Une descente de police a visé les serveurs utilisés par Uptobox pour héberger des fichiers piratés envoyés par les internautes. Le site, comme Uptostream, est inaccessible actuellement, y compris avec un VPN. Son retour en ligne est incertain.

Avis de gros temps pour Uptobox. La célèbre plateforme de partage de fichiers fait face à une importante interruption de service depuis peu. La raison ? La plateforme est confrontée à une offensive antipiratage menée par les forces de l’ordre. C’est ce que révélait L’Informé dans son édition du 20 septembre 2023, avant une confirmation d’une coalition d’ayants droit (ACE).

Conséquence de cette opération : les adresses utilisées habituellement par le site ne mènent plus à rien, sinon à un même message de ses gérants : « Nous avons perdu l’accès aux serveurs contenant les fichiers utilisateurs, ceux-ci ne sont plus joignables. Nous n’avons eu pour le moment aucune confirmation de la saisie par nos serveurs par qui que ce soit. »

Les effets de l’action policière se sont aussi répercutés sur Uptostream, qui est le pendant d’Uptobox dans le streaming — en misant sur les outils d’hébergement du site principal. Lui non plus n’est plus accessible au moment de la parution de l’article, le 21 septembre. Comme pour Uptobox, Uptostream affiche un message d’information semblable sur ce qu’il reste de sa page d’accueil.

Comment fonctionne Uptostream

Uptostream a un fonctionnement semblable aux hébergeurs de type MegaUpload, 1Fichier ou RapidShare. Les internautes envoient des fichiers puis se partagent les liens de téléchargement.

Uptobox faisait l’objet d’une mesure de blocage en France depuis le mois de mai 2023. De fait, il était déjà inaccessible en se connectant avec les DNS d’Orange, SFR, Free et Bouygues Telecom, Pour y échapper, il fallait changer ses DNS ou passer par un VPN. Mais, cette fois, le souci est plus sérieux. Et pour cause : le raid policier révélé en ce mois de septembre a atteint les serveurs de la plateforme.

Plus particulièrement, l’intervention des forces de l’ordre s’est déroulée dans des centres de traitement de données (data centers) opérés par Scaleway et OpCore, là où Uptobox loue des serveurs. Mais, ce n’est pas tout : l’ACE (Alliance for Creativity and Entertainment) relate également une action menée à Dubaï, aux Émirats arabes unis, où vivent deux Français liés à Uptobox.

Une plateforme accusée de laisser faire le piratage

Ces deux individus sont accusés d’opérer un service illicite depuis le Moyen-Orient. Il leur est reproché, selon le communiqué de l’ACE, d’avoir amassé illégalement de l’argent au moyen de la publicité et d’abonnements. Uptobox est un hébergeur qui est accusé de fermer sur le piratage et d’en faire même un levier de son succès, en laissant les internautes partager des films ou des séries.

Signe de la place importante qu’Uptobox a prise dans ce paysage, son nom a fini par tomber dans le radar de l’industrie du cinéma aux États-Unis (la MPA — Motion Picture Association). Uptobox était perçu comme un service problématique, qui « ne répond pas aux demandes de retrait », ou du moins pas correctement, lorsqu’il s’agit de contenus sous droit d’auteur.

Uptobox
Uptobox. // Source : Capture d’écran

La plateforme est d’ailleurs depuis longtemps liée au piratage. On retrouvait son nom dans des enquêtes de la Hadopi dès 2013 — à l’époque, il s’agit d’évaluer la pratique du téléchargement direct, depuis des serveurs, en alternative au fameux peer-to-peer (P2P), et cible de la riposte graduée. Le téléchargement direct était un angle mort de la Hadopi.

Uptobox a fait face à des difficultés aux effets variés durant la décennie passée : on compte un déréférencement partiel sur le moteur de recherche de Google en France (que l’on pouvait à l’époque contourner avec certaines requêtes plus fines), ou bien un resserrement de ses options financières. Le blocage par DNS constituait l’une des dernières mesures à date.

Quelles suites ?

Les deux responsables de la plateforme risquent gros. Ils s’exposent entre autres à des poursuites pour délit de complicité de contrefaçon. Plus généralement, le délit de contrefaçon prévoit des plafonds élevés pour sanctionner un contrevenant : 300 000 euros d’amende et 3 ans de prison. Ces peines sont augmentées si les faits sont commis en bande organisée.

Des conséquences judiciaires sont aussi envisageables contre certains internautes qui ont utilisé Uptobox pour télécharger illégalement des fichiers protégés par le droit d’auteur. En effet, L’Informé indique que le fichier de clientèle montrant la liste des internautes ayant souscrit un abonnement intéresse les autorités. Des actions en justice pourraient découler de l’exploitation de ce fichier.

Les récents développements autour d’Uptobox interrogent sur la faculté du service à pouvoir revenir en ligne un jour. L’assaut contre les serveurs utilisés par le service apparait comme un coup porté beaucoup plus sérieux que les précédentes actions l’ayant visé. D’autant que la plateforme pourrait mettre du temps à s’en remettre, à en croire sa communication.

« Les serveurs opérant le site ont été effacé dans leur intégralité », indique en effet Uptobox sur Twitter. Quant à la base de données, elle n’aurait pas été touchée, et a été débranchée du web. Le site affirme que les fichiers des internautes « demeurent anonymes » et que ses serveurs « sont inexploitables ». Tout est censé rentrer dans l’ordre quand l’accès aux serveurs sera récupéré. Cela reste à voir.

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