Troisième opus d’une trilogie amorcée en 2016 avec un reboot solide, Doom: The Dark Ages tranche par rapport à Doom Eternal pour proposer une boucle de gameplay plus « posée », mais toujours aussi jouissive. Notre test.

Saga légendaire qui a donné son nom à tout un genre vidéoludique et posé des bases maintes fois reprises par la suite, Doom est de retour en 2025 avec un épisode titré The Dark Ages. Pour sa nouvelle aventure, le Slayer revient dans le passé pour en montrer un peu plus sur ses origines. Sa mission reste en revanche la même : il s’agit toujours de dézinguer la bile recrachée par les Enfers, sans se poser aucune question. Sa haine des démons lui suffit pour se motiver à devenir une super-arme contrôlée par des divinités aux desseins douteux.

Doom: The Dark Ages n’est pas Doom Eternal 2, et c’est peut-être ce qui lui sera reproché. Il n’en demeure pas moins que ce nouvel opus, toujours signé id Software et prologue du reboot lancé en 2016, s’appuie sur des arguments solides pour contenter les amatrices et amateurs de défouloirs gores. Doom: The Dark Ages opte pour un rythme beaucoup plus posé que son prédécesseur, ce qui ne veut pas dire que le jeu est lent. Au contraire.

Ajouter un bouclier dans Doom est une excellente idée

Quid de la bande son ?

La bande son de Doom: The Dark Ages n’est pas aussi marquante que celles de Doom et de Doom Eternal. Trop discrète, elle paie l’absence de Mick Gordon, compositeur légendaire et grand maître du metal industriel.

Paru en 2020, Doom Eternal avait séduit par sa proposition résolument jusqu’au-boutiste. Les développeurs avaient poussé le concept de la frénésie dans ses retranchements : pour survivre dans cet opus, il fallait bouger en permanence. En résultait une expérience au rythme implacable, nourrie par une violence graphique et une solidité technique évidente. Doom Eternal est une œuvre vraiment massue, et id Software aurait pu se contenter d’une suite directe avec la même philosophie.

Le flow de Doom: The Dark Ages reste supérieur à la moyenne.

C’était sans compter l’envie du studio de proposer autre chose, quitte à s’éloigner des désirs d’une partie des fans. Doom: The Dark Ages abandonne les déplacements virevoltants de Doom Eternal pour nous mettre dans la peau d’un tank bien ancré au sol et terriblement solide sur ses appuis. Cette orientation étonnante, qui conserve la férocité du reboot de Doom en la pensant autrement, s’articule autour de l’ajout d’une nouveauté majeure : le bouclier.

Le bouclier vient d’abord matérialiser le ton moyenâgeux de la direction artistique, plus cohérente que dans Doom Eternal (en dépit d’une architecture des niveaux plus quelconque, l’atout de verticalité étant absent). Il sert ensuite à donner un souffle nouveau aux affrontements. Et celles et ceux qui craindraient un Doom davantage fondé sur la défense peuvent se rassurer : le bouclier constitue ici une arme sacrément efficace, avec de multiples options à disposition du Slayer pour survivre dans des affrontements épiques.

Doom: The Dark Ages // Source : Capture PS5
Cet ennemi possède une armure qu’il faut d’abord détruire en balançant le bouclier. // Source : Capture PS5

Le Slayer peut bien évidemment brandir le bouclier pour se protéger des attaques adverses — du moins temporairement. Mieux, il est possible de parer certaines attaques pour mieux enchaîner avec des coups au corps-à-corps puissants (avec les poings, un fléau ou une masse, mais pas de tronçonneuse). Cela change totalement la dynamique des combats, même si on conserve cette nécessité de bien gérer ses déplacements pour ne pas mourir rapidement. À ce sujet, le bouclier procure la possibilité de se ruer sur un ennemi pour couvrir une grande distance en un temps record. En bref, le tank en a sous le capot quand le besoin s’en fait sentir et le « flow » de Doom: The Dark Ages reste supérieur à la moyenne.

