La police américaine a demandé à Amazon de lui fournir les enregistrements sonores d’un Amazon Echo dans le cadre d’une enquête pour meurtre mais l’entreprise a refusé au motif que le formalisme juridique n’a pas été respecté.

C’est un véritable bouleversement technologique et culturel que la société s’apprête à vivre avec l’Internet des objets. La démocratisation des accessoires connectés et autres gadgets électroniques en tout genre va donner aux utilisateurs la possibilité d’accéder petit à petit à des tas de nouveaux services, toujours plus personnalisés, en particulier pour tout ce qui a trait à la « mesure de soi » (quantified self).

Mais pour goûter aux avantages induits par les objets connectés, les usagers n’auront pas d’autre choix que d’accepter l’idée d’une intrusion dans leur intimité. En effet, ces appareils ont besoin de scruter en permanence le comportement de leurs clients afin d’ajuster leurs services. Forcément : comment profiter de la médecine personnalisée si les produits en question n’ont pas accès aux données de votre corps ?

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Cette intrusion est évidemment à double tranchant : en ouvrant les portes de votre intimité, tous ces gadgets vont pouvoir entendre, regarder, mesurer et analyser ce que vous dites, faites et êtes. Ils conserveront aussi toutes ces informations dans un historique grâce auquel ils pourront affiner leurs algorithmes pour satisfaire avec de plus en plus de précision le moindre de vos besoins.

Or, toute cette collecte n’intéresse pas que les entreprises qui vivent de ces données. Elle  est susceptible d’attirer les publicitaires, des tiers malveillants (comprendre : des pirates) ainsi que les autorités. La preuve : le site web The Information rapporte que la police de l’État de l’Arkensas a sollicité la société américaine Amazon pour récupérer des enregistrements sonores récupérés via Echo, son enceinte « intelligente ».

Une affaire de meurtre

Le sujet est très grave. Les forces de l’ordre aux États-Unis enquêtent en effet sur une affaire de meurtre et considèrent que l’assistant développé et commercialisé par le géant du commerce électronique contient des éléments qui permettront de statuer sur la culpabilité de l’actuel suspect, qui est justement le propriétaire de cet appareil. Mais encore faut-il pouvoir mettre la main sur ces fichiers.

Amazon a refusé de donner une suite favorable à la demande de la police, mais pas par activisme pro-défense de la vie privée : l’entreprise américaine explique qu’elle est disposée à coopérer mais qu’il faut pour cela suivre scrupuleusement la procédure judiciaire, avec un mandat produit en bonne et due forme. C’est ce que le groupe a rappelé dans un communiqué transmis à Engadget.

Amazon coopérera si certain formalisme juridique est respecté

Selon The Information, Amazon a tout de même coopéré en partie en transmettant à la police les données relatives à son compte ainsi que son historique d’achat sur le site de e-commerce. Il est également précisé que les forces de l’ordre sont parvenues à obtenir des informations depuis l’enceinte elle-même mais leur nature n’a pas été précisée.

En principe, Amazon Echo est un dispositif qui est toujours en allumé (mode always on) mais dont le fonctionnement se déclenche en prononçant un mot-clé particulier. Celui-ci a-t-il été prononcé le jour du meurtre, permettant d’enregistrer des conversations qui pourraient incriminer le suspect ? Ou y a-t-il eu un bête souci technique qui aurait déclenché par inadvertance le dispositif ?

Ces questions demeurent pour l’instant sans réponse et ce ne sont de toute façon pas elles qui intéressent le plus les autorités, qui devraient certainement revenir à la charge avec une requête répondant aux exigences juridiques d’Amazon. L’affaire est en tout cas révélatrice du rôle que les objets connectés vont occuper dans les années à venir en matière judiciaire. Et ça a déjà commencé.

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