Cette semaine, Eric Schmidt s'est rendu à titre privé en Corée du Nord pour inciter les autorités à desserrer l'étau autour des médias et des technologies de l'information et de la communication. Au sein d'une mission américaine, le président de Google a plaidé pour un Internet ouvert.

La mission américaine en Corée du Nord aura-t-elle été un énième coup d'épée dans l'eau ? Après une visite de quatre jours, le groupe emmené par l'ancien gouverneur du Nouveau-Mexique, Bill Richardson, a quitté Pyongyang sans avoir la certitude que ses arguments ont vraiment fait mouche auprès des officiels nord-coréens. Eric Schmidt, président de Google, était du voyage.

Il faut dire que les évènements n'ont pas joué en faveur du groupe. Le 12 décembre, la Corée du Nord a dit avoir réussi à placer en orbite un satellite grâce à une fusée de sa conception. Or, les pays du Pacifique s'opposent à ces initiatives, qui s'apparentent à des tirs balistiques déguisés. L'arrestation le même mois d'un ressortissant américain d'origine coréenne n'a pas non plus facilité la tâche.

Au cours du voyage, les neuf membres de la mission américaine ont pu délivrer plusieurs messages aux autorités, les invitant à prendre un moratoire sur les lancements de missiles et les essais nucléaires et à faire en sorte que les étrangers sur le territoire nord-coréen pour une raison ou pour une autre soient bien traités. De son côté, Eric Schmidt s'est efforcé de plaider pour un Internet plus ouvert et plus libre.

"Les citoyens de la République populaire démocratique de Corée seront mieux lotis avec davantage de téléphones cellulaires et une connexion Internet active. Ce sont les… messages que nous avons adressés à de multiples officiels et scientifiques", a expliqué Bill Richardson à CBS. Et c'est Eric Schmidt, qui s'est chargé de plaider pour une plus grande ouverture du pays, qui ne peut être que bénéfique.

Rares sont les Nord-Coréens qui ont le droit de se connecter à Internet ou qui peuvent se servir d'un téléphone mobile. De plus, les restrictions sont nombreuses et les internautes locaux doivent se contenter des pages autorisées. En effet, de nombreuses informations sont filtrées. La censure est organisée de telle façon que la navigation se fait au sein d'une sorte d'Intranet national.

En marge de ses efforts pour convaincre Pyongyang de lâcher du lest, Eric Schmidt s'est entretenu avec certains étudiants nord-coréens autorisés à surfer sur l'Intranet national, à des fins de recherche, et a pu visiter les centres au sein desquels la Corée du Nord s'efforce de développer sa propre technologie informatique, s'associant parfois à la Chine, la Russie ou l'Inde.

La Corée du Nord est considérée comme l'une des nations les plus restrictives dans le domaine des libertés numériques. Considéré comme un ennemi de l'Internet par Reporters Sans Frontières, le pays le plus fermé au monde exerce un contrôle absolu sur les médias et sur les moyens de communication. Et l'arrivée au pouvoir de Kim Jong-eun ne devrait guère changer la donne.

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