Le recueil du consentement des résidents d’Ehpad pour le vaccin contre le SARS-CoV-2 ne passe pas du tout par un dossier de 58 pages. La démonstration de Gérard Larcher, président du Sénat, est fausse.

Invité au journal télévisé du matin, sur France 2, ce mercredi 6 janvier 2021, le président du Sénat Gérard Larcher a brandi un épais dossier. « Voilà le dossier vaccinal de consentement d’un résident. (…) 58 pages ! Quand on a dépassé 90 ans, avoir ce type de bureaucratie est incompréhensible », commente-t-il en faisant référence à son père de qui il tiendrait le document, avant d’affirmer à Caroline Roux que, oui, c’est ce qui est donné aux résidents en Ehpad pour le recueil du consentement au vaccin contre le coronavirus SARS-CoV-2.

Cette démonstration du président du Sénat est fausse.

Gérard Larcher dans Télématin le 6 janvier 2021. // Source : France 2

Gérard Larcher dans Télématin le 6 janvier 2021.

Source : France 2

Le dossier auquel semble faire allusion Gérard Larcher est trouvable sur le site ministère, il s’agit du Guide de vaccination contre la Covid en Ehpad et Usld. Il fait effectivement une cinquantaine de pages. Cependant, celui-ci n’est absolument pas un dossier de recueil du consentement.

Il n’est pas non plus donné aux résidents, mais envoyé par le ministère aux directions des établissements. Il peut être éventuellement distribué auprès des résidents et des familles à titre informatif si l’établissement souhaite le mettre à disposition, bien évidemment, mais il ne leur est pas directement destiné et ne s’inscrit pas dans la démarche de consentement.

C’est un dossier envoyé à la direction, pas aux résidents

Le guide comprend diverses indications protocolaires et recommandations sur comment organiser la vaccination au sein de l’établissement : préparer la campagne avant qu’elle démarre, organiser le recueil du consentement avec les professionnels de santé, mettre en place les moyens logistiques pour la vaccination, orchestrer les séances pour l’injection, etc. Ce dossier relève d’un dossier technique très large, qui n’a rien à voir avec l’usage que Gérard Larcher sous-entend.

Dans les faits, le recueil du consentement repose à l’heure actuelle sur des consultations, où l’information est transmise oralement de médecin à patient. Ensuite, le recueil du consentement lui-même ne nécessite pas de remplir des dizaines de pages : cela prend la forme d’une fiche, d’une page, de type « Je soussigné [prénom, nom], consens à me faire vacciner contre le coronavirus SARS-CoV-2, conscient(e) des bénéfices et risques liés à la vaccination », avec signature. Vous pouvez trouver un exemple issu de l’Ehpad à Civray, ou encore un exemple partagé par le journaliste Jordan Pouille provenant d’un Ehpad public autonome.

De vraies critiques à formuler

Il est d’autant plus dommageable de voir le président du Sénat apporter une fausse démonstration qu’il n’y a pas besoin de déformer la réalité pour critiquer la stratégie gouvernementale. La lourdeur administrative a bel et bien été dénoncée par des observateurs et des observatrices scientifiques face aux autres pays, relevant par exemple que le délai de plusieurs jours entre le recueil du consentement et l’injection était problématique.

La stratégie vaccinale de la France est clairement à la traîne, alors que l’urgence est à une vaccination rapide. En réaction aux critiques, Olivier Véran a récemment annoncé une nouvelle mouture stratégique, basée sur la simplification, l’amplification et l’accélération des vaccins — passant notamment par l’ouverture prochaine d’un enregistrement volontaire à la vaccination. Reste à savoir comment cette nouvelle stratégie plus rapide sera mise en pratique ; la conférence de presse du jeudi 7 janvier étant très attendue sur ce sujet.

Découvrez les bonus

+ rapide, + pratique, + exclusif

Zéro publicité, fonctions avancées de lecture, articles résumés par l'I.A, contenus exclusifs et plus encore.

Découvrez les nombreux avantages de Numerama+.

S'abonner à Numerama+

Vous avez lu 0 articles sur Numerama ce mois-ci

Il y a une bonne raison de ne pas s'abonner à

Tout le monde n'a pas les moyens de payer pour l'information.
C'est pourquoi nous maintenons notre journalisme ouvert à tous.

Mais si vous le pouvez,
voici trois bonnes raisons de soutenir notre travail :

  • 1 Numerama+ contribue à offrir une expérience gratuite à tous les lecteurs de Numerama.
  • 2 Vous profiterez d'une lecture sans publicité, de nombreuses fonctions avancées de lecture et des contenus exclusifs.
  • 3 Aider Numerama dans sa mission : comprendre le présent pour anticiper l'avenir.

Si vous croyez en un web gratuit et à une information de qualité accessible au plus grand nombre, rejoignez Numerama+.

S'abonner à Numerama+

Si vous avez aimé cet article, vous aimerez les suivants : ne les manquez pas en vous abonnant à Numerama sur Google News.