Qu’on aime ou qu’on déteste, Tom Cruise est une figure incontournable d’Hollywood. Il a tourné avec tout le monde, et pour tout le monde (même Stanley Kubrick, c’est dire). Il repousse sans cesse ses limites physiques, au péril de sa vie et malgré le poids de l’âge. Il est capable de transformer un projet casse-gueule en or (Top Gun: Maverick). Et il sait même nous faire oublier sa vie personnelle, très discutable, en grand faiseur de divertissement haut de gamme.
Bref, Tom Cruise a déjà vécu mille vies, pour si peu d’échecs. Mais Mission: Impossible – The Final Reckoning pourrait bien être le plus gros de sa carrière. Le dernier volet de la saga culte de Paramount Pictures, centré sur un espion qui a tant sauvé le monde, constitue un dernier tour de piste catastrophique. Au point qu’il nous ferait regretter les colombes, le m’as-tu vu et l’égocentrisme de Mission: Impossible 2. Les blockbusters portés par Tom Cruise nous avaient habitués à une forme d’excellence dans cette proposition centrée sur le spectacle alimenté par un récit captivant. Si Mission: Impossible – The Final Reckoning est bien l’ultime conclusion, alors la retraite ne s’annonce pas dorée pour Ethan Hunt.
Points forts
- La réalisation
- La cascade 1 de Tom Cruise
- La cascade 2 de Tom Cruise
Points faibles
- Intrigue risible et forcée
- Tout est horriblement long (même les phases d’action)
- Une IA méchante est vraiment la pire idée
Le huitième film Mission: Impossible est un raté colossal
L’échec de Mission: Impossible – The Final Reckoning est d’abord imputable à sa condition de suite de Mission: Impossible – Dead Reckoning, partie 1. Diffusé en 2023, ce premier segment s’appuie sur un récit bancal et, déjà à l’époque, on sentait une formule à l’orée de l’essoufflement. On laissait quand même le bénéfice du doute à Tom Cruise et son comparse Christopher McQuarrie pour recoller astucieusement les morceaux, le duo ayant offert le meilleur de la franchise avec Mission: Impossible – Fallout en 2018.
Tout est terriblement long dans Mission: Impossible – The Final Reckoning
Mission: Impossible – The Final Reckoning se traîne donc un immense boulet, dont il ne parviendra jamais à se débarrasser, et qui se résume au choix de l’antagoniste. Inspirés des tendances actuelles, les scénaristes ont cru que confronter Ethan Hunt à une entité intangible — une super intelligence artificielle en roue libre — était l’idée du siècle. Le résultat est, de toute évidence, un contre-sens total. Mission: Impossible repose d’abord sur des enjeux micro, quand une IA n’a rien d’autre à proposer qu’un conflit macro. On se retrouve alors avec un scénario qui n’est rien d’autre qu’une course contre-la-montre sans saveur, avec un grand méchant qui est à la fois le plus gros défi de la carrière de Tom Cruise et le plus impersonnel au possible.

Pire, Mission: Impossible – The Final Reckoning vient trahir ce qui constitue l’essence de ses prédécesseurs. La saga est connue, pour ne pas dire reconnue, pour sa maîtrise irréprochable du rythme, se nourrissant des rebondissements et de ses moments de bravoure pour tenir le public en haleine, voire sous apnée, pendant de longues minutes. Il n’y a rien de tout cela dans Mission: Impossible – The Final Reckoning, qui se noie dans des dialogues plus insipides les uns que les autres.
Il est en quête constante de la punchline qui pourrait résumer à merveille l’épopée d’Ethan Hunt, démarrée en 1996 par Brian De Palma. Sans vraiment y parvenir puisque tout sent le bon sentiment niais. Pour ne rien arranger, l’intrigue se permet de clore d’anciens chapitres dont on ne soupçonnait même pas l’existence, simplement pour assurer un travail d’autocitation. La bouillie, forcée, vire à l’absurde, avec des incohérences qui mettent à mal une base narrative défaillante, tellement Mission: Impossible – The Final Reckoning, n’a rien à raconter.
Tout est terriblement long dans Mission: Impossible – The Final Reckoning, sauvé du naufrage total grâce à sa réalisation. La mise en place est longue. Les trop nombreux moments de respiration sont longs. Les rares scènes d’action sont longues. Même les cascades, devenues la marque de fabrique et l’argument massue pour se ruer dans un cinéma, sont longues. La séquence sous-marine, impressionnante sur le papier et symbole d’un Tom Cruise invincible et refusant de raccrocher le costume, tombe à plat.
Quant à l’ultime ballet aérien dans le ciel, il est impressionnant techniquement mais souffre de la comparaison avec la course-poursuite en hélicoptère de Mission: Impossible – Fallout. Surtout, il n’est pas suffisant pour sauver le public de l’ennui que les Mission: Impossible se sont efforcés de chasser pendant près de trois décennies. Mission: Impossible – The Final Reckoning dure presque trois heures, et on a le sentiment de les avoir perdues après le générique de fin.

On sent aussi que Tom Cruise tient à conserver toute la lumière dans Mission: Impossible – The Final Reckoning, lui qui avait pris soin de la partager — suffisamment — depuis Mission: Impossible 3. L’esprit d’équipe disparaît alors au profit du super-héroïsme qui ne fait plus rêver, comme si lui seul pouvait offrir un épilogue digne de ce nom. « I need you to trust me, one last time » (« J’ai besoin que vous me fassiez confiance une dernière fois »), affirme Ethan Hunt. À cause de Mission: Impossible – The Final Reckoning, la confiance est totalement rompue, et voilà une bien vilaine façon de terminer ce qui a longtemps ressemblé à une masterclass dans le genre mélangeant action et espionnage.
Le verdict

Mission: Impossible – The Final Reckoning
Voir la ficheOn a aimé
- La réalisation
- La cascade 1 de Tom Cruise
- La cascade 2 de Tom Cruise
On a moins aimé
- Intrigue risible et forcée
- Tout est horriblement long (même les phases d’action)
- Une IA méchante est vraiment la pire idée
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