La Banque européenne d’investissement annonce l’arrêt, fin 2021, du financement de la plupart des projets liés aux énergies fossiles. Ce choix s’inscrit dans une réorientation générale de sa politique envers l’environnement, mais comporte une limite.

« Je veux que le Green Deal européen devienne la marque de fabrique de l’Europe », affirmait en grandes pompes, en septembre 2019, la nouvelle présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. Dans cette optique, la Banque européenne d’investissement (BIE) a voté, ce jeudi 14 novembre 2019, l’arrêt du financement des projets liés aux combustibles fossiles. Cette décision doit entrer en vigueur fin 2021.

Ursula von der Leyen souhaite que l’Europe soit le premier continent du monde à atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. Elle a chargé son vice-président Frans Timmermans de la mise en  place d’un Green Deal, ainsi que de la lutte contre le changement climatique. Depuis son élection, la nouvelle Commission met en avant son ambition de faire de la neutralité climatique un « impératif économique à long terme ». Ce message aux institutions financières de l’UE semble avoir porté, la Banque européenne d’investissement ayant répondu à l’appel. L’objectif : devenir une sorte de banque du climat.

La Banque européenne d'investissement. // Source : Palauenc05

La Banque européenne d'investissement.

Source : Palauenc05

Les investissements réorientés en faveur de l’environnement

L’arrêt du financement des énergies fossiles — dont le gaz — se fait en faveur d’un réalignement de la politique budgétaire sur les objectifs de l’Accord de Paris. « Tout financement qui n’est pas vert sera rendu durable, conformément aux exigences de l’Accord de Paris ». C’est toute une nouvelle stratégie qui se met en place, puisque la BIE précise un grand plan d’investissement : d’ici 2025, la moitié de ses dépenses seront liées à l’environnement. Elle va investir, dans la décennie à venir, pas moins de 1 milliard d’euros dans l’action climatique et le développement durable.

Les ONG, qui déploraient la lenteur des discussions européennes sur le sujet des énergies fossiles — principalement à cause des freins posés par l’Allemagne — se sont félicitées de cette annonce. Oxfam France évoque une « mesure historique » et Neil Makaroff de Réseau Action Climat espère un « effet domino ». Colin Roche, des Amis de la Terre, salue une « victoire » mais il pose des limites à la bonne nouvelle. Selon lui, le fait que la Commission européenne se soit « opposée au projet le plus ambitieux » démontre que l’on part de loin. Il s’inquiète également du nombre de projets liés aux énergies fossiles qui vont encore être financés dans les deux années à venir. Les ONG militaient pour un arrêt en 2020.

Des limites à cet engagement ?

L’annonce de la BIE comporte un petit bémol supplémentaire. Le maximum actuel des émissions carbone des projets financés par la BIE est fixée à 550 grammes de CO² par kWh. Ce maximum, dans la nouvelle politique, est considérablement abaissé : 250 grammes. Les centrales les plus polluantes sont donc automatiquement exclues. En revanche, les centrales de gaz à charbon à haut rendement sont nombreuses à passer sous ce seuil. Par ailleurs, des centrales à énergies fossiles peuvent être en-dessous de ce chiffre lorsqu’elles sont pourvues d’un système de captage-stockage de leurs émissions en CO².

Ces failles signifient que le financement des énergies fossiles pourrait ne pas s’arrêter totalement fin 2021. Pour autant, la nouvelle politique de la BIE reste un énorme pas en avant pour le continent européen, afin d’assurer une véritable transition énergétique. Cette annonce apparaît à deux semaines de la COP 25, qui se tiendra du 2 au 13 décembre 2019, à Madrid. Dans le communiqué, la vice-présidente de la BIE Emma Navarro estime qu’à la veille de ce sommet international, sa décision est « important signal envers le monde ».


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