Un distributeur de films a perdu la quasi totalité des salles de cinéma qui avaient accepté de programmer le film d’un réalisateur brésilien débutant. Parce que le film avait peu de chances de trouver son public ? Non, parce que le distributeur a voulu attirer le public vers les salles en les privant, le temps d’une soirée, de leur exclusivité.

Ridicule. Le Parisien rapporte que douze des quinze salles qui avaient programmé Les Paradis Artificiels ont décidé d’annuler sa projection, qui était prévue à partir de ce mercredi. Pourquoi ? Parce que, selon le distributeur Damned, les multiplex qui avaient accepté de proposer le film à leurs spectateurs n’auraient pas digéré de voir que le film brésilien avait été proposé lundi sur Dailymotion, dans le cadre d’une opération de promotion du cinéma indépendant.

Le réseau Eye on Films (EoF), qui réunit 75 partenaires internationaux dont 35 distributeurs de films, avait eu l’idée de proposer gratuitement Les Paradis Artificiels de Marcos Prado sur Dailymotion, lors d’une seule séance live programmée lundi 29 octobre à 22 heures. L’opération devait permettre au distributeur de provoquer un bouche à oreille sur la qualité du film, de façon à inciter les spectateurs (qui ne pouvaient plus le voir sur Dailymotion puisqu’il s’agissait d’une diffusion en live) à aller voir le film dans les salles de cinéma. 6 060 internautes se seraient connectés sur le flux diffusé en direct.

Or dans un réflexe aussi archaïque qu’imbécile, la grande majorité des salles de cinéma qui devaient mettre le film à l’affiche ont trouvé là que c’était une violation de leur fenêtre d’exclusivité, et décidé de tout annuler. « On a cassé la chronologie des médias, alors elle nous a tués« , se lamente Yohann Cornu, le patron du distributeur Damned. (Mise à jour : sur Twitter, le distributeur de films Christophe Courtois met en doute la version des faits présentée par son confrère, en nous expliquant que les programmations sont décidées le lundi ; et qu’il n’y a donc pas de « déprogrammation » des films. Les 15 salles seraient simplement celles visées par le distributeurs, sans garantie de programmation à l’affiche. Néanmoins, « sur le fond, les exploitants ne font pas de secret qu’ils sont, dirons-nous, « réticents » à ce type d’expérimentation… », ajoute-t-il)

De bien mauvais augure pour les projets de la Commission Européenne, qui souhaite que des films d’art et essai puissent sortir le même jour au cinéma et sur Internet.

On ne peut en tout cas qu’encourager les trois salles qui n’ont pas déprogrammé le film :

  • Publicis Champs-Elysées (Paris)
  • Le Club (Grenoble)
  • Les ambiances (Clermont-Ferrand)

Bravo à elles.

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