-Con pour manœuvrer dans les menus du jeu, mais on attendra de voir un épisode exclusif à cette génération pour vraiment se plaindre de son absence. Et si c’est la seule chose que l’on trouve à reprocher dans le futur, c’est que la licence Pokémon a quand même sacrément évolué dans le bon sens, un espoir en lequel nous nous autorisons à croire vu les promesses de Légendes Pokémon : Z-A.
Le verdict
Légendes Pokémon : Z-A
Voir la ficheOn a aimé
- Plein de nouvelles idées qui font du bien à une licence de moins en moins stagnante
- Illumis dans son ensemble (level design, direction artistique, easter eggs, bande originale)
- Parfaitement fluide sur Switch 2, et étonnamment joli sur de nombreux aspects…
On a moins aimé
- … mais il y a des jeux Switch 1 plus beaux, on est donc encore loin du compte
- La liberté d’action du système de combat engendre quelques soucis parfois pénibles
- Encore une opportunité loupée de profiter du tactile… et du mode souris sur Switch 2
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