Le duo Anya Taylor-Joy et Chris Hemsworth offre à Mad Max: Fury Road un prologue spectaculaire, qui place le lore au cœur d’un revenge movie savoureux. Notre critique, sans spoiler.

30 : derrière ce chiffre semble-t-il anodin se cache une anecdote invraisemblable sur le film Furiosa. 30, c’est le nombre de lignes de dialogues prononcées par Ana Taylor-Joy, actrice qui reprend — brillamment — le flambeau de Charlize Theron, dans ce prologue de Mad Max: Fury Road. Où Tom Hardy, qu’on qualifiait déjà de silencieux, en avait plus du double. En somme, Furiosa : Une saga Mad Max (de son nom complet) parle peu. Ce qui ne lui empêche pas d’en dire beaucoup à la force de ses images hallucinantes, nées dans l’esprit foisonnant de George Miller.

À 79 ans, le cinéaste prouve, avec Furiosa : Une saga Mad Max, qu’il en a encore sous le capot. Mieux, cette fois, il a mis moins de dix ans pour agrémenter l’univers de toute une vie avec un nouveau film. Moins furieuse et plus posée, cette origin story laisse davantage de place à la narration pour comprendre comment est née la révélation de Mad Max: Fury Road — Furiosa, icône féministe instantanée au milieu d’hommes cinglés. Comme on pouvait s’y attendre, elle s’est construite dans le sable, la sueur, le pétrole et le sang. Son malheur fait clairement notre bonheur.

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Furiosa offre un spectacle sensationnel

« Pas de place pour la sensiblerie », assène Chris Hemsworth, devenu bouffon pour Marvel, et qui trouve en Dementus le rôle de sa vie. Un barjo à la tête d’un gang de motards, qui pleure ses morts avec une peluche symbolique et tente de survivre dans un désert immensément vide. Il n’y a sans doute pas meilleure formule pour caractériser l’œuvre de George Miller, qui dépeint un futur sans foi ni loi. Où la notion de bien et de mal n’a plus raison d’être. Où l’espoir laisse place à la haine. La haine de l’autre qui permet de gratter quelques minutes de vie dans un enfer sans réel futur. Furiosa : Une saga Mad Max n’a pas besoin d’être bavard pour qu’on devine le passé et le destin de ses pantins à la durée de vie plus que limitée. Il se passe de mots pour nous irradier de ses maux.

Furiosa : Une saga Mad Max n’a pas besoin d’être bavard

George Miller prenait un risque immense avec ce Furiosa : Une saga Mad Max, qui n’aurait pu être qu’une simple redite de Fury Road, avec Max — la tête d’affiche — en moins. Mais il a trouvé une parade qui lui permet d’extirper un tantinet d’émotion du néant nihiliste. Pendant que les hommes se chamaillent pour un morceau de choux, un bidon d’essence ou une poignée de munitions, Anya Taylor-Joy a les yeux qui pétillent à mesure qu’elle alimente sa vengeance. Un chemin tortueux qui la conduira, par la suite, à la rédemption (dans Fury Road, donc). En cela, Furiosa : Une saga Mad Max constitue un ajout essentiel. Il est un prolongement qu’on ne soupçonnait pas forcément. Moins rentre-dedans, plus fin, presque plus délicat dans ce qu’il raconte.

Furiosa : Une saga Mad Max // Source : Warner Bros.
Chris Hemsworth, qui a fait sa sèche après Fat Thor // Source : Warner Bros.

Si Mad Max: Fury Road prenait la forme d’une course-poursuite, avec un aller-retour, tous azimuts, Furiosa : Une saga Mad Max préfère isoler des pastilles de bravoure. Le génie de George Miller reprend alors ses droits. Sans surprise, il magnifie l’art de la cascade en imaginant des séquences toutes plus ahurissantes les unes que les autres (Fury Road et ses perchistes, Furiosa et ses parachutistes).

Sa mise en scène est découpée avec une précision chirurgicale, ses caméras sont placées pour souligner l’héroïsme, ses plans sont géniaux. On prend la violence de plein fouet, sans aucun répit. Et quand on a un petit moment pour respirer, on ne fait finalement que tendre l’autre joue. On en redemande, encore et encore, motivée par l’envie de succomber à un montage vidéo comme audio divin. On ressent chaque impact, chaque accélération, chaque freinage avec une puissance phénoménale.

Furiosa : Une saga Mad Max // Source : Warner Bros.
Un très, très gros camion // Source : Warner Bros.

D’une générosité extrême sur la partie action, Furiosa : Une saga Mad Max se permet de réinventer la roue en permanence. On le disait déjà l’époque de Fury Road : il y a plus d’idées dans une seule scène de Furiosa que sur une décennie de films génériques sans aucune âme. Plus beau et riche que ce que les bandes-annonces ne laissaient présager, Furiosa : Une saga Mad Max célèbre le cinéma dans ce qu’il y a de plus noble, montrant l’étendue sans issue d’un désert où la mort guette à chaque recoin.

Moins brut que Fury Road, plus longuet aussi, il offre une fois encore à George Miller son terrain de jeu préféré. Il s’y amuse comme un gosse, certes sadique, qui le découvrirait pour la première fois. Furiosa : Une saga Mad Max est une cour de récréation pensée pour des adultes ayant des penchants BDSM. C’est surtout un spectacle qui donne envie de s’asseoir et de profiter sans jamais se sentir lésé, en se cramponnant à son siège. Au fond, rien ne donne envie dans Mad Max, mais tout pousse à nous y plonger, décennie après décennie.

Le verdict

Furiosa : Une saga Mad Max // Source : Warner Bros.
10/10

Furiosa : Une saga Mad Max

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On avait tout à craindre de Furiosa : Une saga Mad Max, prologue du brillant Mad Max: Fury Road. Mais c’était sans compter la capacité de George Miller à se surpasser dans ce qu’il sait faire de mieux (des scènes d’action décapantes) et, plus étonnant, à miser sur une narration plus poussée pour enrichir son univers.

En ce sens, Furiosa : Une saga Mad Max se plaît dans son rôle de complément essentiel à Mad Max: Fury Road, en faisant briller son casting (sans forcément le faire parler) et en explorant les codes d’un monde où l’espoir n’a plus lieu d’être. En résulte un spectacle parsemé de temps morts qui ne durent pas vraiment et qui ne cesse de remettre de l’huile dans le moteur.

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