Cambridge Analytica est devenue une firme particulièrement influente lorsque son candidat, honni et en mauvaise posture, a finalement remporté l’élection présidentielle américaine. Les observateurs américains ont alors creusé la stratégie de cette entreprise gavée de data et experte en ciblage pour comprendre comment elle avait participé à faire élire Trump, malgré les sondages.
Cambridge Analytica voulait « aider » Assange
Toutefois, l’entreprise inspire également des craintes et certains journalistes voient en elle un rouage trouble. Une assertion qui serait corroborée par le Daily Beast : le média américain a en effet révélé cette semaine que Cambrige Analytica avait approché WikiLeaks et Julian Assange, dont le rôle dans l’élection américaine fait toujours débat. WikiLeaks a réagi le lendemain, ce mercredi 25 octobre, par la voix d’Assange, en confirmant les informations du Daily Beast.
L’enquête du média détaille qu’Alexander Nix, CEO de Cambridge Analytica, a contacté M. Assange pour lui demander de publier les 33 000 emails manquants dans l’affaire des télécommunications de Hillary Clinton. Assange a également confirmé l’information sur Twitter sans préciser l’objet de la demande de M. Nix.
C’est une source proche de l’enquête sur l’affaire russe qui a informé le Daily Beast de ce lien entre WikiLeaks et la firme alliée de Donald Trump. En outre, selon le média, Cambridge Analytica aurait proposé une forme d’aide à l’organisation afin qu’elle publie les emails susmentionnés. M. Assange aurait répondu, selon les sources du média, qu’il n’était pas intéressé par l’aide de Nix.
Le camp Trump met à distance l’entreprise
Les révélations ont provoqué une rapide prise de distance de l’administration Trump avec la firme. Michael S. Glassner, directeur de campagne, est allé jusqu’à minimiser le rôle de Cambridge Analytica dans la conquête du pouvoir, préférant expliquer que le RNC, le comité républicain, aurait été au centre de la stratégie data.
Une mise à distance peu crédible alors que Jared Kushner caracolait dans Forbes il y a encore quelques mois, expliquant que son propre rôle aurait changé la campagne en approchant Cambridge Analytica. En outre, le beau-fils de Donald Trump détaillait avec précision le rôle de la firme : « Nous avons construit une opération à 400 millions de dollars avec plus de 1 500 personnes dans 50 états en cinq mois. » Enfin, la commission électorale américaine précise que l’entreprise a été payée 5,9 millions de dollars pour son action dans la campagne de Donald Trump.
Cette information donne un nouvel éclairage à l’affaire russe qui commence à prendre forme malgré son aspect encore fragmentaire : alors que la pression russe sur les réseaux sociaux est désormais prouvée, les enquêteurs voudraient montrer que les données de la campagne Trump ont servi aux Russes, surtout celles de Cambridge Analytica qui concernent 230 millions de votants selon la société.
Adam Schiff, démocrate à la tête de la commission du renseignement, détaille auprès de CNN : « Évidemment, nous regardons toutes les cibles des publicités ainsi que les efforts de ciblage pour mettre en avant des fake news et des faux comptes anti-Clinton afin de mesurer s’ils présentent une précision qui prouverait que [les Russes] ont eu accès aux analyses de données de la campagne. » Ajoutant qu’il n’existe encore aucune certitude à ce propos.
L’implication de Cambridge Analytica auprès de Julian Assange va creuser la méfiance des enquêteurs envers cette société qui était au centre des questions des parlementaires lors de l’audition de Brad Parscale, qui dirigeait en tandem avec Kushner les opérations numériques. Parscale aurait tenté de minimiser l’importance de Cambridge Analytica au Capitole, à l’instar de la nouvelle ligne de l’équipe Trump qui voudrait faire disparaître ce désormais encombrant allié. Les enquêteurs ont exigé de la société un rapport sur son rôle dans la campagne.
+ rapide, + pratique, + exclusif
Zéro publicité, fonctions avancées de lecture, articles résumés par l'I.A, contenus exclusifs et plus encore.
Découvrez les nombreux avantages de Numerama+.
Vous avez lu 0 articles sur Numerama ce mois-ci
Tout le monde n'a pas les moyens de payer pour l'information.
C'est pourquoi nous maintenons notre journalisme ouvert à tous.
Mais si vous le pouvez,
voici trois bonnes raisons de soutenir notre travail :
- 1 Numerama+ contribue à offrir une expérience gratuite à tous les lecteurs de Numerama.
- 2 Vous profiterez d'une lecture sans publicité, de nombreuses fonctions avancées de lecture et des contenus exclusifs.
- 3 Aider Numerama dans sa mission : comprendre le présent pour anticiper l'avenir.
Si vous croyez en un web gratuit et à une information de qualité accessible au plus grand nombre, rejoignez Numerama+.
Vous voulez tout savoir sur la mobilité de demain, des voitures électriques aux VAE ? Abonnez-vous dès maintenant à notre newsletter Watt Else !