Des accusations de sexisme et de harcèlement sexuel secouent Tesla et SpaceX. Les deux entreprises sont visées par de nombreuses plaintes, déposées par des employées ou anciennes employées, qui les accusent de ne pas les avoir assez protégées et d’avoir entretenu une ambiance sexiste. Les premières plaintes concernant Tesla ont été déposées au mois de novembre, et six nouvelles viennent d’être enregistrées en Californie, a révélé le Washington Post. Du côté de SpaceX, C’est The Verge qui a recueilli les témoignages de plusieurs anciennes employés dans une longue enquête, dans laquelle elles accusent leur hiérarchie de n’avoir rien fait.
Ce qui ressort de ces accusations, en plus de la mise en évidence de problèmes de sexisme systémiques, c’est que le PDG des deux entreprises, Elon Musk, serait en partie responsable de l’ambiance de boy club qui règne en leur sein — et qu’il aggraverait les problèmes de sexisme avec son comportement.
Chez SpaceX, une culture d’entreprise toxique dénoncée
Ashley Kosak, une ancienne employée de SpaceX, est la première à avoir publiquement pris la parole sur les problèmes de sexisme en interne. Elle a publié au mois de novembre un long texte dans lequel elle explique avoir été victime de plusieurs actes sexistes, et décrit une ambiance de harcèlement sexuel permanente. « Quelques semaines après mon arrivée, un collègue m’a approchée alors que je lavais mes couverts, et a attrapé mes fesses », écrit-elle.
Elle raconte qu’un autre aurait touché sa poitrine lors d’un évènement, et qu’elle aurait constamment reçu des messages à caractère sexuel de la part d’un grand nombre d’hommes. Un autre aurait même tenté de s’inviter chez elle, sans qu’elle l’ait invité. Elle aurait tenté de prévenir les services des ressources humaines, sans que rien ne soit fait.
Elle n’est pas la seule, comme rapporte The Verge dans une longue enquête. Au moins quatre autres femmes auraient subi des comportements ou des remarques sexistes de la part de leur collègues masculins, sans que jamais rien ne soit fait les services de ressources humaines pour changer les choses — des managers aurait même parfois pris des actions contre elles, des représailles pour avoir parlé, explique The Verge.
Surtout, toutes les personnes interrogées par The Verge expliquent avoir l’impression que la culture d’entreprise toxique serait en partie due à Elon Musk. Cette ambiance de boys club viendrait selon elles des cadres hauts placés de SpaceX, et notamment de son CEO, Elon Musk.
Le PDG est notamment accusé par Ashley Kosak « d’utiliser les ingénieurs [de SpaceX] comme une ressource à exploiter plutôt que comme une équipe d’êtres humains ». La mission de l’entreprise, celle « d’explorer l’espace », passerait avant le bien-être des employés, écrit le média américain — et cela veut également dire qu’elle passerait avant les problèmes de harcèlement sexuel, perçus comme des distractions à ignorer.
Chez Tesla, les tweets d’Elon Musk
Pour les employées de Tesla, la situation est tristement similaire. En tout, 8 femmes ont déjà porté plainte contre l’entreprise pour des faits de harcèlement sexuel qui se seraient déroulés dans ses locaux. Les collègues masculins des plaignantes les auraient insulté, sifflé, et les auraient même touchées sans leur consentement, d’après le Washington Post.
Les employées de Tesla n’auraient pas osé aller voir le service des ressources humaines, car leurs managers, dont certains étaient responsables des actes de harcèlement sexuels, auraient été impliqués dans le processus. D’autres, qui seraient allées se plaindre, auraient juste été transférées dans d’autres bureaux, sans que rien d’autre ne soit fait.
Et là aussi, les employées décrivent une ambiance aggravée par le comportement d’Elon Musk, tout particulièrement ses tweets. Eden Mederos, interrogée par le Washington Post, explique que les remarques et les comportements déplacés auraient été « encore pires » après un tweet du CEO. Le tweet en question faisait référence aux noms des différents modèles de Tesla, qui formaient un acronyme : S, 3, X, Y.
Ce n’est pas la seule blague potache publiée par Elon Musk, qui a également évoqué l’idée de créer une université dont les initiales formeraient « Tits », seins en anglais — une université qui aurait eu des « produits dérivés incroyables ». Des commentaires puérils, pas forcément dangereux en eux-mêmes, mais qui auraient encouragé le comportement sexiste des hommes de l’entreprise à l’égard des employées. Et que dire du mini-short « S3XY » vendu sur la boutique en ligne de Tesla ?
The Verge, qui a également consacré un article au dépôt de plainte des employées de Tesla, a interrogé leurs avocats, qui estiment que le PDG est au moins en partie responsable de l’atmosphère qui règne au sein de l’entreprise. « Elon Musk, en tweetant un commentaire obscène sur le corps des femmes, ou en se moquant des lanceurs d’alerte, encourage les comportements généralisés de harcèlement », explique David Lowe, l’un des avocats des plaignantes.
Ça n’est pas la première fois que l’utilisation de Twitter par Elon Musk est critiquée. Suivi par plus de 66 millions de personnes, le PDG de Tesla et de SpaceX tweete régulièrement sur de nombreux sujets, et a une influence impressionnante : le cours du Dogecoin, une cryptomonnaie conçue comme une blague, s’est envolé après un tweet d’Elon Musk, tout comme la valeur du bitcoin. Des prises de position publiques pour lesquelles il avait été accusé de manipuler le marché, et de faire baisser les actions de Tesla. Mais ce sont ces commentaires sexistes ou puérils qui pourraient être bien plus dangereux, pour ses employées comme pour les entreprises.
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