Suivi en direct par un millier d’internautes sur Periscope, le suicide d’une jeune femme sur une ligne du RER C provoquera nécessairement un débat intense sur la responsabilité que doit avoir un réseau social, et sur les actions qu’il peut entreprendre, pour éviter autant que possible que ce type d’événement tragique puisse se reproduire. Pour le moment Twitter, la maison-mère de Periscope, a refusé de commenter l’incident qui pourrait entacher gravement la réputation d’un média qui se veut avant tout festif, mais qui peut aussi être exploité dans ces cadres beaucoup plus sombres.
Actuellement rien n’existe sur Periscope pour prévenir facilement Twitter, qui justifierait que le réseau social transmette au plus vite aux autorités de police ou aux secours d’urgence toutes les informations utiles qui permettraient d’intercepter l’auteur du flux avant qu’il ne commette l’irréparable. La question se posait déjà pour ceux qui filment des agressions ou d’autres actes de délinquance ; elle se pose avec plus d’insistance encore pour les suicides.
Pour alerter d’une vidéo, Periscope ne dispose que d’un seul bouton générique, qui peut être utilisé tout aussi bien pour prévenir qu’un internaute diffuse illégalement un match de football réservé à une chaîne payante, qu’il tient des propos racistes, ou qu’il s’apprête à se suicider. Le bouton, relativement difficile à trouver, ne demande aucune précision sur la nature du signalement.

Les 4 étapes d’un signalement de vidéo sur Periscope
Contacté par Numerama, Twitter Inc. refuse de commenter l’affaire du suicide « pour des raisons de vie privée et de sécurité », et n’exprime pour le moment aucune volonté de mettre en place un bouton spécifique qui aurait peut-être permis (l’enquête devra le dire) aux internautes spectateurs de signaler beaucoup plus rapidement l’urgence de la situation, avant que la jeune femme ne passe à l’acte.
Un porte-parole du réseau social nous indique toutefois que « des utilisateurs peuvent signaler des problèmes à Periscope en écrivant directement à [email protected] ». Mieux vaut garder l’adresse en tête.
La firme nous rappelle aussi l’existence de deux formulaires, qu’il faut avoir la présence d’esprit de rechercher au moment où l’on est témoin du pire :
- Un formulaire pour signer un « cas d’automutilation », qu’il faut utiliser « uniquement pour signaler d’éventuelles menaces de suicide ou toute autre forme d’automutilation que vous remarquez sur Twitter ».
- Un formulaire pour les requêtes officielles de l’État qui permet aux autorités d’obtenir une demande de divulgation d’urgence de données (par exemple de géolocalisation) permettant de trouver un utilisateur.
Dans son rapport de transparence, qui permet aux internautes de connaître le volume de coopérations entre Twitter et les autorités, le réseau social indique avoir reçu 707 demandes d’informations de la part de la France an dernier semestre 2015, concernant 866 comptes. 61 % des demandes ont été satisfaites en tout ou partie.
Le rapport n’indique toutefois pas le nombre de ces demandes qui ont été qualifiées d’urgentes par les autorités, et qui ont fait l’objet d’une réponse rapide de la part de Twitter.
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