Alors que la date du colloque sur la neutralité des réseaux se rapproche, l’Autorité de Régulation des Communications Et des Postes (ARCEP) poursuit sa série d’entretiens en vidéo avec différents acteurs liés à cet enjeu. Parmi tous ces intervenants, deux ont retenu notre attention : Winston Maxwell, un avocat favorable au blocage des échanges illicites sur Internet, et Bernard Miyet, le président de la SACEM, qui souhaite la mise en place d’une responsabilité financière pour contraindre les opérateurs et les services.

Cette fois, c’est l’un des acteurs majeurs de l’Internet français, France Télécom, qui est interrogé par le gendarme des télécoms. Avec plus de 8,54 millions d’abonnés ADSL (ce qui représente une part de marché de 49,2 % en date de avril 2009), il va sans dire que le patron de la société, Stéphane Richard, est particulièrement attendu au tournant. Et pour cause,une campagne de communication diffusée l’année dernière avait semé le trouble.

En affirmant qu' »il y a Internet et Internet », l’opérateur de télécommunications portait un vilain coup à la neutralité du net. En effet, en laissant entendre que les contenus diffèrent en fonction du fournisseur d’accès à Internet, Orange faisait germer l’idée que Internet est loin d’être un réseau égalitaire, où chaque acteur doit agir en parfaite neutralité par rapport aux contenus disponibles sur le réseau des réseaux.

Après ce fâcheux épisode, il s’agit désormais de livrer un message plus positif. Ce que fait Stéphane Richard, en considérant que la neutralité des réseaux, c’est avant tout l’ouverture de l’espace Internet. « Pour moi, la neutralité c’est tout simplement la façon de laisser Internet comme un espace ouvert, totalement ouvert. Je crois que c’est consubstantiel à Internet et c’est ce qui a fait le formidable succès de cette technologie et de ces réseaux de communications depuis 10 ans, qui ont quand même changé un peu la face du monde » a-t-il noté.

« Et donc il faut absolument que cet espace reste ouvert et libre d’accès, qu’il n’y ait pas de forme de censure ou de sélection en quoi que ce soit, par rapport à l’accès de l’information, à la capacité d’expression, de création sur Internet« . Le secret de la correspondance est d’ailleurs l’exemple choisi par le patron de France Télécom, se déclarant « très attaché » à ce principe. Ces échanges ne peuvent absolument pas souffrir de la moindre censure ou du moindre filtrage.

Didier Lombard estime que ce vaste débat national est une bonne occasion de clarifier le rôle de chacun. Et de lever les soupçons qui semblent peser sur les réelles intentions des opérateurs télécoms. « Le seul souci, le seul objectif des opérateurs, c’est le développement des réseaux, d’Internet et de l’accès à Internet partout dans le monde« . Tout le reste ne serait donc que fantasme.

Dans les faits pourtant, quelques signaux ne sont pas particulièrement rassurants. Début février, nous nous étions fait l’écho de discussions en cours chez Orange pour déployer des DNS menteurs. Ces derniers permettent de rediriger les erreurs de saisies d’URL vers n’importe quel espace monétisé, comme un moteur de recherche sponsorisé. Problème, s’il semble dépanner un internaute, l’outil s’avère être totalement contraire à la neutralité du net. D’ailleurs, l’ICANN avait dénoncé le procédé, puisque responsable d’un certain nombre de problèmes.


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