La boucle de gameplay de Doom: The Dark Ages offre d’excellentes sensations, aussi parce que les développeurs exploitent le bouclier à merveille. Très vite, on pourra le balancer, façon Captain America, sur un monstre pour soit l’annihiler, soit le neutraliser pour le cribler de balles, soit pour détruire son armure de métal au préalable chauffé par des balles (il fallait y penser). Plus tard, on pourra l’équiper d’une rune pour rendre les parades encore plus efficaces. Le Slayer ne manque d’absolument rien pour remplir ses objectifs et l’idée reste de s’adapter, un peu à l’instinct, en fonction des situations et grâce à un arsenal bien fourni. Besoin de santé ? Besoin de munitions ? Besoin d’armure ? Vos choix, animés d’un sentiment d’urgence, vous permettront de faire le plein. Bourrin en apparence, Doom: The Dark Ages reste très technique.

Doom: The Dark Ages // Source : Capture PS5
Les projectiles verts peuvent être renvoyés en parant au bon moment. // Source : Capture PS5

Doom: The Dark Ages est diablement beau

Défi à la carte

Outre les modes de difficulté classiques (il y en a beaucoup), Doom: The Dark Ages permet de modifier de nombreux paramètres pour doser le challenge à sa convenance. On peut jouer sur les dégâts infligés, ceux réçus, la vitesse, la fenêtre des parades…

Comme on pouvait s’y attendre, et non content de s’appuyer sur une solidité technique exemplaire, car nécessaire (quelle fluidité sur PS5 Pro !), Doom: The Dark Ages est diablement beau. On savait déjà qu’id Software voulait en faire un maître-étalon dans la représentation du gore. Il se hisse sans aucun souci dans le haut du panier : voir les démons être déchiquetés petit à petit a quelque chose de savoureux, sous couvert d’avoir l’estomac bien accroché (oui, c’est répugnant). On se délecte tout autant des exécutions, même si on regrettera les Glory Kills de Doom Eternal. Il y en a encore dans Doom: The Dark Ages, mais ils sont limités. Les développeurs ont préféré la continuité dans le rythme au spectacle pur et dur. Cette décision s’inscrit dans l’emphase sur le corps-à-corps.

Doom: The Dark Ages // Source : Capture PS5
La classe du Slayer. // Source : Capture PS5

Outre le bouclier, le titre introduit trois concepts inédits dans la formule Doom. On espère que le dragon ne sera pas retenu pour plus tard, tant les sensations offertes sont bizarres. Les portions, heureusement assez rares, associent des mouvements libres à des phases de tir imposant un ciblage et des esquives au timing douteux. Un entre-deux qui s’avère ni convaincant ni précis. Le mécha, inspiré des œuvres de kaijū, s’en sort un peu mieux. Néanmoins, il reste beaucoup trop basique et simpliste par rapport au reste. Au mieux offre-t-il quelques moments de ventilation entre deux chapitres qui demandent plus de concentration.

Doom: The Dark Ages // Source : Capture PS5
Le mécha ? C’est trop basique. // Source : Capture PS5

Uniquement solo, Doom: The Dark Ages s’essaie aussi aux environnements plus ouverts, avec des objectifs principaux et secondaires disséminés sur une carte plus étendue. L’idée est intéressante, mais on sent que le Slayer s’épanouit davantage dans des niveaux resserrés et maîtrisés. D’autant que cet opus respecte un peu plus la narration pour explorer le lore et parfaire son identité (le récit reste pan pan boum boum, on vous rassure). On ressent parfois que Doom: The Dark Ages s’essaie un peu trop à l’expérimentation pour son propre bien, et que cet effort de remplissage ne paie pas à 100 % (où sont les boss ?). En comparaison, Doom Eternal est bien plus abouti, mais personne ne pourra reprocher à id Software d’avoir fait du surplace. Historiquement, Doom a toujours expérimenté, comme l’appétence du troisième épisode pour le survival-horror.

Le verdict

Doom: The Dark Ages souffre inévitablement de l’excellence de Doom Eternal, son prédécesseur qui a atteint des cimes beaucoup trop élevées. Mais il faut reconnaître à id Software sa volonté de renouveler en permanence sa formule, alors qu’il aurait pu se contenter d’une simple redite. L’introduction du bouclier et le rythme un peu freiné offrent une autre dynamique, tout aussi savoureuse. Profitant d’un habillage divin et diabolique, seulement décevant sur la partie sonore, Doom: The Dark Ages s’appuie sur une boucle de gameplay riche en sensations fortes. On prend toujours autant de plaisir à déchiqueter des démons, avec des effets gores en veux-tu en voilà. id Software s’éparpille sans doute un peu trop dans cet épisode mais, dans les grandes lignes, cette nouvelle proposition est convaincante.
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