Une proposition de réforme de la réglementation chinoise sur la gestion des noms de domaine pourrait contraindre les opérateurs à bloquer les sites web étrangers n’utilisant pas d’adresse en « .cn ».

À l’heure où la moitié de la population chinoise dispose d’un accès à Internet, Pékin entend bien conserver un contrôle strict sur la diffusion de l’information et disposer à tout instant de la capacité lui permettant de savoir qui publie quoi sur le réseau. Et cela, quitte à resserrer un peu plus la vis sur ce qu’il est permis de relayer ou de consulter sur la toile. Car aux yeux du pouvoir,  la censure en ligne va de pair avec la liberté d’expression.

Dans ces conditions, le déploiement de policiers dans les entreprises du web ne constitue pas une réelle surprise, ni le fait que l’Empire du Milieu impose la validation préalable de toute chanson en streaming, empêche les étrangers de publier directement des œuvres sur Internet, bloque plus ou moins durablement certains services en ligne, encourage la dénonciation de tout message « terroriste » et caresse l’idée d’un « Internet propre » d’ici 2020.

Les autorités chinoises pourraient toutefois aller encore plus loin dans cette logique.

En effet, le Wall Street Journal signale que le ministère de l’industrie et des technologies de l’information a publié lundi 28 mars de nouvelles lignes directrices — qui ne sont pour l’heure que des propositions — dans le cadre de la révision de la réglementation chinoise sur la gestion des noms de domaine. Ouvertes aux commentaires, ces pistes pourraient conduire à l’interdiction de tous les sites étrangers si elles étaient validées en l’état.

Seuls les sites disposant d’une adresse « .cn », c’est-à-dire utilisant le domaine national de premier niveau réservé à la Chine, seraient admis dans l’Empire du Milieu. Tous les autres, utilisant par exemple « .fr » pour la France, « .de » pour l’Allemagne, « .com » pour les sites de commerce ou « .org » pour les organisations, auraient vocation à finir bloqués par les fournisseurs d’accès à Internet, qui s’exposeraient à des amendes de 4 000 euros environ par infraction s’ils faillissent à cette mission.

Les adresses chinoises « .cn » deviendraient les seules autorisées avec ce nouveau cadre

Les gérants de sites étrangers pourraient quand même obtenir des noms de domaine en « .cn », mais les conditions d’attribution de ces adresses ont été durcies. Il est par exemple nécessaire de décliner son identité pour ouvrir un site web. Des contraintes qui pourraient agir comme un véritable repoussoir et dissuader un certain nombre d’acteurs de prendre une adresse en « .cn ». Jusqu’à présent, la Chine procédait par des actions plus « ciblées », en visant certains sites.

Le contrôle du net est l’un des leviers du pouvoir pour maintenir la « stabilité du régime politique et, notamment, de la société  », explique Jean-Pierre Cabestan, sinologue reconnu, dans son ouvrage La Politique internationale de la Chine. Cela passe par le « contrôle de l’Internet et la neutralisation par tous les moyens […] de l’information électronique perçue comme une menace pour la République populaire ».


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